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Equilibre régional : Ferdinand Ngoh Ngoh appelé à agir au-delà de la Sodecoton

Alors que la plupart des entités publiques du pays s’illustrent par un déséquilibre notoire et outrancier dans les intégrations, le ministre d’Etat/Secrétaire général à la présidence de la République, a décidé de remonter les bretelles à cet effet, uniquement au Directeur général de la Sodecoton et en a épargné tous les autres.

Cela serait probablement passé inaperçu et salué au passage par la masse, si le secrétaire général à la présidence de la République avait pris un acte visant l’application de l’équilibre régional dans toutes les structures étatiques sur le plan national. Mais que non ! En choisissant d’attirer seulement l’attention du directeur général de la Sodecoton sur la question, Ferdinand Ngoh Ngoh, s’est presque mis à dos la majorité de la population du Cameroun et plus particulièrement celle du septentrion.

Car dans la note adressée au Dg de la Sodecoton le 26 avril dernier, le Sgpr lui fait savoir que « la présidence de la République a été saisie de dénonciations mettant en cause la conduite, par les organes dirigeants de la Sodecoton, d’une politique de gestion des ressources humaines qui serait dommageable à l’unité nationale, à la stabilité du climat social et à un retour durable à la performance au sein de cette entreprise ».

Par conséquent, « en attendant que la lumière soit faite sur ces récriminations, vous voudrez bien veiller à ce que les recrutements et la gestion du personnel à la Sodecoton, respec- tent les exigences d’équilibre et de repré- sentativité de toutes composantes sociolo- giques de la nation ».

Quelques heures seulement après que ladite correspondance a été largement répandue dans les réseaux sociaux, les internautes (visiblement de toutes les aires géographiques du pays), n’ont pas manqué de saisir l’opportunité pour rappeler au Sgpr que sa sortie est très « parcellaire » et « limitée ». Même certains acteurs de la classe politique, l’ont invité à jeter un regard un peu plus global dans les sociétés dites d’État.

C’est le cas de Me Emmanuel Simh, troisième vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). « Il faut que cette note du Sgpr ne se limite pas là. Qu’il aille plus loin. Qu’il aille donc auditer partout. Il le fait à Sodecoton, ça me semble une mauvaise manière de faire. Il faut qu’il s’assure que, dans toutes les structures étatiques, l’équilibre régional est bel et bien respecté », recommande-t-il.

Gestion des ressources humaines

Selon lui, si le Sgpr le fait uniquement à la Sodecoton, cela voudrait dire qu’il y a anguille sous roche. De quoi conforter ceux qui pensent ou qui pourraient penser à une manœuvre complotiste contre les camerounais du Septentrion. « S’il le fait pour la Sodecoton seule, nos frères originaires du septentrion ont des raisons de s’inquiéter et de se poser des questions », explique Me Emmanuel Simh.

Faut-il le rappeler, la discrimination au niveau de la gestion des ressources humaines dans entreprises publiques, n’est pas seulement le fait de la Sodecoton.

Car en réalité, les admissions dans les entités étatiques par voie de concours ou de recrutements, n’obéissent malheureuse- ment pas aux principes et règles de l’équilibre régional. C’est le cas par exemple des concours administratifs d’intégration directe tels que l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam).

Chaque année, environ 85 à 90% de personnes qui y sont définitivement admises, sont toutes originaires d’une seule et même aire géo- graphique. Des situations similaires se vivent également au niveau du concours de la police, de l’École militaire inter armées (Émia), la Gendarmerie, etc.

Équilibre communautaire

Même dans les sociétés d’État, le pro- blème est le même. Le lanceur d’alerte Boris Berthold a par exemple publié sur sa page Facebook le 26 avril dernier, une liste des cadres de la Crtv. De cette liste de 51 personnes, 49 sont toutes issues d’une même aire géographique. Bien que sa publication n’est pas restée sans réponse. Lors de son discours prononcé le 1er mai dernier à l’occasion de la fête du travail, le directeur général de la Crtv, a battu en brèche cette révélation.

« Dites à ceux qui veulent nous intenter un procès en tribalisme qu’ils se trompent de cible, de cadre et d’histoire. Oui, la Crtv est intrinsèquement une maison de professionnels ; oui, elle veille à refléter le Cameroun dans sa grande diversité ; en revanche, oui c’est vrai, elle inscrit sa ligne éditoriale dans le droit fil des idéaux de paix, d’unité, d’intégration, d’harmonie et de développement équilibré qui sont ceux de la République », a souligné Charles Ndongo.

Seulement, entre son discours et la réalité, les faits sont têtus et parlent d’eux-mêmes. C’est pourquoi pour la plupart d’acteurs politique et même de la société civile, la politique de l’équilibre régional doit être tout simplement et purement éradiquée de la politique nationale. C’est d’ailleurs ce que recommande la directrice exécutive de Nouveaux droits de l’homme, Cyrille Rolande Bechon.

« Elle (la politique de l’équilibre régional) n’est plus acceptable parce qu’elle conforte une sorte de discrimination du fait des origines ethniques. Avec cette politique, les non méritants sont privilégiés au détriment des meilleurs », regrette-t-elle.

Le président national du Patri camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) quant à lui, suggère qu’elle soit remplacée. « L’équilibre régional doit être remplacé par l’équilibre communautaire », indique Cabral Libii. Comme quoi, la sortie du Sgpr ne ressemble donc in finish, qu’à un coup d’épée dans l’eau. L’équilibre régional, le vrai, se doit d’être repensé.

Le Messager

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