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Affaire Eric Kouatchou : du malheur d’être Camerounais au mauvais endroit

La police camerounaise soupçonne Eric Kouatchou d’avoir prêté son badge à l’activiste Abdoulaye Thiam dans le but de faciliter à ce dernier l’accès au Salon de l’Agriculture. Pour formuler l’hypothèse surréaliste d’une complicité entre l’activiste et le journaliste, il faut n’avoir jamais mis les pieds au Salon de l’Agriculture. Visite du président ou pas, le salon reste ouvert au public, donc à l’activiste, qui a le droit d’y accéder contre paiement d’un ticket d’entrée.

Pour élaborer cette procédure inique, il faut méconnaître les règles strictes qui régissent le fonctionnement des pools de journalistes constitués pour suivre les déplacements officiels du chef de l’Etat français. Il faut ignorer, enfin, le renforcement des mesures liées à la lutte antiterroriste en France.

Depuis que j’exerce ce métier, je n’ai jamais vu ou entendu qu’un caméraman – qui plus est accrédité par les services de la présidence française – ait prêté son badge à un tiers souhaitant approcher le président. Si cela venait à se produite, il y aurait deux sortes de conséquences :

1) Du point de vue de l’Elysée, cela constituerait une faille de sécurité gravissime et, donc, susceptible de déclencher une enquête. Les services mettraient alors tout en œuvre pour confondre les auteurs du subterfuges grâce notamment à la vidéosurveillance et aux données alphanumériques des tickets/badges. La France aurait déjà sollicité une entraide judiciaire auprès des autorités camerounaises. Résident en France, l’activiste Abdoulaye Thiam aurait déjà été au moins interrogé par les services spécialisés.

2) Kouatchou aurait subi des conséquences personnelles et professionnelles. Prêter ses documents à un tiers est une faute professionnelle. Il aurait perdu le bénéfice de la carte de presse et se serait fait licencier par ses employeurs pour faute lourde. A ma connaissance, rien de tout cela ne s’est produit.

L’arrestation et le maintien en garde à vue d’Eric Kouatchou est donc à mon avis une procédure abusive et profondément injuste. Une de plus, produite par cette machine étatique rendue infernale par l’incompétence et l’impunité. Si l’Etat camerounais souhaitait en savoir plus sur les circonstances de l’échange qui a eu lieu le 22 février entre le président français et l’activiste anti-Biya, il aurait pu inviter le journaliste à lui en faire témoignage. Le journaliste aurait dit oui ou non en son âme et conscience. Mettre en œuvre la violence d’Etat pour briser des vies n’a rien à voir avec la mission de la police.

Par Georges Dougueli

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