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Visite de Macron au Cameroun. Grégoire Owona-Calixthe Beyala : entre espérances et désespoirs

Alors que le ministre du Travail et de la sécurité sociale salue la visite prochaine du président français en terre camerounaise parce que, porteuse d’un avenir radieux en termes de partenariat politique et économique, la célèbre écrivaine, elle, y voit un simulacre de visite entre deux pays prétendument amis.

La visite annoncée d’Emmanuel Macron au Cameroun, n’a pas fini de faire des vagues. L’affaire a même ouvert le boulevard à des analyses et des conjectures des plus insoupçonnées. Si d’aucuns entrevoient un soutien de poids à Paul Biya dont la succession à la tête de l’Etat continue de faire des émules bien au-delà des lambris dorés d’Etoudi, d’autres y voient un voyage inscrit dans la perspective d’obtenir des gages économiques et renforcer le diktat du colon d’hier sur sa colonie.

Observateurs avertis et politistes convaincus, justifient leurs postulats par la constante de la politique française depuis la fin de la Françafrique qui semble être de faire confiance à celui qui est en place, à sa succession choisie, plutôt que de jouer la carte du renouveau et de la rupture.

Dans ce florilège de décryptages plus ou moins mesurés, des membres du gouvernement se prêtent au jeu, au point de vouer aux gémonies ceux des camerounais qui voient d’un mauvais œil cette visite, première du genre de Macron depuis son magistère en République de France.

Partenaire de poids et de choix

Dans une publication sur les réseaux sociaux, Grégoire Owona s’interroge sur les activistes qui se présentent « comme de grands leaders politiciens du Cameroun » et qui veulent dicter au président Macron ce qu’il doit dire ou imposer au chef de l’État, Paul Biya. Le ministre du Travail et de la sécurité sociale salue d’ailleurs l’arrivée du numéro français rassurant que les camerounais vont lui réserver un accueil des plus chaleureux.

« Quel spectacle désolant de voir ces activistes se présentant comme de grands leaders politiciens du Cameroun s’époumoner dans les médias et à travers les réseaux sociaux, pour instruire le président Emmanuel Macron de ce qu’il doit venir dire, voir imposer au président Paul Biya comme si les deux homologues n’ont pas planifié leur rencontre avec un ordre du jour convenu d’avance et d’accord parties.

« Malgré ces mots d’ordre et autres injonctions, les camerounais vont bien accueillir le président Emmanuel Macron le moment venu : c’est le chef de l’Etat de la France et la France est une vieille amie du Cameroun, un partenaire de poids et de choix. De plus « n’est pas président de la République qui veut, mais qui peut » ! Alors laissons les présidents échanger entre eux en toute sérénité et continuons de nous mobiliser derrière S.E Paul Biya pour la démocratie et le progrès dans notre pays », argue celui qui est par ailleurs Secrétaire général adjoint du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).

Cœurs blessés, âmes meurtris

Un triomphalisme qui tranche avec la sortie au vitriol de Calixthe Beyala dont on connaît la haine contre l’image de la France paternaliste.

Dans une lettre ouverte, la célèbre écrivaine croit savoir les dessous de cette visite de Macron, articulée à la croire, entre transition politique, défense des intérêts français au Cameroun, passif historique de la France au Cameroun… Un agenda noir qu’elle refuse catégoriquement de ranger dans le registre d’une vieille amitié renouvelée entre deux pays frères.

« Je connais votre fougue, votre intelligence et cette impertinence qui vous fait croire que vous n’êtes pas débiteur de l’histoire, qu’on se doit de tourner la page, ou du moins, que vous n’êtes pas responsable des crimes français commis en Afrique, car vous êtes né bien après ces affreux événements. Pour nous, cette histoire est prégnante ! Elle habite nos cœurs blessés et nos âmes meurtries ! Elle habite chaque cellule de nos corps et peuple chacune de nos respirations », écrit l’auteur de l’ouvrage « c’est le soleil qui m’a brûlée ».

Et la romancière de poursuivre : « elle se décline en de centaines de milliers de camerounais morts : Elle a le visage de Um Nyobe ou de Wandjie, d’Affana et d’illustres anonymes morts parce qu’ils voulaient présider à leur destinée ! Le souvenir de Khadaffi nous hante et ces bombes jetées aveuglement, tuant des centaines de milliers d’innocents ! Vous venez défendre les intérêts de la France et c’est bien, très bien. Mais allez-vous demander pardon au peuple camerounais martyrisé ? Venez-vous pressé par le désir de reconnaître les crimes de la France et présenter des excuses à ce peuple meurtri ? Venez-vous établir des relations de respect mutuel ? Venez-vous pour adouber un homme pour la transition au Cameroun, cette transition dont on parle et qui n’est pas si lointaine ? »

Magistrature suprême contre richesses Dans le fond, Beyala n’y voit qu’une visite dans un pays qui traverse des temps troubles de son histoire. Pire, une espèce de deal entre la garantie à certains de l’accession à la magistrature suprême en contrepartie des richesses du Cameroun.

« Je sais déjà que vous apporterez dans vos bagages les françafricains patentés, les Achille Mbembé et bien d’autres pour vous faciliter la tâche, comme ils ont tenté de le faire lors du simulacre de Montpellier. Votre chemin sera balisé, le cœur du Cameroun en porte déjà la lourdeur ! Pour l’ensemble des camerounais vous êtes le mal venu », conclut-elle, convaincue que ce séjour annoncé de Macron cache mal son intention de voir comment permettre à la France de restaurer son influence sur le Cameroun.

Le Messager

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