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Leçons du Covid-19 : l’autonomisation économique de l’Afrique s’impose

L’actuelle crise sanitaire qui ébranle le monde est pour le chercheur une opportunité pour l’Afrique de se réinventer, s’autonomiser en vue de briser les chaines de la dépendance économique.

Dans un texte publié sur le site du mensuel Jeune Afrique et que nous avons du reste relayé dans notre édition d’hier 13 mai 2020, l’universitaire et capitaine d’industrie Paul K. Fokam jette les bases de ce qui pourrait être une réflexion Post Covid sur le continent africain.

« Je suis étonné par l’attitude de certains princes africains qui, au lieu de réunir les intelligences du continent pour trouver des solutions locales, agissent comme des suppliants… assis sur une mine d’or », s’insurge-t-il dès la deuxième partie de son texte où il en appelle à une reconquête de la dignité africaine.

L’entrepreneur chevronné comprend mal les « appels au moratoire temporaire de la dette, aux aides budgétaires, aux aides alimentaires… » qui semblent pour l’instant constituer la seule réponse des princes africains face à une pandémie qui devrait pourtant ouvrir des pistes de réflexion plus pérennes.

« Ces solutions permettront peut-être de joindre les deux bouts pour quelques jours, voire quelques mois, et sauver des vies menacées. Mais il ne faut pas oublier que les épidémies sont un phénomène cyclique. Ce qui impose des solutions à court, moyen et long termes », prévient Paul K. Fokam.

Un nouveau regard sur l’informel

Loin des expédients avilissant, le chercheur invite à la promotion des solutions endogènes durables pour contrer la crise et redonner une certaine fierté à l’homme africain. « Il est urgent de changer d’attitude vis-à-vis du secteur informel, généralement considéré comme une calamité sociale.

Celui-ci doit reprendre son rôle de centre de « formation sur le tas » des futurs entrepreneurs du secteur formel, qui vont prendre en main le processus de création de richesses », écrit-il. Un crédo régulièrement ressassé par l’auteur qui en a fait une expérimentation réussie à travers son fameux modèle MC2.

« Quand j’ai inventé le modèle MC2 au Cameroun en 1992, personne ne croyait qu’il existait une épargne dans le monde rural. Tout le monde soutenait que le pauvre est trop pauvre pour épargner. Or, en 25 ans, plus de 300.000 projets ont été financés par ce réseau », écrivait-il déjà dans « deux capitaines d’industries se racontent », le livre qu’il cosigne avec le fondateur de Ecoba

Une réponse locale

Dans sa récente tribune publiée par Jeune Afrique, Paul Fokam constate une fois encore l’extraversion prononcée des économies africaines et propose de se saisir du moment critique que nous traversons pour « réduire cette vulnérabilité ».

« Il faut profiter de ce qui nous arrive aujourd’hui pour se concentrer sur la confection d’un véritable tissu productif local, tous secteurs confondus : agroalimentaire, textile, matériaux de construction, automobile, etc. Tant que nous n’aurons pas un tissu industriel consistant, nous resterons à la merci de chaque crise, il faut par ailleurs promouvoir des industries pharmaceutiques transformant les plantes locales ou exploitant des licences tombées dans le domaine public », plaide-t-il. Ces mutations profondes sont-elles possibles dans l’environnement actuel ?

La place du chef d’entreprise

Rien n’est moins sûr d’autant plus que Paul Fokam s’est régulièrement offusqué de la place négligeable voire de la marginalisation que subit le chef d’entreprise en Afrique francophone, alors même que ce dernier est sensé créer la richesse pour provoquer le changement paradigmatique tant souhaité.

« Entreprendre en Afrique francophone est un combat. Le chef d’entreprise est vu comme un ennemi. Ailleurs il est soutenu parce qu’il crée de la richesse et de l’emploi, chez nous il est combattu et on n’hésite pas à fermer sa structuie à la moindre défaillance », déplore-t-il dans un ouvrage référence intitulé : « L’entrepreneur africain face au défi d’exister ».

A titre d’illustration, il évoque dans « deux capitaines d’industrie se racontent » comment il a dû s’y prendre par trois fois et solliciter l’arbitrage et une rencontre avec le président de la République pour obtenir la dérogation spéciale lui permettant de créer la CCEIB (qui deviendra Afriland First Bank) en 1986.

C’est pourtant vers le secteur privé que les pouvoir publics devraient se tourner pour bâtir un tissu économique fiable capable de s’affranchir de l’inféodation et de la dépendance aux conjonctures externes. Il taut pour cela briser les chaines de l’asservissement politique car comme souligne Koffi Djondo , « il est difficile d’entreprendre en Afrique francophone à cause de l’emprise de la France qui veut tout contrôler, tout maitriser, tout freiner».

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