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Transfusion sanguine : les banques de sang peinent à satisfaire la demande

Il est 9H12, le vendredi 8 juillet dernier, Benjamin Sikati conduit deux potentiels donneurs de sang à la banque de sang de l’hôpital régional de Bafoussam (Hrb). Il est engagé depuis deux jours dans la recherche des donneurs afin de restituer deux poches de sang qui lui sont exigées en remplacement d’une poche dont son père a été bénéficiaire. Car, pour une poche de sang achetée, il faut restituer deux poches. Et deux poches achetées valent quatre ainsi de suite. Ce dernier a trouvé ces donneurs après une alerte. Il prie pour que ce liquide vital soit sain.

Dans l’attente, ce garde-malade, les mains croisées, est dominé par le stress qui l’anime au sujet de l’état de santé de son père. L’indisponibilité du sang en permanence dans cet hôpital est un problème pour la prise en charge optimale des accidentés, des femmes en travail et de certains cas d’opérations chirurgicales.

La banque de sang de l’Hrb est le principal fournisseur des produits sanguins dans les centres hospitaliers publics et prives de la région de l’Ouest. Cette centrale d’approvisionnement et de distribution doit elle- même se ravitailler afin de satisfaire ses propres besoins.

Dans un contexte dominé par la rareté des donneurs réguliers, volontaires et bénévoles, des sensibilisations sont faites pour susciter l’adhésion du plus grand nombre afin d’alimenter la banque de sang de ce centre hospitalier. Dans ce service, des garde-malades en situation de transfusion sanguine y conduisent des donneurs venus donner de leur sang pour sauver, des vies. Un moment difficile pour ces derniers. Selon les explications d’un personnel de ce service, l’Hrb a besoin de 150 à 200 poches de sang par mois.

Pression similaire à la banque de sang.de l’hôpital de Référence de Sangmélima dans la région du Sud. Ce vendredi 08 juillet, trois transfusions sanguines sont prévues. Des proches de deux patients, glacières à la main, attendent de récupérer leurs poches de sang.

« Nous avons déjà trouvé les donneurs pour remplacer les poches de sang. Nos 18 000 Fcfa sont prêts ». Il est 9h. Une dizaine de poches dé sang est stockée dans le réfrigérateur. Le personnel s’active à tester d’autres poches de sang. La demande est forte, précise, le responsable de la banque de sang, l’ingénieur biologiste,.

Francky Avoulou. « Nous pouvons faire par semaine une quinzaine de transfusions sanguines pour diverses pathologies; l’insuffisance rénale, l’hémophilie, les fortes hémorragies, obstétricales, l’anémie sévère chez les enfants, le Vih Sida, les accidents de la voie publique… », précise Francky Avoulou.

Dans le département du Dja-et-Lobo, seul l’hôpital de Référence de Sangmélima a une banque de sang. « Nous préparons le sang pour l’obtention de différents produits te sang total, le culot globulaire pour résoudre les problèmes d’hémoglobine, le plasma frais congelé. Bientôt, nous produirons les concentrés plaquettaires», cite Francky Avoulou.

Et de poursuivre : « Nous faisons par fois face à des ruptures de stocks. La demande est forte et il arrive parfois que nous approvisionnions certains hôpitaux qui ont besoin de sang dans la ville. Or, les donneurs bénévoles de sang sont rares».

Le 14 juin dernier, lors de la journée mondiale du donneur de sang, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a fait un état des lieux : « Les besoins annuels en sang et produits sanguins au Cameroun sont de l’ordre de 400 000 poches environ. D’après les s’atistiques, à peine 35,05% de ces besoins ont été couverts, en 2020. Plus de 90% de ces dons sont issus des dons dits de familles ou de remplacements et 10% seulement, proviennent des dons bénévoles et non rémunérés »

Un faible niveau de don expliqué aussi par des préjugés. Le responsable de la banque de sang de l’hôpital de Référence de Sangmélima affirme que non seulement les populations ont peur, mais elles estiment que leur sang fait l’objet de trafic :

« Lorsqu’un patient a besoin de sang, nous lui demandons de fournir deux donneurs et une somme de 18 000 Fcfa. Certains donneurs bénévoles estiment qu’ils donnent de leur sang gratuitement et que, nous en retour, nous le vendons aux.patients. Or,, cet argent permet d’acheter les réactifs pour effectuer les tests du sang des donneurs que les patients fournissent. Le sang recueilli parcourt de nombreuses étapes avant d’être transfusé. Après tous les examens, le sang ainsi que les produits sanguins sont déposés dans la salle de distribution. A ce stade, ils sont prêts à être utilisés pour des transfusions ».

Selon un médecin, certaines religions proscrivent la transfusion de produits sanguins ainsi que le don de sang. D’autres sont habités parla peur, précise le responsable de la banque de sang de Sangmélima.

Le Chuy modernise progressivement.la collecte, la distribution et l’utilisation des produits sanguins. « Nous disposons en outre d’un Comité technique hospitalier de transfusion et d’hémovigilance (Cotehoth), dont l’objectif principal est d’assurer la disponibilité et l’utilisation des produits sanguins», relève le Pr Claude Tayou, responsable de la banque de sang du Chuy. Un programme de recrutement des donneurs de sang bénévoles a également été mis en place.

« Nous avons signé un partenariat avec des fondations pour renforcer le recrutement et la fidélisation des donneurs de sang bénévoles… Les collaborations avec ces associations ont permis d’améliorer le taux de don bénévole de 25% à 44% en 3 ans. L’hôpital a en outre obtenu un accord officiel de collecte de sang dans des institutions et des établissements », a relevé le responsable de la banque de sang du Chuy.

Le Jour

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