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Face au Coronavirus, « le monde s’aperçoit que Rambo, Superman et autres Captain America sont des fictions incapables de sauver le monde »

Dans une tribune, Me Jean de Dieu Momo estime que, pour son avenir, « l’Afrique solidaire, altruiste, communautaire, dynamique doit choisir sa propre voie, sur le plan de la gouvernance, sans être davantage phagocytée par des idéologies fondées sur la démocratie libérale… » Lire la tribune ci-dessous :

Et si l’Afrique se débarrassait du décapage culturel !

Par Me MOMO Jean de Dieu*

Il faut se rendre à l’évidence que l’Afrique postcoloniale est un prolongement artificiellement construit de l’occident colonial par le décapage et la contrefaçon des valeurs africaines héritées de la colonisation. Ainsi, l’héritage colonial de l’Africain a été son incubation dans le centre de capture des valeurs morales. L’Africain ne voit désormais qu’avec les yeux bleus du colon et ne pense plus qu’avec un cerveau emprunté.

Alors que deux systèmes de gouvernance s’affrontent à l’aune du coronavirus planétaire, le système de la démocratie libérale récréative contre le système communiste ( capitalisme chino-russe?), de Karl Marx à Lénine, parfois sous fond de la philosophie confucianiste comme en Chine, l’Afrique, débarrassée de sa sujétion, doit prendre du recul pour croire en son potentiel et mettre en exergue son mode ancestral traditionnel de gouvernance qui a fait ses preuves à. la naissance de l’humanité pour ne plus être à la traine des auteurs du plagiat mathématique et scientifique.

Nous avons appris à nous exprimer couramment dans la langue de Molière, de Shakespeare, de Garcia Marquez, de Pessoa ou de Saramago, à penser à la lumière des écrits des philosophes du même nom ou des auteurs comme Montesquieu, Jean Jacques Rousseau, Alexis de Tocqueville etc dont il serait peut-être temps, pour tout le monde, de faire le deuil, après en avoir tiré les fruits pour les adapter au contexte qui est le nôtre aujourd’hui. Ce faisant nous avons abandonné le système de gouvernance éprouvé par nos ancêtres fondateurs de l’humanité pour embrasser la pensée occidentale faite d’individualisme, de l’extension du mode de production capitaliste, d’absence d’empathie et de solidarité.

La pensée dominante occidentale, connue sous l’appellation trompeuse voire dépassée de démocratie libérale, issue des écrits des auteurs précités et dont l’exigence majeure se présente sous la forme des mots armés comme alternance et le haro sur la dictature, ont montré leur inefficacité face à la mort au coronavirus, celle-là même qui a chassé les gens des rues pour les cloîtrer, épouvantés, dans leur domicile, emmaillotés dans les draps de la démocratie interrompue, comme le coït du même nom, face à la dictature impitoyable du coronavirus.

La vanité d’un système, présenté au monde comme étant la panacée universelle, a été montrée, nue, et les muscles des puissances se sont piteusement dégonflés.

L’Afrique va-t-elle sombrer avec les ravisseurs qui l’ont kidnappée? cultuellement -et culturellement maquillée? Avec ceux qu’elle a été forcée de singer alors qu’elle est victime du syndrome de Stockholm ou bien va-t-elle enfin se rendre compte qu’elle est aussi une puissance mondiale montante ou en devenir qu’on veut mettre sous le boisseau à cause de son développement rapide?

Il faut le souligner et ce n’est pas un crime de le rappeler mais un devoir de mémoire, que l’Africain a été formaté par la force, le fouet, la prison, la pendaison, la fusillade, les travaux forcés, la religion et l’éducation pour devenir un blanc à la peau noire, dans la pensée et dans ses usages quotidiens, aussi bien vestimentaires, alimentaires que sanitaires, y compris dans les symboles nuptiaux, pour des objectifs mercantiles du projet phare d’extension du mode de production capitaliste.

Dès la gestation de nos Etats à la souveraineté internationale, la répression idéologique s’est abattue sur l’Afrique. A cette époque qui n’est pas révolue et qui continue de s’écrire au présent sous d’autres formes, vous étiez « excommunié» si vous étiez soupçonnés d’accointances idéologiques dissidentes. Nous avons été contraints pendant près d’un siècle à détester toute idéologie politique contraire ainsi que les pays qui la pratiquent.

Hollywood a été le centre de formatage public de cette guerre expansionniste contre la différence idéologique et les dissidents subissaient en représailles les affres de la guerre froide, de la guerre chaude aussi, de l’isolement, des sanctions économiques et tutti quanti. Nous avons fini, par un mimétisme ignorant voire pitoyable, par applaudir leurs acteurs lorsqu’ils massacraient des noirs et des arabes dans les films où ils sauvent le monde des actes terroristes qui nous sont imputés dans leurs scénarii.

Aujourd’hui que le nouvel ordre mondial se met en place grâce (à cause du) au Coronavirus, que la carte politique et économique du monde se redessine et que le monde s’aperçoit que Rambo, Superman et autres Captain America sont des fictions incapables de sauver le monde, la plus grande humilité doit commander l’union sacrée de tous les pays, pour notre commune survie, autour d’une même table de notre monde interdépendant, en toute égalité, sans aucun paternalisme ni grossière forfanterie, pour trouver une solution au problème commun. Le monde irait sûrement mieux si les États arrêtaient cette compétition violente pour la domination suprémaciste des uns sur les autres et si certains cessaient d’imposer leurs valeurs aux autres en se comportant de manière abusive et dictatoriale comme les censeurs universels de nos actions.

Il faut en effet se souvenir qu’au siècle dernier, lorsque la grippe espagnole ou la peste, décrite avec un réalisme saisissant par Albert Camus, quand ces pandémies ont fait leur ravage en Europe, on pouvait déplorer, comme on le fait pour l’Afrique aujourd’hui, l’absence des hôpitaux disposant des plateaux techniques efficaces pour prendre en charge les malades. Même si nous ne pouvons nier le retard technologique de l’Afrique, il est important de l’associer aujourd’hui à la recherche d’une solution pour contrer cette pandémie.

A ce propos, personne ne saurait contester que la chloroquine issue de notre Quinquina africain, a été identifiée comme un médicament efficace contre le Coronavirus. Comment contester également les vertus de nos décoctions aux feuilles de Kinkéliba, de Corossol ou des racines curatives? Un spécialiste africain, le Docteur Valentin AGON du Benin, après avoir déjà essayé un vaccin contre le sida, a inventé l’APIVIRINE, dont les essais sur des patients atteints du Coronavirus se sont révélés efficaces. La pharmacopée traditionnelle africaine, faites de plantes qu’on retrouve dans nos forêts, doit être mise à profit comme une contribution africaine dans la guerre contre le virus que subit l’humanité. Madagascar vient de le révéler au monde avec la distribution aux populations de l’Artemisia à base des plantes bien de chez nous.

L’Afrique solidaire, altruiste, communautaire, dynamique doit choisir sa propre voie, sur le plan de la gouvernance, sans être davantage phagocytée par des idéologies fondées sur la démocratie libérale dont l’expression la plus achevée est constituée des mots empoisonnés comme liberté, alternance, droit de l’homme.

La liberté est un droit fondamental ? Oui mais tant qu’elle reste individuelle et ne menace pas la cohésion de la communauté. Si elle s’additionne à celle des autres, elle se transforme en liberticide et en une dictature de la minorité contre la majorité. L’alternance au sommet de l’Etat est-elle une exigence nécessaire au bien-être de la communauté et au développement plus rapide d’un pays? Non, pas nécessairement, il faut rayer ce mot des dictionnaires et des lexiques politiques car il est utilisé par ceux qui font profession dans la prédation des peuples qu’ils ont préalablement formatés.

Les exemples sont légions qui attestent du contraire. Les États occidentaux eux-mêmes se sont construits autour des royaumes stables et des pouvoirs centralisés. Singapour a connu son émergence grâce à un pouvoir central stable. Cuba a connu la plus parfaite stabilité autour de deux présidents depuis la révolution de Fidel Castro, et ce malgré toutes les sanctions économiques et autres propagandes contre ses dirigeants. La Libye « malgré » (grâce à) la longévité de Mouammar Kadhafi au pouvoir n’a connu que prospérité, jusqu’à ce que la prédation arme ses fils pour tuer le Guide et s’emparer des ressources naturelles du pays ainsi désarticulé.

La chine et la Russie ont levé le verrou de l’alternance pour construire leurs pays dans le consensus des courants idéologiques au sein du parti dominant, loin des quolibets de la démocratie récréative et elles ne s’en portent que mieux. La Corée du Nord quoiqu’on en dise ne laisse pas indifférents les ayants droits autoproclamés de la planète, même si par un mimétisme aveugle les africains continuent d’utiliser l’expression empruntée de dictature pour parler d’elle.

Le Cameroun n’a connu que deux présidents de la République et seul le formatage des cerveaux de certains de ses malheureux fils, exactement comme on l’a fait aux libyens, les empêche de constater que nous nous développons plus rapidement que certains pays d’Europe, lorsqu’on mesure le chemin parcouru en si peu de temps depuis le 1er janvier 1960. Certains pensent que nous aurions pu faire mieux, cela est sans doute vrai, sauf lorsqu’ils invoquent en exemple des pays réduits à leur capitale politique et perdent de vue que le Cameroun est l’un des pays africains à avoir choisi de développer toutes ses villes capitales départementales en même temps, là où d’autres dirigeants ont choisi de bâtir leurs capitales politiques en villes vitrines.

D’autres, empoisonnés à la démocratie de type occidentale, pensent que nous sommes une dictature criminelle parce qu’il n’y a pas d’alternance. Ils nécessitent-une sérieuse prise en charge au centre hospitalier des valeurs africaines pour les ramener à l’Afrique ancestrale et immortelle. C’est exactement ce qu’on a raconté aux libyens pour qu’ils détruisent leur pays!

S’agissant des Droits de l’Homme, personne n’est dupe que cette notion, qui est administrée comme une drogue à une partie de notre peuple la moins évoluée, la moins éduquée, la moins instruite, la plus atteinte par le virus de la democrature et donc la moins préparée à l’axiologie des valeurs africaines, personne de saint d’esprit n’est dupe, disais-je, que la notion des Droits de l’Homme est une arme tactique et stratégique de la guerre hybride utilisée par les puissances en décadence matérielle et morale pour s’accaparer, par la force, des ressources naturelles de l’Afrique, pour leur propre survie.

Les Droits de l’Homme doivent être encadrés dans les limites qui n’autorisent pas son usage à des fins de politique politicienne compromettante pour la survie de la communauté toute entière. A cet égard, les sanctions individuelles, y compris les châtiments corporels correctifs le cas échéant, du moins pendant le temps d’incubation, devront être rappelées dans notre arsenal juridique répressif préventif dans l’intérêt général.

L’Africain a besoin que son disque dur soit nettoyé de la moisissure et de la rouille axiologique des valeurs occidentales qui lui ont été inoculées au forceps, à la seringue empoisonnée, par quatre cents ans d’esclavage, de servitude et par la colonisation, à l’effet de lui faire jouer le rôle ubuesque et humiliant de pantin occidental. A cet égard, je suis définitivement imperméable à l’idée saugrenue que’ le Royaume Bafou, les Sultanats Bamoun ou de Rey Bouba et autres Fon des villages NSO, BAFUT ou Fon ANGWÀFOR de MANKON, pour ne citer que ceux-là, n’étaient pas des démocraties africaines.

La gouvernance de nos Etat? devra, au sortir du coronavirus, se redéployer vers la reconquête de ce qu’elle a été, et l’Afrique, maintenant que ses fils ont acquis les savoirs et les technologies qui lui manquaient, devra dorénavant, dans un échange juste et équitable, prendre au monde ce qui lui est utile pour l’exploitation optimale de ses ressources naturelles, pour l’usage des africains dans la solidarité généreuse avec les autres peuples de la terre. Si nous avons perdu des hommes et des femmes, emportés par le Coronavirus, nous ne devons pas perdre la leçon d’humilité et de modestie que le Roi clandestin nous donne,, dans un monde interdépendant et interconnecté, à travers cette cruelle pandémie.

Post Scriptum: Le trépas arrive à l’improviste et si vite par ces temps qu’il importe de toujours laisser trace écrite de ses convictions pour la postérité.

*Me MOMO Jean de Dieu est avocat, président du Paddec

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