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Cameroun : le poste de vice-président en question

A l’occasion d’une session parlementai- re fût-elle extraordinaire, le pouvoir exécutif pourrait introduire le projet de modification de la constitution, et les deux chambres pourront aisément étudier et adopté le projet.

Parmi les problèmes urgents que cette question pourra régler, les analystes politiques évoquent premièrement la question de la transition politique et de la succession à la tête de l’Etat, vu l’âge avancé du président de la République, 89 ans. Le 6 novembre prochain il aura passé 40 ans au pouvoir et près de 20 ans dans les arcanes du pouvoir.

Succéder à ce genre de personnage n’est pas toujours chose aisée car telle une araignée, il aura tissé une toile qui fait de lui un démiurge dans un système qui fait de lui un immortel. Mais ce qui est sûr et certain c’est qu’un jour il partira et ce départ avant la fin de son mandat pourrait être fatal pour le pays. Il faudra donc trouver quelqu’un qui assurera l’intérim de son mandat jusqu’à l’organisation de nouvelles élections présidentielles.

Vu sous cet angle, l’on dira que le poste de vice-président de la République vient résoudre le problème de la transition politique, ce qui est en porte-à-faux avec le dispositif constitutionnel actuel, qui fait du président du Sénat le successeur constitutionnel du président de la République en cas de vacance au pouvoir. Mais à ce qu’il paraît, tout cela peut changer et un nouveau dispositif constitutionnel peut être mis en place, pour répondre à un certain nombre de besoins, notamment les questions liées à la menace sécessionniste qui sévit dans la partie anglophone du pays.

Peu importe le parti politique d’où ce personnage sera issu. Mais pour être réaliste, le parti au pouvoir est ultra dominant avec une majorité écrasante dans les deux chambres du parlement, un argument suffisant pour ne pas voir ce personnage venir d’ailleurs qu’au sein du RDPC. Il faudra bien trouver quelqu’un qui assurera l’intérim à la tête de l’Etat en cas de vacance au pouvoir.

Pour autant, il ne faudrait surtout pas que ce soit une succession de gré à gré,« de père en fils » ou par un proche collaborateur pour perpétuer le régime tel qu’il est redouté au sein de l’opinion et des partis politiques de l’opposition. L’on a vu néanmoins circuler le nom de l’ancien premier Philémon Yang qui est certes un anglophone du Nord- Ouest, mais qui est un vieux de la vielle pour avoir été deux fois premier ministre et dont la médiation dans la crise anglophone s’est soldée par un cuisant échec. L’oiseau rare doit être trouvé.

Le deuxième problème que ce nouveau poste constitutionnel pourra résoudre est celui de la crise sécessionniste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du pays mais pour autant, il faudra que l’occupant de ce poste soit issu de cette région anglophone du pays. Même si le personnage ne reçoit pas l’assentiment des guerriers séparatistes ou de leurs commanditaires, au moins le poste aura l’avantage de redistribuer les cartes dans la dévolution du pouvoir au Cameroun, surtout que les ressortissants de cette partie du pays se disent marginalisés dans les institutions.

Le Cameroun étant un Etat biculturel avec deux langues officielles d’égale valeur que sont le français et l’anglais, il aurait été souhaitable disent-ils, que les deux cultures fussent d’égale représentation au sommet de l’Etat, et non d’une représentation secondaire comme c’est le cas en ce moment où entre le président de la République et le parlement, le premier ministre qui est certes un anglophone mais n’est qu’un suppos du chef de l’Etat, car chargé d’exécuter tout simplement la politique du gouvernement. D’aucuns disent qu’il n’est que le premier des ministres.

Selon la configuration d’un président et un vice-président de la République, les deux postes devraient alterner entre un anglophone et un francophone, et vice-versa, pour faire un équilibre parfait, de telle sorte que si le président de la République est francophone, il faudra que le vice-président soit anglophone.

Et si le président de la République est anglophone, il faudra que le vice-président soit francophone. Mais surtout, il faudra que la partie anglophone du pays ait la possibilité d’avoir un fils président de la République, et que finisse la politique de l’assimilation culturelle comme on a voulu faire de nos frères anglophones.

Déjà il faut observer que parmi une demi- douzaine d’institutions, une seule est présidée par un anglophone du Sud-Ouest, à savoir le poste de premier ministre ; le Sénat est présidé par un francophone, l’Assemblée nationale, le Conseil constitutionnel, le Conseil économique et social, entre autres. Sur le plan de la traduction des textes officiels de la République, l’anglais vient toujours en second et jamais l’inverse.

Quid de l’ensemble des camerounais ?

Maintenant l’autre question centrale est de savoir qu’apportera le poste de vice-président de la République dans la résolution des problèmes des camerounais dans leur grande majorité ? Il faut d’emblée relever que le Cameroun dispose tellement d’institutions et de nombreux postes ministériels qu’on se demande qu’est ce tout cela apporte au citoyen.

En effet le citoyen lambda a besoin d’eau, de la nourriture, de l’électricité, la santé, l’éducation, les routes et bref toutes ces infrastructures qui concourent à son épanouissement et à son développement. Déjà il est de notoriété publique que le vice-président de la République ne sera qu’un second, c’est-à-dire en dessous de celui-là même qui est élu en premier et qui doit répondre de son élection devant le peuple.

Le président de la République avec son gouvernement est celui-là même qui doit rendre compte aux populations qui l’ont élu au sommet de l’Etat, même si cela ne se fait que par le biais du parlement.Les députés et les sénateurs quant à eux rendent compte dans leurs circonscriptions respectives, de la même manière que les conseillers municipaux et régionaux répondent aux populations qui les ont élus au niveau local.

Dès lors, il s’avère que créer un poste de vice-président de la République ne serait finalement qu’une diversion, une pure distraction du peuple, bref une fuite en avant qui au lieu de résoudre les problèmes cruciaux auxquels le pays est confronté, en crée d’autres, pour donner l’impression qu’on a la volonté d’avancer alors qu’en réalité on a rien fait de concret pour résoudre les problèmes des camerounais.

La preuve nous est donnée dans la manière avec laquelle est mise en œuvre le processus de décentralisation. Une décentralisation dont les manettes sont encore tenues par le pouvoir central. A quoi cela servirait-il de créer une nouvelle institution qui n’apporte rien à la résolution des problèmes de fond du Cameroun ? That is the question. Les besoins essentiels du citoyen c’est l’eau, de l’électricité, la santé, l’éducation, les routes et bref toutes ces infrastructures qui concourent à son épanouissement et à son développement.

Le Messager

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