fbpx

Cameroun Actuel

Cameroun – Hommage : Puis Njawe en 3 clichés

Cliché 1

Un soir de novembre 1979. Station total de Bafoussam. Le premier numéro du Messager vient de sortir des presses de l’imprimerie Tankou ou nous avons passé la nuit. Nous déposons la cargaison au-dessus d’un fut d’huile de graissage et …à l’attaque !!!

Ho ! Nous étions si jeunes : 23 et 24 ans. Si passionnés. Les deux rédacteurs troquent leur plume contre les casquettes de crieurs. 100 exemplaires chacun entre les mains, Pius Njawe et moi investissons le rond-point en proposant le titres de la UNE : « Bafoussam, d’où vient le nom Famla ? » ; « A quand l’ouverture de radio-Bafoussam » ? « Politique, tout sur le congrès de l’Unc ».

Cette méthode de vente à la criée est inhabituelle et Bafoussam n’a pas de canards. La ville est uniquement arrosée par Cameroun Tribune ; la Gazette de Douala et Biñam, une feuille locale en format A4. Le premier numéro du Messager passe comme des petits pains. A la fin de la journée, nous avons épuisé les 500 exemplaires du tirage.

Cliché 2

20 ans après, Le Messager devenu hebdomadaire s’est affranchi de Bafoussam dans des conditions difficiles faits d’intolérance et de répression. Nous posons nos valises à Douala ; le journal qui paraissait à l’improviste est devenu hebdomadaire ; le tirage moyen est de 50 000 exemplaires avec des piques frisant le double. Le journal est devenu le manifeste de la liberté. Certaines éditions sont réimprimées…

Devenu un quadra légèrement bedonnant, Pius est une star internationale. Le chantre de la liberté d’expression. Sous le couvert de l’Ocalip (Organisation Camerounaise de la Liberté de presse), nous allons en Allemagne invité par Helmut Kohl ; au Benin, par Nicéphore Soglo. La plupart du temps Njapinus voyage seul. Jb Sipa, Jacques Kamgang et moi gardons alors le temple.

Cliché 3

Njawe mène une vie infernale : prison, censures, conférences, réunion familiale à Babouantou…Mais parfois il s’évade. Me prend par la main, pour soirée détente à Bonejang-Akwa, vers ‘Emilie Saker’, non loin du domicile familial d’Eboa Lottin. Nous sommes rejoints par Tom Yom’s qui ne quitte pas son maitre d’un pas: au menu, sole braisée, pichets de vins et duo avec les musiciens sur une scène improvisée.

Instant magique : Tom Yom’s et Pius chantent « Mbemba M’ota sawa », la chanson fétiche d’Eboa Lottin. Imanu est à la guitare sèche, son instrument de musique préféré, tandis que je rythme la batterie à l’aide d’une cuillère et d’une bouteille, sous les applaudissements de consommateurs tout aussi émerveillés que nous…
EBOA Lottin, Tom Yom’s, Puis Njawe, 3 icônes, 3 mohicans, 3 grands artistes du micro et de la plume aujourd’hui disparus…

Edouard Kingue

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi