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Scandale Glencore : qui veut noyer le « poisson » ? La SNH et la SONARA sont-elles intouchables au Cameroun ?

Glencore PLC, entreprise anglo-suisse de négoce au coeur d'un scandale de corruption en Afrique

C’est ce qui peut apparaître au regard des occurrences. Alors que le 24 mai 2022, la multinationale Glencore International A.G (Glencore et Glencore Ldt) spécialisée dans le négoce de matières premières et d’exploitation minière dans le monde, a avoué, à la justice américaine et anglaise, avoir soudoyé les responsables de la SNH et de la SONARA au Cameroun, pour sa part, la Snh botte en touche et se dit ne pas être concernée par cette affaire.

Ni le gouvernement, ni la Conac encore moins la justice camerounaise ne se sont auto saisies de cette affaire, pour au moins faire la lumière en ouvrant une information judiciaire. Cette patate chaude fait frémir dans le sérail, et pourrait éclabousser de nombreux hiérarques du système BIYA. Qui a peur de la vérité ?

La Société nationale des hydrocarbures (Snh) et de la Société nationale de raffinage (Sonara) sont deux fleurons de l’économie camerounaise, qui alimentent non seulement les caisses de l’Etat, mais davantage les caisses noires de la présidence, lui permettant d’opérer discrètement dans certains domaines.

La lutte contre la corruption, et les détournements de deniers publics ont du plomb dans l’aile dans notre pays. Malgré la multiplication des instances habilitées à combattre la corruption dans notre pays, force est de constater que le système de gouvernance en place depuis 1982 est fortement grippé, incapable de tordre le cou à l’hydre qu’est la corruption.

La Commission nationale anti-corruption (Conac) que dirige le Rév. Dieudonné MASSI GAMS, lambine, se contentant des effets d’annonce sans grands impacts sociaux. Ses démembrements installés dans les ministères, gouvemorats et autres administrations, sont plus que budgétivores qu’efficaces sur le terrain. L’Agence nationale d’investigation financière (Anif) est concrètement invisible avec des résultats insignifiants.

Le Tribunal Criminel spécial (Tes) n’est pas des moindres. La justice camerounaise est aux ordres, incapable de s’auto saisir des accusations avérées de corruption. Bref, la société camerounaise est en générale profondément gangrenée par la corruption. Le cas Glencore est venu établir l’incurie des entités destinées à la lutte contre la corruption.

Les appels de Transparency international, de l’Initiative de Transparence dans les Industries Extractives (Itie), de la société civile entière, de certains hommes politiques de renon dont Joshua OSIH du Sdf, Maurice KAMTO du Mrc, Cabrai LIEU du Pcrn, du Bâtonnier Akere Muna, sont restés lettre morte.

Tout le monde a peur de s’investir dans les enquêtes y afférentes. La volonté politique du chef de l’Etat est considérablement diluée, à cause de son silence voire son indifférence. A y voir plus clair, les aveux de Glencore n’enfoncent-ils pas une porte ouverte et connue de tous? Et pourtant, le cas de Glencore n’est que l’arbre qui cache la forêt de la corruption au Cameroun.

Scandale Glencore 

Glencore a admis lors des audiences du 24 mai 2022 devant la justice américaine et anglaise, avoir versé plus de 10,5 millions de dollars (6,5 milliards de Fcfa) pour inciter des responsables de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) et de la Société nationale de raffinage (Sonara) à favoriser les opérations de Glencore au Cameroun.

Les avocats de Glencore ont clairement indiqué que Glencore a soudoyé des responsables de la Snh et de la Sonara pour les aider à obtenir des cargaisons de pétrole brut ou pour obtenir un prix indûment favorable pour ces cargaisons.

Ces conclusions sont clairement prouvées et documentées par le département américain de In justice et le Serious Fraud Office (Sfo) du Royaume-Uni. Glencore est obligé de fournir toutes les preuves car une partie de son plaidoyer de culpabilité consiste à mettre en place un contrôle et des rapports de conformité stricts. En outre, Glencore a accepté de payer des règlements d’un montant 920 milliards Fcfa couvrant des pénalités et des réparations pour leur implication dans de multiples accusations de corruption.

Par ailleurs, d’après les révélations de Glencore, on peut lire que Glencore a versé des pots- de-vin pour obtenir des contrats pétroliers. Glencore a versé des pots-de-vin pour éviter les auditions gouvernementaux. Glencore a soudoyé les juges pour faire dis- paraitre des poursuites judiciaires.

Au fond, Glencore a versé des pots- de-vin pour gagner de l’argent et ce, avec l’approbation et même l’encouragement de ses dirigeants. Les aveux de Glencore mettent clairement en évidence le fait que l’Etat du Cameroun a très probablement perdu plusieurs milliards de Fcfa suite à ces pratiques de corruption.

Il est évident que la portée et l’ampleur de l’implication des responsables de la Sonara, de la Snh, du gouvernement et très probablement des autorités judiciaires, justifient la fébrilité, la peur de la vérité, voire le vœu d’éteindre ce scandale tentaculaire qui pourrait ébranler tout ]e sérail y compris le Chef de l’Etat, quand on sait que la Snh est réputée approvisionner la caisse noire présidentielle. Il en a été le cas lors de l’achat de l’Albatros, cet avion présidentiel à problème.

Réaction controversée de la SNH : « Il est portée à la connaissance de l’opinion publique nationale et internationale que la SNH n’est ni de loin, ni de près, associée à de telles pratiques, strictement interdites par son règlement intérieur. Les autorités américaines et anglaises ont été saisies, en vue de fournir les éléments qui permettraient d’établir la véracité de ces allégations« , a indiqué Adolphe Moudiki ci-devant Administrateur Directeur général de la Snh, ceci depuis plus de 34 ans.

Son communiqué du 30 mai 2022, est aussi controversé qu’illogique si tant est que la Snh, présumée corrompue, voudrait avoir les preuves de sa culpabilité. Il revient à la justice camerounaise, de se saisir de cette affaire, et de demander les preuves alléguées.

Mais au regard des tenants et des aboutissants de cette affaire scandaleuse, qui pourrait éclabousser de nombreuses pontes du régime, on voit mal ce régime se mouvoir dans le sens de la manifestation de la vérité. Les aveux de Glencore sont si flagrants, qu’on douterait peu de leur véracité.

La Snh et dans une moindre mesure la Sonara, ci-devant pourvoyeuses de ressources financières à l’Etat mais davantage dans certaines caisses noires, dont le chef de l’Etat s’en sert, sont tacitement au-dessus de toutes poursuites pénales au Cameroun, à moins des pressions internationales. In fine, ce scandale pourrait rester sans suites, jetée aux nombreuses orties de la mal-gouvernance camerounaise.

Et pourtant !

Selon toute vraisemblance, le 8 janvier 2019, le Chef de l’Etat a signé un décret autorisant l’exploitation exclusive du champ pétrolier d’hydrocarbures liquides, dans le bloc sédimentaire offshore du Rio Del Rey au Cameroun.

La demande de Glencore avait été introduite en juin 2017 auprès de la Snh ; Le champ pétrolier en question s’étend sur une superficie de 70,3 km2 et d’une hauteur totale de 13.7 m, dans un réservoir principal, avec 6,2 m de hauteur nette d’huile. Ce champ avait été découvert en novembre 2012 par Glencore. Le partage du fruit de cette exploitation s’est fait sur la base de 75% pour Glencore, et 25% restant pour la Snh.

Quant au partage de la production, le contrat y afférent indiquait que le Cameroun conserverait la propriété sur les données, les études et les rapports générés par l’exploitant. Glencore déboursera environ 55 millions Fcfa destinés à la formation dans le domaine pétrolier, de ressortissants camerounais. C’est ce contrat visiblement léonin qui serait entaché de nombreuses irrégularités.

Ouest Echos

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