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Et si on nous parlait maintenant de l’argent du pétrole ?

Subtilement, le gouvernement camerounais a réussi à orienter le débat sur une éventuelle hausse du prix du carburant. Sa communication, massivement relayée par les médias classiques (presse écrite, radio, télé), ne retient que cette seule réponse à l’envolée des cours du pétrole brut sur le marché international.

C’est bien à dessein que le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, dans son communiqué du 11 juillet 2022, ne parle que de la subvention du prix du carburant qui coûte à l’Etat, selon lui « 80 milliards de Fcfa et pour tout le 1er semestre de l’année en cours 317 milliards de Fcfa ».

Curieusement, le ministre ne dit pas ce que l’Etat a gagné pendant la même période de la vente du pétrole. Pense-t-il que les camerounais ont oublié que leur pays est un producteur-exportateur-importateur de pétrole. En français facile, cela signifie que le Cameroun vend son pétrole brut à l’étranger, et achète au marché international le pétrole raffiné. Une communication transparente revient à publier les recettes tirées de la vente du pétrole camerounais. Aux dernières nouvelles, le prix du baril a grimpé à 110 dollars US.

Le Cameroun, selon certaines sources, produit près de 150.000 barils par jour, soit environ 54 millions de barils par an. Après partage des dividendes avec ses partenaires pétroliers, combien le Cameroun obtient de la vente de son pétrole? Le gouvernement a déjà trop parlé de la subvention du carburant (et du gaz domestique), qu’il nous parle maintenant de l’argent du pétrole.

Changer de disque n’est pas mauvais en soi, surtout quand l’ancien est rayé ! Pour finir, je vous invite à (re)lire cet extrait tiré du livre « Secrétaire général de la présidence de la République, entre textes, mythes et réalité de Jean Marie Atangana Mebara. On n’en mesure d’autant mieux l’omerta qui règne sur le secteur pétrolier Cameroun que ce haut fonctionnaire fut, quand même, Pca de la Snh (Société nationale des hydrocarbures) Question : quand la Snh a vendu la part de pétrole qui revient à l’Etat du Cameroun. Que fait-elle de l’argent reçu de ses ventes ?

Réponse : (…) Pour répondre directement à votre question, la Snh défalque d’abord les charges supportées pour les investissements réalisés pour produire ce pétrole : ensuite comme tout bon opérateur économique, la Snh s’acquitte de ses impôts; sur ce qui reste des sommes encaissées une importante partie est versée au Trésor public. Selon les éléments fournis par la Snh elle-même, entre 2005 et 2014, cette société a reversé au Trésor public environ 5002 milliards de Fcfa.

Le communiqué du conseil d’administration de la Snh de décembre 2015 révèle qu’entre janvier et octobre 2015, la Snh a versé au Trésor public environ 343 milliards de Fcfa, sur des prévisions annuelles de 264 milliards environ. Enfin une partie des recettes provenant de la part de pétrole de l’Etat est conservé dans des comptes de la Snh dans des banques au Cameroun et à l’étranger.

Question. A quoi sert cet argent dans les banques surtout à l’étranger ?

Réponse. Le conseil d’administration n’a jamais eu à débattre de cette question quand j’en assurais la présidence. Cependant, les intérêts générés par ces comptes ont toujours figuré dans les projets de budget et dans les comptes adoptés. Ce que je peux dire de manière certaine, est que ces comptes ont été généralement sollicités pour faire face à des situations d’urgence ou de nécessité non prévues dans le budget de l’État. J’ai toujours pensé qu’il s’agissait de fonds de réserve pour ce genre de situation et aussi pour l’avenir. La question de savoir s’il ne faudrait pas davantage de transparence sur ces comptes mérite débat, surtout au niveau du parlement.

Question. Qui ordonne le déblocage des fonds de ces comptes ?

Réponse. Ces comptes sont gérés par le directeur général de la Snh en exécution des instructions du président de la République. (Page 157).

Par Thierry DJOUSSI, Président de (‘Association des journalistes camerounais pour l’agriculture et le développement (Ajad).

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