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Torture de Longue Longue : un cri de désespoir face aux violations des droits humains au Cameroun

Le 23 octobre, le musicien et militant social camerounais populaire Longue Longue a publié une vidéo poignante montrant les tortures qu’il a subies aux mains des forces de sécurité camerounaises en 2019.

Ces images ont suscité une indignation générale et un nouvel examen minutieux de la situation des droits humains au Cameroun. En plus de violer la Convention des Nations Unies contre la torture, elles suscitent de graves inquiétudes quant à l’engagement du pays à respecter les normes juridiques internationales.

Les autorités auraient torturé l’artiste après l’avoir arrêté pour des accusations non précisées, bien que beaucoup pensent que son activisme déclaré et ses critiques des politiques gouvernementales ont contribué à son arrestation. La vidéo montre Longue Longue positionné sous une chaise pendant que quelqu’un lui frappe violemment la plante des pieds avec une machette, une punition qui viole les obligations du Cameroun en vertu de la Convention des Nations Unies contre la torture.

Violation de la Convention des Nations Unies contre la torture

Le Cameroun a ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture le 19 décembre 1986, qui l’oblige juridiquement à prévenir et à punir les actes de torture. Cependant, le traitement brutal infligé à Longue Longue est condamné comme une violation directe de plusieurs principes fondamentaux de la convention.

L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Convention des Nations Unies contre la torture le 10 décembre 1984. Elle est entrée en vigueur le 26 juin 1987.

Y a-t-il quelque chose de spécifique que vous aimeriez savoir sur cette convention ?

L’article 1 de la convention définit la torture comme le fait d’infliger intentionnellement une douleur physique ou mentale aiguë à des fins telles que l’obtention d’informations, une punition ou l’intimidation. La vidéo montrant le musicien battu en guise de punition pour sa dissidence publique viole clairement cet article fondamental.

De plus, l’article 2 oblige les États signataires à prendre des mesures efficaces pour empêcher les actes de torture dans leur juridiction. Les actions des forces de sécurité, telles que décrites dans la vidéo, mettent en évidence l’échec du gouvernement camerounais à empêcher de telles pratiques, ce qui suscite des inquiétudes quant à la prévalence de la torture dans les centres de détention à travers le pays.

En termes de responsabilité, l’article 12 exige des enquêtes rapides et impartiales sur toutes les allégations de torture. Cependant, malgré la diffusion de ces images accablantes, aucune enquête officielle n’a été annoncée sur l’incident, ce qui alimente encore davantage les critiques sur la réticence du gouvernement à s’attaquer aux abus commis par ses forces de sécurité.

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Pas un incident isolé

La torture de Longue Longue n’est pas un incident isolé. De récents rapports sur les droits humains impliquent à la fois les forces gouvernementales et des acteurs non étatiques dans des actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Divers contextes ont documenté ces abus, notamment le conflit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ainsi que dans la lutte contre Boko Haram.

Par exemple, le rapport 2023 du département d’État américain sur les droits de l’homme au Cameroun met en évidence des informations crédibles faisant état de tortures commises par les forces de sécurité, notamment l’utilisation de machettes et d’autres formes de violences physiques. Amnesty International a également signalé le recours à la torture par les forces de sécurité camerounaises contre des personnes accusées de soutenir Boko Haram.

Indignation publique et appels à la justice

Depuis que la vidéo est devenue virale le 23 octobre, les autorités camerounaises sont restées largement silencieuses. Entre-temps, la vidéo a déclenché un tollé national et international, de nombreuses personnes la condamnant comme une violation flagrante des droits de l’homme par ceux qui sont chargés de protéger le public.

Joshua Osih, le président national du Social Democratic Front (SDF), a qualifié les actions décrites dans la vidéo d’« abus inhumains de la part de nos agents chargés de l’application des lois ». Il a en outre exigé « une enquête pour établir les responsables ».

L’avocate Michele Ndoki a appelé à la responsabilité

« Il ne s’agit pas seulement d’une attaque contre un homme, mais contre la dignité et l’humanité de chaque Camerounais », a-t-elle déclaré. « La torture n’a pas sa place dans notre société, et nous devons nous unir pour exiger justice et responsabilité ».

Le soutien à Longue Longue a inondé les réseaux sociaux, de nombreuses personnes exprimant leur solidarité et leur indignation. Le créateur de contenu camerounais M. Seksi a recréé la scène effrayante de la vidéo en chantant l’hymne national, remettant en question l’engagement du pays envers la démocratie.

« Si le pouvoir appartient au peuple, est-il prêt pour un nouveau Cameroun ? », a-t-il demandé, ajoutant que le Cameroun excelle dans « l’oppression, la dictature et l’absence de liberté d’expression ».

Réponse du gouvernement et retombées diplomatiques potentielles

A ce jour, le gouvernement camerounais n’a pas encore réagi publiquement à la vidéo ni aux appels croissants à la responsabilité. Les analystes avertissent que l’inaction pourrait mettre à mal les relations internationales du Cameroun, en particulier à la lumière de ses obligations en vertu des traités relatifs aux droits de l’homme.

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Le Cameroun a fait l’objet de critiques internationales croissantes ces dernières années pour sa gestion des dissidents et des militants politiques, les allégations de torture devenant un point central. Le gouvernement nie systématiquement que ses forces de sécurité utilisent systématiquement la torture, malgré les inquiétudes répétées des organisations internationales de défense des droits de l’homme.

La vidéo de la torture de Longue Longue expose non seulement les violations des droits de l’homme en cours dans le pays, mais jette également le doute sur l’engagement du Cameroun à respecter ses obligations en vertu de la Convention des Nations Unies contre la torture. Son calvaire est devenu emblématique de l’impunité avec laquelle les forces de sécurité opèrent, souvent sans crainte de représailles ou d’enquête.

Dans une autre vidéo, Longue Longue a révélé qu’il avait intenté des poursuites au Cameroun et en France, demandant justice pour les tortures qu’il avait subies. Cette démarche audacieuse devrait accroître la pression sur les autorités camerounaises pour qu’elles s’attaquent à ces violations et garantissent la responsabilité des responsables.

Quelle est la prochaine étape ?

La publication de la vidéo montrant la torture de Longue Longue a déclenché une tempête de critiques contre le gouvernement camerounais. Alors que le pays fait face à des appels croissants à la justice, la communauté internationale observera de près si le Cameroun prendra des mesures significatives pour établir la responsabilité ou continuera à permettre à ces violations de persister sans contrôle.

Cette affaire, qui met en lumière le problème persistant de la torture au Cameroun, est un sombre rappel du besoin urgent de réformer les systèmes de sécurité et de justice du pays. L’expérience de Longue Longue n’est peut-être qu’une parmi tant d’autres, mais sa décision de s’exprimer pourrait contribuer à apporter le changement que d’innombrables autres attendent.

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