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Opinion : Influenceurs, argent et blanchisserie

Il est possible que les influenceurs camerounais constituent en ce moment le meilleur investissement en termes de blanchiment d’argent. C’est nouveau et ça ne laisse aucune trace comptable. L’influenceur demeure un ovni pour le système fiscal et cette situation est partie pour durer longtemps.

Ce n’est même pas encore considéré comme un métier à part entière. Et ceci, même si des gens en vivent, si l’on croit les témoignages. C’est donc de l’informel à sous rapides – et à gros sous parfois – lorsqu’on sait vraiment s’y prendre. Toutes les caractéristiques nécessaires pour rassurer le criminel à col blanc qui veut réinjecter ses fonds d’origine douteuse dans le circuit sont ainsi réunies.

Il ne serait par conséquent pas surprenant de voir dans les semaines et mois à venir, une multiplication des « investissements » réels desdits influenceurs à des coûts qui apparaissent complètement illogiques si l’on fait une estimation simple des revenus réels de ces acteurs.

Il va ainsi s’agir des snacks, de petits hôtels, des centres touristiques, des cabinets de consulting, des instituts de beauté, des appartements meublés et autres investissements immobiliers, des pressings, des restaurants, des sociétés de production, etc. qui sont des blanchisseries classiques. On peut y ajouter la surfacturation, ou plus exactement la surévaluation des revenus de ces influenceurs par leurs commanditaires. Douala, Yaoundé et leurs alentours seraient le siège de ces « investissements ».

Rappelons-nous que les influenceurs vivent majoritairement de publicités et du contenu qu’ils produisent. Or, il est facile de remonter les sources de leurs clients et on se rendra bien compte qu’ils ne sont pas nombreux. Par ailleurs, les montants payés par ces entreprises ne permettent pas rationnellement d’imaginer une épargne suffisante pour un certain type d’investissement.

La banque elle aussi peut difficilement accorder un prêt à partir du moment où les sources de revenus sont difficiles à retracer et instables, et donc quasiment impossibles à recouvrer aussi en cas de défaut de paiement. Pour l’instant. Nous évitons de parler du fait que Facebook, Tik Tok et YouTube ne payent qu’en monnaie de singe ou pas du tout dans notre continent.

Souvenez toujours de ce que nous avons dit dès le départ : l’influenceur camerounais travaille encore dans l’informel. Il est méconnu du système fiscal et financier.

Cela ne veut toutefois pas dire qu’un influenceur ne peut s’émanciper entièrement sans tremper dans la grande lessiveuse. Bien au contraire, nous disons juste que l’influenceur est une proie idéale pour les criminels financiers. Mais avec de la discipline, de la stratégie, un bon réseautage, associé à un travail de qualité (contenu intéressant pour les abonnés), on peut tirer son épingle du jeu. Mais jusqu’à un certain niveau seulement. On ne construit pas un immeuble de 1 milliard de F en vendant des sachets d’eau glacée à Mvog-Mbi comme certains, avec malhonnêteté, veulent nous le faire croire.

Il y a bien sûr des risques quand on devient une blanchisserie humaine. Le vrai propriétaire de la blanchisserie tient à son argent comme à sa prunelle. C’est un criminel, il faut s’en souvenir. Et son argent provient toujours des coups foireux et des tableaux peints à l’encre de sang et de larmes. Vous êtes donc de fait en très grande insécurité. La meilleure chose qui puisse vous arriver c’est la prison. Et si par malheur vous essayez de le doubler, la mort. Tout simplement.

Lucien BODO, journaliste

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