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PlaYce Yaoundé : « ce supermarché met en lumière des inégalités qui étaient cachées jusqu’à présent »

Dans une tribune récemment posté sur le réseau social Facebook, le cinéaste Jean Pierre Bekolo estime que l’ouverture du supermarché PlaYce à Yaoundé conforte les inégalités sociales.

« Ceux qui vous regardent

Depuis l’ouverture du nouveau temple français de la consommation dans la capitale du Cameroun sous le haut patronage du chef de l’État, une de mes théorie se vérifie chaque jour un peu plus. La sortie du parking du plus grand supermarché d’Afrique centrale dit-on, qui surplombe ce quartier populaire de Yaoundé, est devenue comme le stade de football de Olembe, avec une tribune et de nombreux spectateurs.

Ainsi, lorsque vous sortez du supermarché avec vos courses, il y a des gens assis là pour vous regarder. Avant les riches consommaient sans être vus. Ils prenaient l’avion et allaient consommer en France, aux Etats-Unis, à Dubai ou en Afrique du Sud.

Aujourd’hui ils vont consommer devant nous tous et leurs achats sont pour le peuple tout autant un divertissement qu’un match de football qu’on regarde, non plus à la télévision, mais dans le nouveau stade de la Briqueterie. Ceux qui regardent, regardent parce qu’ils ne peuvent être que spectateurs du spectacle de la consommation qui nécessite ce qu’ils n’auront jamais: de l’argent, beaucoup d’argent… au vu du niveau de vie des populations de la Briqueterie.

Ne dit-on pas que c’est une malédiction d’être riche au milieu des pauvres? Sauf que être spectateur ici est un privilège. Car il y a des gens dans les autres quartiers populaires comme Etam-Bafia, Mokolo Elobi, Ntaba, Mini Ferme… qui rêveraient d’être là, pour ne serait-ce que voir ce qui se passe désormais à la Briqueterie où on se bouscule désormais pour avoir la meilleure place. Bientôt, ces places de spectateurs du spectacle de la consommation seront comme la télévision par abonnement payantes si on veut avoir le privilège de regarder les autres « vivre ».

C’est donc à la Briqueterie que se vérifie ma « théorie de la réalité ». La théorie de la réalité nous apprend que le monde est divisé en quatre catégories : ceux qui écrivent ce que les autres vivent, ceux qui jouent le scénario écrit pour eux, ceux qui regardent et ceux qui ne savent pas ce qui se passe.

D’où le premier principe de ma théorie de la réalité qui nous dit que la vie n’est qu’un spectacle écrit, joué et regardé par les humains. Elle inclut également ceux qui ne savent pas ce qui se passe.

Le deuxième principe de ma théorie de la réalité dit qu’il y a une hiérarchie, c’est-à-dire que ceux qui écrivent sont au-dessus de tout le monde, puis viennent ceux qui jouent et seulement ensuite ceux qui regardent. Ceux qui ne savent pas ce qui se passe sont en bas de l’échelle.

Le troisième principe de la théorie de la réalité complète le deuxième en disant que tous ceux qui appartiennent à une catégorie aspirent à la catégorie supérieure. Ainsi, la personne qui ne sait pas ce qui se passe aspire à devenir un spectateur qui n’aspire qu’à devenir un acteur qui lui-même voudrait être celui qui écrit ce que les autres vont vivre.

Voilà pourquoi le rêve des laissés pour compte est d’acheter une télé pour regarder ceux qui ont la chance d’être parmi ceux à qui le très haut qui écrit nos vies à nous tous, a donné un rôle à jouer… d’où nos nombreux prési, dg, professeur, excellence, honorable, majesté…

Si l’ouverture de ce supermarché fait une chose, c’est qu’elle met en lumière des inégalités qui étaient cachées jusqu’à présent et qui matérialisent cette théorie de la réalité. Si vous vous demandez encore à quelle catégorie vous appartenez, essayez d’aller faire vos courses au supermarché et à défaut de lire l’heure, vous allez lire la réalité ! »

Jean Pierre Bekolo

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