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Noun : la République entre parenthèse ou le tocsin d’un volcan imminent ?

Foumban

Les arrestations des responsables de la gendarmerie et de la police par les jeunes gens de l’arrondissement de Malentouen dans le département du Noun aux fins de les conduire devant le sultan, sus- citent ces deux interrogations.

L’actualité récente dans le plus grand département de la région de l’Ouest préoccupe à plus d’un point. En premier lieu, la flambée des prix sur les marchés dans cette contrée est à son paroxysme sans que les consommateurs comprennent les raisons évidentes.

En comparant par exemple les prix des produits de grande consommation sur le marché à Bafoussam, Foumbot, Foumban et les autres villes du département, les populations du Noun ont eu le sentiment comme on l’a appris la semaine dernière, qu’il y avait une sorte de « discrimination » à son endroit. Ce qui expliquerait les manifestations de mécontentement enregistrées d’abord à Foumbot et l’arrivée illico presto sur les lieux du gouverneur de la région Awa Fonka Augustine pour endiguer la colère populaire.

Ça ne suffira pas malheureusement car Foumban et les autres localités seront atteintes comme on l’a constaté. Dès la fin de la semaine dernière, Malentouen est à son tour dans les rangs avec des effets plus forts, marqués par l’arrestation des forces de l’ordre et conduites vers le sultan.

Bien avant, il faut indiquer que le 16 avril 2022 déjà, au poste de contrôle de la route de Koudoum à Foumban, situé entre la délégation du Minduh et le Commissariat de sécurité publique, le premier signal le plus récent de cette escalade était donné. Un policier tirait sur un moto-taximan, suscitant le courroux de la population, particulièrement remontée contre les hommes en tenue. Réunion de crise et appel à la vigilance des uns et des autres pour éviter la récidive d’une pareille situation regrettable.

Suite à réunion de concertation pour juguler cette crise, la Commune de Foumban représentée par le Maire et le Commissaire de la Sécurité publique ont recueilli ce jour-là, auprès des représentants des motos taximen « la suspension de la pratique de paiement aux postes de contrôle, encore appelée « Pause » ; l’abus et les brutalités lors des contrôles, à savoir les menottes, la confiscation des clés, des dossiers, la Cni voire de leur moto ; l’utilisation des armes à feu lors des contrôles de routines sur les motos taximen ».

Ces différents points étaient rendus publics dans un communiqué par l’édile de la ville, Patricia Ndam Njoya. Malheureusement, comme le constate, la poursuite de ces pratiques ne sont pas étrangers entre autres, au courroux des motos-taximen de Malantouen.

Comment ces autorités humiliées à ce haut point seront-elles encore en mesure de poursuivre leurs missions ? La faillite de la peur du gendarme est tout autant préoccupante. Elle qui construit la sagesse républicaine, sa faillite n’est-elle pas là pour indiquer à quel point la paix sociale est entrée dans une phase de vulnérabilité accentuée ? Si toutes les leçons urgentes ne sont pas tirées de cette crise, ne court-on pas le risque d’une propagation du mal ?

La République entre parenthèse dans le Noun ?

Si on peut se satisfaire d’un dénoue- ment sans perte en vie humaine des représentants de la puissance publique à Malentouen, que dire dès lors de l’attitude de ces jeunes qui placent l’autorité traditionnelle au-dessus de la puissance publique ? On apprend que par-dessus tout, ces jeunes gens étaient excédés parce que les autorités sécuritaires de la place auraient annoncé à la foule qu’elles ne sont pas soumises au Sultan mais aux autorités administratives de la République. Déclarations qui auraient soulevé un tollé et plongé ces jeunes gens dans une hystérie collective.

Curieusement, ces deux autorités ont été conduites manu militari vers l’autorité traditionnelle aux fins de lui présenter les excuses. Comment com- prendre cette posture de ces jeunes gens ? L’autorité administrative ou un agent public doivent-ils faire allégeance à l’autorité traditionnelle dans le cadre de la République ?

De triste souvenir, le 12 janvier 2021, au cours de l’installation de nouveau préfet du Noun, Um Donacien, en présence du regretté sultan Ibrahim Mbombo Njoya, le gouverneur de la région de l’Ouest avait refusé dans un premier temps la parole à l’édile de la ville comme l’exigent les usages protocolaires. L’autorité traditionnelle par contre, présente sur les lieux de la cérémonie, avait droit à des considérations d’allégeance de la part des autorités administratives.

Cette situation plongea les citoyens et observateurs républicains dans l’incompréhension totale ce jour-là. Ce qui s’est passé à Malentouen ressemble à s’y méprendre, à un retour à ces pratiques de friction entre l’autorité républicaine et l’autorité traditionnelle. La pro- motion d’une telle situation, faut-il s’en convaincre, n’est pas faite pour garantir la paix sociale. Déjà dans le département, on apprend que les élus politiques sont en plein conclave.

Le Messager

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