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Présidentielle 2025 : Maurice Kamto face à une campagne de disqualification prématurée

À moins de six mois de l’élection présidentielle, le ministre de l’Administration territoriale, le secrétaire d’État au ministère de la Justice chargé de l’Administration pénitentiaire, le secrétaire général du RDPC et certains médias ont déjà disqualifié le professeur Maurice Kamto, arrivé deuxième lors du dernier scrutin.

Légalement, ce sont Élections Cameroun, ELECAM et le Conseil constitutionnel qui ont la prérogative légale de rejeter tout candidat aspirant à la magistrature suprême.

Au dernier décompte, huit candidats ont déclaré leur intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2025 : Joshua Osih (SDF), Cabral Libii (PCRN), Akere Muna (Univers), Tomaino Ndam Njoya (UDC) et Célestin Bedzigui (Parti de l’Alliance libérale).

D’autres candidats, présentés par des partis politiques obscurs, sont Christian Ntimbane Bomo, Serge Espoir Matomba, Jean Blaise Lucky Gwet et Success Nkongho.

Bien sûr, il y a Maurice Kamto, dont la candidature a suscité un vif débat national, la panique, voire la phobie.

Pourquoi alors cette diatribe visant à disqualifier Kamto, ou non, alors que malgré la modification du Code électoral limitant la participation à une poignée de partis (18 sur plus de 300) disposant de représentants au Sénat, au Parlement ou aux conseils, il pourrait toujours être parrainé par n’importe lequel des partis qualifiés ou se présenter comme candidat indépendant ?

Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, sans toutefois mentionner Kamto, mais sans laisser de doute sur le fait qu’il faisait référence au leader du MRC, a déclaré que les candidats étaient « disqualifiés » et pouvaient attendre 2032 s’ils souhaitaient se présenter.

Des titres tels que « Kamto ne peut pas être le candidat de l’APC », selon Atanga Nji, ont commencé à apparaître dans les médias à la fin de l’année dernière, lorsque l’alliance APC l’a présenté comme leur candidat unique.

Lors d’une conférence de presse le 4 mars 2025 à Yaoundé, le ministre Atanga Nji a déclaré, sans mentionner Kamto, mais sans laisser planer le doute, qu’il s’agissait bien de lui, qu’il boycottait les élections municipales et législatives de 2020.

« On vous donne l’opportunité d’aller aux élections et vous dites : « Je n’irai pas aux élections ». Aujourd’hui, c’est comme si vous dormiez et que vous vous réveillez subitement pour parler d’élections, de quelles élections ? Ceux qui ne peuvent pas participer à cette élection présidentielle de 2025, qu’ils attendent 2032, le ciel ne va pas nous tomber sur la tête. »

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Le 17 mars 2025, un journal titrait : « Élection présidentielle 2025 : Les jérémiades d’un DISQUALIFIÉ ». Ce titre alarmant était illustré d’un portrait du président national du MRC. Maurice Kamto, dans une déclaration écrite, a déclaré que la publication avait été sponsorisée pour préparer les esprits des Camerounais à sa disqualification.

Maurice Kamto affirme également que Jean Kuete, secrétaire général du Comité central du RDPC, a confirmé sa disqualification dans un communiqué de presse surprenant du 14 janvier 2025.

S’inspirant de ce communiqué, Jean de Dieu Momo, membre du gouvernement de l’opposition, a qualifié Maurice Kamto, dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, de « pape de la loi » qui devrait savoir qu’il est disqualifié.

« Qui cherche-t-il à tromper ? Ses militants ? Le peuple ? Ou peut-être la communauté internationale ? » a demandé Momo dans sa déclaration, avant de répondre à ses propres questions.

« Il veut tromper la communauté internationale pour se faire passer pour une victime. Il a publié une menace qui m’a bouleversé, et j’ai relu ces dispositions légales, et je reste convaincu qu’il est DISQUALIFIÉ de la course présidentielle s’il est désigné par le MRC », a déclaré Jean De Dieu Momo.

Ironiquement, le ministre Momo, avocat de profession, a ajouté que « à moins qu’il ne produise les 300 signatures requises » par la loi électorale, il reste ÉLIGIBLE s’il se présente avec un autre parti politique ayant un représentant élu.

« Et le Pape le sait parfaitement ! Donc, en conclusion, il ne prépare pas l’élection présidentielle de 2025 : IL PRÉPARE UN SOULÈVEMENT POPULAIRE POUR PRENDRE LE POUVOIR PAR LA RUE. AVEC L’AIDE ÉTRANGÈRE. [majuscules] C’est de cela qu’il s’agit ! » a conclu Jean De Dieu Momo.

La semaine dernière, Jean De Dieu Momo a reçu une autre réponse sur les réseaux sociaux de Jean Calvin Aba’a Ayono, professeur de droit constitutionnel, qui a écrit que « Maurice Kamto inspire une peur bleue qui explique une telle hystérie ».

Il a ensuite ajouté que la déclaration de Jean De Dieu Momo « … est un exemple typique d’un avocat improvisé dans ce domaine du droit politique, également appelé droit constitutionnel substantiel. Ses écrits relèvent de ce que l’on peut appeler le droit de proximité, qui est l’antithèse du droit constitutionnel authentique que Kamto et moi enseignons ».

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Ayono a expliqué que « sur la base de l’article 15 de la Constitution, en ses paragraphes 2 et 3. Je le répète, aucun argument normatif ne peut entraver sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Seuls les arguments politiques de faiblesse intellectuelle, de bassesse morale et de calomnie, fondés et déclenchés par la peur de cette candidature pertinente, tendent désespérément à préparer l’opinion publique aux manœuvres obstructionnistes des hommes du pouvoir éternel ».

Il a affirmé dans son communiqué que la cible n’était pas Kamto, mais qu’il s’agissait de détourner l’attention d’un « vote de sanction contre un régime au pouvoir ».

Dans sa propre déclaration la semaine dernière, Kamto a déclaré : « Le MRC ne permettra pas au RDPC d’exclure son candidat de la prochaine élection présidentielle. … Si, malheureusement, ils sont tentés de manipuler les autorités compétentes pour recevoir ou valider des candidats à la prochaine élection présidentielle, ils doivent se rappeler que le Cameroun a une Constitution et des lois qui s’appliquent à tous, y compris au RDPC et à ses partisans. »

L’on est en droit de se demander, mais pourquoi, parmi les huit candidats ayant déclaré leur intention de défier le parti au pouvoir, seul celui de Kamto suscite-t-il des interrogations ? Selon la loi électorale, seuls ELECAM et le Conseil constitutionnel peuvent statuer sur les candidats à l’élection présidentielle d’octobre.

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