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Meeting du Mrc : pas de remerciement aux autorités – Dr Aristide Mono

Pour Dr Aristide Mono, le fait d’avoir laissé enfin le Mouvement pour la renaissance du Cameroun tenir sa manifestation à Bafoussam ne doit pas être considéré comme une magnanimité ou une bonté des autorités administratives du Cameroun.

« Restons dans les après du meeting du MRC à Bafoussam, avec un autre questionnement : Faudrait-il féliciter l’ordre du 6 novembre pour cette non interdiction après interdiction? Faudrait-il ovationner le sous-préfet de Bafoussam premier pour son rétropédalage ?

Faudrait-il applaudir le Bad-boy pour la bonne maîtrise de ses fauves, ses insectes dangereux et ses caprices climatiques mortelles qu’il n’a pas déployés sur les vendeurs d’œufs ? Faudrait-il enfin remercier l’infatigable bâtisseur pour sa grande indulgence, va grande magnanimité, son grand cœur ?

Lorsqu’on est un peu enthousiasmé, on peut dire oui. Lorsqu’on pense que le respect des libertés de manifestation relève d’une terrible faveur, on peut dire facilement oui. Mais pour nous autres, il n’y a aucune lettre de félicitation ou de remerciement à envoyer à qui que ce soit de la chaîne de répression des opposants.

Ni à l’ordre du 6 novembre, ni au sous-préfet de Bafoussam, ni au “Bad boy », ni à l’infatigable bâtisseur. Le faire c’est faire comme si le respect des libertés se quémande. C’est comme si le respect des droits de l’homme était facultatif, c’est faire comme si ces gens ont agi souverainement, surtout lorsqu’on sait que cette manifestation a été dans un premier temps interdite et a fait par la suite l’objet d’un/terrible encadrement répressif, avec des « mami wata » partout à Bafoussam. Le président a dû demande: aux militants de ne pas l’escorter è soi retour.

Donc, c’était une liberté de manifestation bien encadrée par l’ingénierie de la répression. En fait, tellement on est englué dans un régime de don eue toit le monde pense que lorsque l’Etat agit normalement c’est-à-dire de manière civilisée, cela relève d’une terrible magnanimité.

Lorsque l’Etat remplit ses devoirs ou obligations vis-à-vis de ses citoyens, cela relève d’une terrible faveur. On a réduit le peuple en petit mendiant. Toujours à remercier, étant complètement à genoux devant l’Etat à chaque fois qu’il liquide un de ses engagements. C’est comme si la répression était normale et la décompression un geste extraordinaire.

L’État bienfaiteur, l’Etat miséricordieux, l’Etat magnanime, l’Etat mère Teresa, l’Etat abbé Pierre, ce n’est qu’au Cameroun qu’on invente et soutient ces déclinaisons sociologiques de l’Etat.

Les gens passent le temps à réprimer les opposants, les torturent quand ils veulent, bloquent injustement les carrières de ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, infligent les sept ans d’emprisonnement à l’aveuglette; mais pour peu qu’ils aient relâché un peu leur brimade, ça devient des gratitudes à n’en point finir, des interminables connaissances, des salves d’applaudissements.

Pour le cas du meeting du MRC, qu’ont-ils fait d’extraordinaire qui mériterait une reconnaissance à vie ? Autoriser une manifestation dans un régime de déclaration et un système qui se veut droit l’hommiste et démocratique la fève de quel genre de faveur ? En même temps, cette tentation aux remerciements à tout bout de champ des dirigeants est compréhensible.

Les populations ont été socialisées ainsi. C’est déjà un réflexe. Même lorsqu’on mérite, on pense toujours que c’est une faveur. Même lorsque c’est un droit, on pense que c’est une aumône, une offrande. En plus, le système de raréfaction a fait que le jour qu’on bénéficie de quelque chose, c’est la fête. On oublie rapidement les préjudices et tous les désagréments provoqués par cette raréfaction.

Tellement l’ordre de 82 a rendu des moments de liberté de manifestation des opposants rares que le jour qu’il en accorde c’est la grosse jubilation. C’est comme les atterrissages des avions de CAMAIR CO qui étaient toujours suivis des salves d’applaudissement de tous les passagers.

C’est comme les retours de l’électricité au Cameroun. C’est tout le quartier qui applaudit au même moment; on a l’impression que les Lions viennent d’inscrire un but. Tellement ils ont rendu la stabilité de l’électricité rare, instauré un régime de coupure permanente que quand l’électricité revient on considère que ENEO qui nous a pénalisés pendant de longues heures, pendant des jours, vient de nous rendre un terrible service.

Comme si rétablir le courant qu’on ne devrait pas couper relevait d’une magnanimité. Un sous-préfet qui autorise un meeting, qu’il a d’abord préalablement interdit sur la base d’un prétexte fallacieux trop flagrant, doit être du coup érigé en héros.

De toutes les façons pour nous, il faudra d’abord attendre les non interdictions des installations des nouveaux membres des fédérations du MRC dans les villes de Douala, Yaoundé et Maroua, pour commencer à accorder une présomption de début de mutation aux gens de 82.

Dr Aristide Mono

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