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Kand Owalski : « Cabral Libii se dévoile comme un allié objectif du régime »

Dans une tribune, Kand Owalski crache ses vérités sur Cabral Libii, président du PCRN et candidat déclaré à la présidentielle de 2025. 

« Le 21 janvier 2025, la décision du Conseil constitutionnel déclarant son incompétence à contraindre ELECAM à publier la liste électorale nationale a fait grand bruit. Alors que l’indignation légitime s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rangs d’une opposition déjà exaspérée par des décennies de déni démocratique, Cabral Libii, lui, a choisi un angle pour le moins surprenant, voire déroutant : celui de la défense implicite des institutions en place.

Cet homme, qui se targue d’incarner une nouvelle génération de leaders politiques, a pris le contre-pied de la contestation citoyenne en affirmant que la loi ne permet pas de saisir le Conseil Électoral pour exiger d’ELECAM qu’elle respecte son obligation de transparence. Une sortie qui, loin d’être anodine, trahit une proximité idéologique préoccupante avec le régime de Paul Biya.

Cabral Libii s’illustre ici par une lecture à la fois étroite et intéressée du Code électoral. Selon lui, l’article 81 restreint les possibilités de saisine du Conseil Électoral aux seuls cas d’erreurs, d’omissions ou de doubles inscriptions, excluant de facto toute requête concernant la publication nationale des listes électorales.

Une interprétation discutable, sinon fallacieuse, qui reflète davantage une volonté de protéger ELECAM que de garantir les droits des citoyens. En affirmant que cette demande sort du cadre légal, Cabral Libii offre sur un plateau d’argent une légitimité juridique aux manquements d’une institution dont l’histoire est jalonnée de manipulations au service du RDPC.

Mais que cherche réellement Cabral Libii ? Cette question, qui taraude l’esprit de plus d’un Camerounais, mérite une réflexion attentive. Car derrière l’apparente neutralité de ses propos se cache un homme qui s’inscrit dans une logique de défense systématique des piliers d’un régime dont il prétend pourtant vouloir accélérer la chute.

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Paul Biya, fin stratège de la cooptation politique, a toujours su s’entourer d’acteurs qui, par leur posture ambivalente, neutralisent toute dynamique de rupture. Cabral Libii, par ses prises de position, a trouvé sa place dans cette mécanique perverse.

En refusant de condamner fermement les manquements d’ELECAM et en reportant la responsabilité sur les citoyens, il envoie un message clair. Pour lui, le problème ce n’est pas le système, mais les Camerounais eux-mêmes. Cette rhétorique, empreinte d’un moralisme simpliste, détourne l’attention des véritables enjeux structurels pour focaliser le débat sur des considérations individuelles.

Pourtant, les faits sont indéniables : l’opacité d’ELECAM n’est pas une anomalie isolée, mais le produit d’un système institutionnel conçu pour étouffer toute velléité de changement. En détournant le regard de cette vérité, Cabral Libii se dévoile comme un allié objectif du régime.

La question n’est pas de savoir si Cabral Libii soutient Paul Biya de manière explicite, mais jusqu’où il est prêt à aller pour légitimer un état de non-droit. Sa sortie sur la liste électorale nationale est un signal inquiétant, mais ce n’est pas une première.

À maintes reprises, l’homme a montré qu’il préfère jouer les pédagogues citoyens plutôt que de dénoncer frontalement les dérives du pouvoir. Un choix stratégique, diront certains, pour préserver ses chances dans un système verrouillé. Mais à force de composer avec l’ordre établi, ne finit-on pas par s’y fondre ?

Le paradoxe Cabral Libii est fascinant autant qu’alarmant. D’un côté, il se positionne comme un homme de rupture, dénonçant les abus et appelant à l’engagement citoyen. De l’autre, il s’érige en défenseur des institutions mêmes qu’il accuse de freiner l’alternance. Cette duplicité ne peut être le fruit du hasard.

Elle répond à une logique politique où l’ambition personnelle prend le pas sur l’intérêt collectif. Car dans un Cameroun où l’opposition véritable est systématiquement muselée, jouer le jeu du régime peut offrir des dividendes non négligeables, en termes de visibilité comme d’opportunités politiques.

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Les Camerounais doivent s’interroger : que ferait Cabral Libii s’il était président ? Si ses positions actuelles sont révélatrices, on peut craindre qu’il ne perpétue, voire n’aggrave, les pratiques qu’il prétend combattre. En défendant des institutions défaillantes et en normalisant leurs dérives, il montre qu’il est prêt à sacrifier les principes fondamentaux de transparence et de responsabilité sur l’autel de ses ambitions personnelles.

Jusqu’où ira Cabral Libii pour soutenir Paul Biya ? La réponse importe moins que la leçon à tirer : dans un État où les institutions sont instrumentalisées, les véritables opposants sont ceux qui dénoncent sans concession. Cabral Libii, par ses discours ambigus et ses silences complices, s’est disqualifié comme acteur crédible du changement. Le peuple camerounais, lui, ne saurait se permettre le luxe d’un tel aveuglement ».

Kand Owalski

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