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Cameroun Actuel

« C’est injuste de maintenir la majorité des fonctionnaires dans la précarité »

Par Samuel BILLONG*

« Depuis 2016, ta tristesse et ta désolation ont élu domicile dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Notre armée dont ta vocation est de protéger la Nation y subit des pertes quasi quotidiennes avec [’utilisation par les groupes armés des armes de plus en plus sophistiquées comme il apparait dans les réseaux sociaux. Le Gouvernement parle d’ailleurs sur te drame de mercredi d’une attaque avec l’utilisation de « plusieurs engins explosifs improvisés ».

Les populations lorsqu’elles n’ont pas fui les exactions comme réfugiés dans les pays voisins ou à l’intérieur du pays comme déplacées internes, y vivent ta peur au ventre et sont régulièrement victimes des pires atrocités. Notre pays est en guerre. Nous vivons une guerre civile dans les régions anglophones du pays. Comment mettre un terme à ta guerre en niant l’existence de la Guerre?

C’est l’équation que le Gouvernement se donne à résoudre aujourd’hui. C’est une équation sans solution. C’est l’entisement assuré. Au Mouvement Réformateur, dans le cadre de notre Manifeste pour « sortir de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest et fonder un état démocratique », nous avons proposé la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale et la perspective d’un référendum d’autodétermination des populations locales. Solution à la fois démocratique et moderne. Les autorités, à tous les niveaux ont été saisies. Bien entendu, nous attendons toujours le retour de nos correspondances y relatives.

Au lendemain de ce drame, Cameroon- tribune, le quotidien gouvernemental a fait sa Une sur les véhicules offerts par le Chef d’Etat au corps préfectoral. Ceci en dit long sur l’embarras ou une certaine impuissance du Gouvernement face à la situation dans les régions anglophones. Pendant l’installation du Comité départemental du Dja et Lobo le 4 février dernier à Sangmélima, j’avais lancé un appel à tous les réformateurs de notre pays à rejoindre le Mouvement Réformateur et à nous soutenir pour que la défiance aux institutions républicaines, le communautarisme inconséquent et le conservatisme à outrance ne soient pas les seuls choix possibles pour nos concitoyens demain. Je voudrais réitérer cet appel pour l’avenir de notre pays.

Je pense très sincèrement que le Mouvement Réformateur est une chance pour notre pays. Je ne le dis pas parce que j’en suis un membre. Mais dans le contexte de notre pays, face aux nombreux risques de déchirement, avoir un groupe de citoyens qui prône l’unité par-dessus toute chose est salutaire.

Nous n’avons pas attendu 1a guerre dans les régions anglophones, ni l’exacerbation du repli identitaire théorisé ou insidieux. Nous n’avons pas attendu les attaques aux institutions de la République venues de toutes parts et nous n’avons pas attendus les bagarres feutrées des autoproclamés dauphins qui exposent la Nation à une guerre de succession au sein du régime en place. Nous n’avons pas attendu tout ça pour élever l’unité comme la priorité des priorités de notre Nation. En lisant notre charte et en prenant connaissance de nos cent et une idées réformatrices, vous allez vous rendre compte que nous avions anticipé toutes ces crises et avions proposé à la Nation des solutions idoines à chacune d’elles.

L’élection présidentielle de 2011 à laquelle nous étions candidat aurait dû être l’occasion de présenter à la nation ces solutions mais l’occasion ne nous a pas été donnée. Avec la modification de la constitution en 2008 pour lever le verrou de la limitation des mandats présidentiels, nous avons pris un peu de recul en pariant que le pouvoir avait forcé les dispositions constitutionnelles pour avoir le temps de mettre un peu d’ordre au sein de l’appareil de l’Etat, du régime et de la Nation.

Face à la situation du pays qui s’est encore empirée plus d’une décennie après cette regrettable modification constitutionnelle, nous n’avons pas eu d’autres choix que de réactiver les structures de notre parti en mai 2020. Nous avons pris nos responsabilités. C’est ce que font les citoyens et les patriotes. Je vous invite chers concitoyens à en faire autant car c’est votre indifférence qui va permettre aux fossoyeurs de l’Etat ou aux partisans du désordre de nous mener tous dans l’abîme.

Ne soyez pas simples spectateurs de la vie de votre pays. C’est parce que nous sommes spectateurs des malheurs de nos concitoyens dans les régions du Nord- ouest et du Sud-ouest que la crise qui s’est transformée en guerre civile se prolonge indéfiniment avec des conséquences sur la Nation dans son ensemble au rang desquelles on peut citer la cherté de la vie avec l’augmentation incontrôlée des prix et l’explosion de la dette intérieur de l’Etat.

Tout récemment, le ministre de 1a Fonction Publique et de la Réforme administrative a adressé une lettre de félicitation à un enseignant pour avoir supporté 10 ans sans salaire. Laissez les enseignants un an, deux ans, cinq ans ou dix ans sans intégration et sans salaire et parfois près de trente ans sans avancement, ce n’est pas seulement irresponsable, c’est vraiment méchant. Mais tout ça ne peut arriver que parce que les enseignants ont acceptés d’être spectateurs de la gestion de leurs carrières. Nous appelons le Gouvernement à dialoguer directement avec ceux qui portent les préoccupations des enseignants, à revoir de manière pertinente 1a situation des enseignants et à répondre sereinement aux préoccupations légitimes de ceux-ci pour ne pas perturber le calendrier scolaire.

C’est parce que les fonctionnaires de façon générale ont accepté d’être spectateurs que les salaires des fonctionnaires camerounais sont très bas. Le salaire moyen brut dans la fonction publique de notre pays est inférieur à la moitié du salaire moyen brut des fonctionnaires en Côte d’ivoire. Nous avons encore aujourd’hui dans notre fonction publique des salaires de moins de 50 000 FCFA alors que dans certains pays comme le Rwanda ou la Zambie, les salaires les plus bas des fonctionnaires sont respectivement 171 000 FCFA et 174 000 FCFA.

C’est très injuste de maintenir la majorité des fonctionnaires dans la précarité et en même temps de favoriser une minorité de hauts fonctionnaires qui vivent dans l’opulence à travers les indemnités des comités, des commissions, des réunions spéciales ou les frais de missions, les bons de carburant…etc en plus de leurs salaires. C’est parce que nous sommes spectateurs chacun à son niveau que certains peuvent confondre la délégation de signature à la délégation des pouvoirs.

Notre constitution, 1a Constitution de la République du Cameroun est pourtant claire sur les possibilités de délégation des pouvoirs en son article 10(2) « Le Président de ta République peut déléguer certains de ses pouvoirs au Premier Ministre, aux autres membres du Gouvernement et à certains hauts responsables de (’administration de l’Etat, dans le cadre de leurs attributions respectives» ou article 10(3)« En cas d’empêchement temporaire, le Président de la République charge le Premier Ministre ou, en cas d’empêchement de celui-ci un autre membre du Gouvernement, d’assurer certaines de ses fonctions, dans le cas d’une délégation expresse.»

Le pays est dirigé aujourd’hui par ordre ou sur les hautes instructions du Président de la République répercutées par le Secrétaire Général des Services de la Présidence de la République. Y a-t-il un problème entre le Président de la République et le Premier ministre ? il arrive quelques fois au travers des correspondances administratives qui inondent les réseaux sociaux que le Premier ministre reçoive des instructions du Président de la République répercutées par le Sgpr au Secrétaire général des Services du Premier ministre. Le Président de la République est-il incapable de tenir une séance de travail avec son Premier Ministre ou de lui donner directement une instruction écrite.

*Président national du Mouvement réformateur (MR) lors de la première assemblée générale de la Fédération départementale du Mfoundi

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