Les autorités locales ont rapporté mardi que plus de 50 personnes ont été enlevées lors de deux incidents distincts survenus en l’espace de deux jours dans le nord du Cameroun. Ces enlèvements, perpétrés par un groupe armé non identifié, ont eu lieu près de la frontière avec le Tchad.
Selon le maire de la ville de Touboro, Celestin Yandal, les enlèvements ont eu lieu dimanche et lundi après-midi. Les bandits ont attaqué des commerçants tchadiens qui rentraient chez eux après avoir participé au marché de Touboro, où se déroulent des échanges de bétail.
Le maire a expliqué que la première série d’enlèvements s’est produite près des villes de Touboro et Koutere. Les victimes étaient principalement des ressortissants tchadiens, ainsi que quelques Camerounais, dont des étudiants et des commerçants.
La deuxième série d’enlèvements a eu lieu dans un bus reliant la ville de Ngaoundéré à Touboro. Des étudiants et des personnes se dirigeant vers la frontière tchadienne ont également été enlevés alors qu’ils quittaient le Tchad pour le Cameroun.
À ce jour, sept personnes ont été libérées. Les enlèvements sont fréquents dans cette région, mais les habitants affirment que l’ampleur de ces attaques est inhabituelle.
Le ministère de la Sécurité publique tchadien a confirmé que ses forces ont réussi à libérer huit personnes qui avaient été enlevées.
Le gouvernement camerounais, plus précisément le ministère de la Défense à Yaoundé, n’a pas encore commenté l’incident. Cependant, un responsable de la sécurité a déclaré que des soldats travaillent actuellement à la libération des personnes toujours enlevées.
Le Cameroun est en proie à des conflits et à l’insécurité dans la plupart de ses dix régions. Le plus important est ce que l’on appelle la crise anglophone, qui est un conflit en cours depuis 2017, lorsque des séparatistes anglophones ont initié une rébellion dans le pays. Leur objectif était d’établir un État anglophone indépendant, distinct de la région majoritairement francophone.
Tant le gouvernement camerounais que les séparatistes ont été accusés de commettre de nombreux actes de violence graves contre des civils innocents. Selon les Nations Unies, le conflit a fait plus de 3 300 morts et a contraint plus de 750 000 personnes à fuir leur domicile. Les experts estiment que les chiffres réels sont probablement plus élevés, étant donné que le conflit est largement sous-estimé.
Le Cameroun est dirigé depuis plus de quatre décennies par le président Paul Biya, âgé de 90 ans, qui n’a jusqu’à présent pas manifesté de volonté de quitter le pouvoir.
La situation des enlèvements massifs dans le nord du Cameroun est extrêmement préoccupante. Les autorités locales doivent prendre des mesures urgentes pour assurer la sécurité des citoyens et mettre fin à ces actes de violence. Il est essentiel que le gouvernement camerounais collabore avec les autorités tchadiennes pour identifier et traduire en justice les responsables de ces enlèvements.
La crise anglophone, qui s’est intensifiée ces dernières années, continue de causer des souffrances inimaginables pour la population civile. Il est impératif que toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue pacifique et cherchent des solutions durables pour mettre fin à ce conflit. La communauté internationale doit également jouer un rôle actif en apportant une aide humanitaire et en soutenant les efforts de médiation.
Enfin, il est essentiel que le président Paul Biya prenne en compte les préoccupations de la population et s’engage dans une transition pacifique du pouvoir. La stabilité et la sécurité du Cameroun dépendent d’un leadership responsable et d’une gouvernance démocratique. Il est temps pour le pays de tourner la page et de travailler ensemble pour un avenir meilleur.