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Echange Macron-Ekanga : un incident diplomatique ?

Le porte-parole du gouvernement désapprouve la récente discussion entre le Président français et l’activiste camerounais au sujet de l’état de la démocratie au Cameroun.

Les relations entre Paris et Yaoundé sont-elles en passe de se brouiller ? C’est tout comme, au regard de la dernière sortie du ministre camerounais de la Communication (Mincom), René Emmanuel Sadi, à relativement à l’échange entre le président français Emmanuel Macron et Wilfried Ekanga, un activiste camerounais de la diaspora, qui présentait son pays comme une « dictature ». Ce qui n’a évidemment pas plu au porte-parole du gouvernement camerounais.

« Le gouvernement de la République déplore vivement et désapprouve totalement l’évocation de la situation au Cameroun entre ces deux interlocuteurs, dans des termes qui tiennent manifestement de la désinformation, voire de l’intoxication », a réagi énergiquement le Mincom dans un communiqué daté du 10 juin dernier.

Les faits remontent à deux jours plus tôt (le 08 juin, ndlr), lorsque le Président Macron, de passage en région parisienne, s’offre un bain de foule comme à son habitude. Il est subitement interpellé, avec insistance, par un individu qui l’assaille publiquement de questions gênantes sur les relations avec Cameroun.

« Pardonnez-moi monsieur le Président, mais est-ce que ce n’est pas faux de soutenir le peuple en Ukraine et de soutenir la dictature au Cameroun ? Parce que monsieur Biya opprime le peuple comme Poutine, mais en Ukraine vous soutenez le peuple ukrainien, ce qui est bien. Au Cameroun par contre vous laissez euh… », a lâché Wilfried Ekanga.

Clignant plusieurs des yeux devant cet interlocuteur impromptu, le chef de l’État français, visiblement refroidi par la remarque, rétorque tout de même du tic au tac : « Je soutiens un peuple qui a été attaqué dans son intégrité territoriale. Ce n’est pas le cas du Cameroun. »

Et Wilfried Ekanga de reprendre : « Monsieur le Président, l’oppression c’est l’oppression (…). On a l’impression que quand le peuple s’insurge contre l’oppression au Cameroun, la France, à travers son ambassadeur, à travers son personnel sur place, appuie le maintien de la dictature ».

Emmanuel Macron tente de botter en touche. « Je ne m’ingère pas dans les affaires des Camerounais. Mais nous sommes partout en Afrique pour que les démocraties marchent, que les alternances fonctionnent et qu’il y ait des procédures démocratiques. Je l’ai déjà dit aussi au Président Biya. Il faut aujourd’hui qu’il ouvre le jeu démocratique. J’ai eu cette discussion avec lui », a-t-il déclaré. Une séquence de cette discussion a largement été relayée sur les réseaux sociaux.

Remake de 2020

Sans doute, c’est cette sortie de piste du président français qui a heurté Yaoundé. « Le gouvernement regrette d’autant plus cet échange inopportun qu’il rappelle un autre du même genre, dans des circonstances semblables », poursuit René Emmanuel Sadi. En effet, il s’agit d’un remake de 2020.

Au salon des agriculteurs cette année-là, le chef de l’État français s’était livré au même exercice avec un autre activiste camerounais qui l’avait interpelé sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et des prisonniers politiques au Cameroun. Emmanuel Macron avait alors promis de « mettre le maximum de pression » sur son homologue d’Etoudi.

Inconcevable pour le Mincom. « Le gouvernement réaffirme ici avec force, que le Président Paul Biya n’a de leçon à recevoir de personne, et qu’il est et demeure le principal artisan de la démocratie au Cameroun, sur la voie de laquelle il a engagé le peuple camerounais il y a plusieurs décennie », s’insurge-t-il.

Achevant, le porte-parole du gouvernement met en garde le président français. René Sadi l’invite notamment « à ne pas se laisser distraire » par ces compatriotes, « ni se laisser entraîner dans des manœuvres pernicieuses qui heurtent le peuple camerounais et sont susceptibles de porter préjudice aux relations entre la France et le Cameroun ».

Mutations

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