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Arlette Framboise Doumbe Ding : « déguerpissement des populations de Dikolo-Bali. Ce que je pense »

Déguerpissement des populations de Dikolo-Bali.

D’emblée j’exprime ma compassion et ma solidarité envers les populations de Douala victimes du déguerpissement de Dikolo-Bali. J’imagine le désarroi ou la profonde tristesse qui peut habiter une famille sommée de quitter sa maison construite souvent au prix du sacrifice de toute une vie. Humainement on ne peut pas être indifférent à ce triste événement. Surtout quand on voit de jeunes élèves devenus des sans abri à la veille des examens officiels. Ça fait mal.

Ces populations ont-elles été déguerpies dans les règles de l’art ?

Telle semble être la question la plus importante face à la situation qui prévaut à Douala. Une question qui mérite des réponses claires . Car on ne peut se prononcer valablement sur cette affaire qu’à la lumière de la réponse à ladite question.

Mais en attendant j’ai vu des gens visiblement très pressés de livrer la communauté Bamileke à la vindicte populaire sous le prétexte que c’est l’un de ses fils qui est le bénéficiaire de ces casses. Une accusation que je trouve ridicule et malheureuse à plus d’un titre. Et pourquoi ?

Parce que l’homme qui est derrière l’affaire Dikolo-Bali et qui est présenté comme étant un Bamileke n’est pas en réalité un Bamileke. Il est du Sud Ouest me dit-on.

Et d’ailleurs, même s’il était Bamileke et que l’acquisition du site de Dikolo-Bali était faite dans les règles de l’art, le problème serait lequel ?

Aurions nous préféré que ce soit un étranger qui vienne investir sur ce site en lieu et Place d’un Camerounais fut-il Bamileke ?

Si oui notre patriotisme est où ? C’est dommage que le tribalisme s’invite finalement à tous les débats au Cameroun surplombant même les questions de développement ou d’intérêt national. Avec cette mentalité rétrograde, pourquoi ne voulez-vous pas que nous soyons les derniers de la classe ?

J’ai déjà dit à maintes occasions qu’il ne faut pas écouter les sirènes du tribalisme. Cela n’a jamais établi la notoriété, la respectabilité , la grandeur ou le bien-être d’une communauté. Il y a mieux à faire pour une communauté que d’essayer de la soumettre à l’imbecilisation par le tribalisme.

Comment sommes nous devenus un pays où pour certains, les étrangers semblent mieux acceptés et plus tolérés que leurs propres compatriotes ? C’est triste mais c’est une réalité. Pour l’illustrer je rappelle que c’est sur le site historique du Ngondo que l’usine de ciment du Nigérian Aliko Dangoté est installée aujourd’hui à Douala. Mais que paradoxalement ‘il à été impossible d’installer un monument à la gloire de Um Nyobe dans la même ville. Un monument vendalisé et détruit pour des raisons liées au tribalisme. Um Nyobe était un Bassa et non un Sawa. Voilà la misérable raison qui nous empêche aujourd’hui de voir un monument Um Nyobe à Douala. Ville au cœur de laquelle trône curieusement le monument Leclerc.

Leclerc n’est pourtant pas un Sawa ni même Camerounais comme Um Nyobe. Il est Français en plus d’être un colon qui à contribué à l’humiliation de nos arrières grands parents. Quelle honte !

Heureusement que ceux qui se livrent à ces actes de tribalisme ne sont pas représentatifs du peuple Sawa. Je condamne leur comportement tribaliste et antipatriote sans réserve. Ils ne se rendent pas compte qu’en essayant de livrer les Bamileke à la vindicte populaire à tort, ils n’apportent absolument rien au peuple Sawa. Plus est, ils dégoûtent plusieurs Camerounais qui auraient pu être solidaire de la cause des populations de Dikolo-Bali. La tribu et le tribalisme n’ont absolument rien à faire dans cette affaire. C’est une question de droit et c’est tout.

S’agissant des droits des populations déguerpies de Dikolo-Bali.

Si après enquêtes il s’avère que leurs droits ont été Bafoués, il faut réclamer justice.
Oui il faut réclamer justice pour réparer les dommages et apaiser ces populations qui traversent l’un des pires moments de leur vie.

Mais avant de réclamer justice, il faut se demander si la justice existe au Cameroun. C’est ici que beaucoup comprendront pourquoi les opposants Camerounais luttent chaque jour au péril de leur liberté et de leur vie pour la justice où l’avènement de l’état de droit au Cameroun. Beaucoup comprendront qu’ils ont eut tort de se mettre en marge de cette lutte pour la justice.

Car avant de réclamer justice, Il faut lutter pour qu’elle justice existe d’abord. Le Cameroun est loin d’être un État de droit et sauf mauvaise foi de notre part, nous le savons tous.

D’où la nécessité de s’impliquer dans les luttes pour la justice où l’avènement de l’Etat de droit dans ce pays. Oui il faut s’impliquer dans ces luttes car rien ni personne ne peut nous protéger mieux que l’État de droit.

Seulement, que disons nous et que faisons nous quand des compatriotes luttent chaque jour pour la justice au prix de leur liberté ou de leur vie ? Que faisons nous quand ces compatriotes qui manifestent contre l’injustice sont brutalisés, humiliés et jetés injustement en prison ?

Nous rions peut-être, nous moquons quelques fois et surtout nous restons indifférents comme si la question de l’injustice ne nous concernait pas. Comme si l’injustice ne pouvait frapper que les autres. Malheureusement c’est dans la brutalité et la douleur que nous réalisons aujourd’hui que l’injustice peut faire du mal à tout le monde ! Nous réalisons que ceux qui luttent pour la justice au Cameroun ne le font pas pour eux seuls, ils le font pour nous tous, pour le bien de notre nation.

Les populations de Dikolo-Bali pleurent. Je compatis à leur douleur et suis solidaire de leur combat pour leur droit . Mais je dis qu’il y a mieux à faire que de pleurer maintenant … C’est de prendre conscience que ce qui est arrivé ne serait pas arrivé de cette manière si le Cameroun était un État de droit.

Nous avons refusé de nous mêler de la chose politique. Et voilà que la politique se mêle de nos vies de la pire des manières en envoyant des familles entières dans la rue à la merci des intempéries . On a le cœur en lambeaux quand on réalise qu’une maison détruite c’est parfois le fruit du sacrifice de toute une vie.

Mais nous n’avons pas compris qu’il faut s’attaquer à l’injustice même quand elle ne nous concerne pas. Maintenant, comprenons ….

Je dis, oui à Dikolo-Bali il faut réclamer justice. Mais quelle justice réclamons nous si nous ne luttons pas pour qu’elle existe ?

Il faut s’impliquer….

Il faut prendre conscience que rien, mais alors rien ne peut protéger durablement nos droits que l’État de droit . Rien ne peut garantir la sécurité de nos biens mieux que l’État de droit.

C’est pourquoi il ne faut plus écouter des élites corrompues et tribalistes. Il est plus que jamais temps de s’impliquer en rejoignant tous les fronts de lutte citoyenne pour la justice, la liberté , l’avènement de l’Etat de droit ou la démocratie au Cameroun.. Ces luttes comme je l’ai dit sont aussi au service de la sécurité de nos biens et du bien-être de tous . Leur aboutissement nous apportera ce que nos élites corrompues ne peuvent jamais nous apporter.

Je suis Dikolo-Bali.

AFDD

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