fbpx

Cameroun Actuel

Pénurie de carburant : Dieudonné Essomba éventre la plus terrible tragédie de notre gouvernance macroéconomique

Dans une tribune posté sur le réseau social Facebook, le Dr Dieudonné Essomba donne une analyse claire de la pénurie actuelle de carburant au Cameroun. Pour l’économiste, un pays dont les dirigeants n’ont pas la claire maîtrise des notions de FCFA et de devises est un pays perdu. Et c’est le cas du Cameroun.

Lire l’analyse de Dieudonné Essomba :

Pénurie de carburant ou l’image de ce qui nous attends

Certains Camerounais ne comprennent pas ce qui se passe sur le carburant et la communication gouvernementale ne fait qu’aggraver la confusion.

Les choses sont pourtant très simples. Le Gouvernement subventionne le carburant, ce n’est pas faux. Toutefois, cette subvention n’est pas un transfert de ressources venant d’autres secteurs visant a maintenir les prix a un niveau faible.

Non

Il s’agit tout simplement d’une renonciation à des taxes que le Gouvernement aurait dû normalement prélever sur le secteur.

Par exemple, quand un Ministre dit que la Cameroun a payé des subventions de 300 milliards, il laisse véhiculer le message que la Direction Générale des Impôts aurait collecté l’argent auprès des entreprises pour payer le carburant, ce qui n’est pas vrai. Cela signifie tout simplement que les taxes qu’auraient du collecter l’Etat sur le carburant sont de 300 milliards.

C’est une sorte de manque à gagner et non un transfert de ressources collectées dans un autre secteur.

Des lors, les pénuries du carburant s’expliquent simplement : il n’y a pas de devises…

Et c’est ici que nous atteignons la plus terrible tragédie de notre gouvernance macroéconomique, à savoir l’incapacité des gestionnaires du pays a faire la différence entre le Franc CFA et les devises.

Pour eux, le fait que nos banques soient surliquides en CFA et que l’Etat puisse avoir accès à cet argent a travers des emprunts obligataires est la preuve que le pays se porte bien.

Or, ce qui est important ici, ce sont plutôt les devises qui nous permettent d’acheter a l’extérieur et non le CFA. Car, même si par nature, le CFA peut être converti en Euro qui est une devise, cette conversion se limite au stock en devises qui est dans la BEAC. Des lors que les demandes de conversion du CFA déborde notre stock en devises, l’opération de conversion se transforme immediatement en une dette extérieure.

Comme on peut donc le voir, la dette extérieure du Cameroun se constitue de deux manières.

1. Soit de manière contractuelle, quand le Gouvernement va prendre l’argent en Chine pour construire un barrage. C’est la dette la plus visible, mais en réalité la moins dangereuse

2. Soit de manière fonctionnelle, à travers des déficits cumulés de la balance courante. Autrement dit, quand nous importons trop et nous exportons trop peu, car évidemment les autres pays ne sont pas nos esclaves pour nous donner leurs biens sans payer.

Un pays dont les dirigeants n’ont pas la claire maîtrise de ces notions est un pays perdu. Et c’est le cas du Cameroun.

Comment a-t-on pu envisager un développement basé sur la dette contractuelle pour réaliser les Grands Projets sans bloquer la dette fonctionnelle alimentée par le déficit de la balance courante? Et comment a-t-on pu croire à la durabilité d’un tel modèle de développement?

C’était du pur suicide économique.

A l’instar de vrais Economistes nationaux qui sont malheureusement rares, je me suis battu pour qu’on sorte de cette gouvernance schizophrène, devant les moqueries des imposteurs de métier qui ont pris la décision économique en otage.

Nous sommes maintenant ou? Avec une dette extérieure de 8000 milliards en devises, pour 2500 milliards de recettes qui plus est, grèvees de 1000 milliards d’un déficit commercial de plus en plus explosif, nous pouvons éviter un ajustement structurel en faisant quelle magie?

Les réserves en devises sont pratiquement nulles, et nous n’avons plus rien pour acheter ne serait-ce que la carburant. Et pour un modique montant de 49 milliards en devises, le FMI mène le Gouvernement par une laisse.

Et vous avez pu voir comment nos Ministres mendient les approbations des bureaucrates du FMI, avec la docilité d’un toutou qui mendie un regard amène de son maître, en frétillant la queue.

Aujourd’hui, le FMI a instruit le Gouvernement de mettre fin aux subventions du carburant. Comme je l’ai dit plus haut, le FMI demande que l’Etat prélève désormais les taxes auxquelles il renonçait jusque là. Le but n’est pas de renflouer les caisses de l’Etat, mais de lui remettre cet argent afin de rembourser la dette monstrueuse que le Cameroun doit aux étrangers

Je ris de ces petits rigolos qui vocifèrent partout que le Gouvernement ne peut pas. Est-ce que le Gouvernement va faire parce qu’il veut? Il fait l’idiot, le FMI ne donne plus aucun sous et nous nous retrouvons sans carburant du tout.

Vous croyez que la pénurie actuelle est gratuite ? C’est bien ce qui nous attend si le Gouvernement fait le fanfaron en refusant de suivre les terribles instructions de Maître FMI, huissier de justice, commissaire priseur au niveau des pays mauvais payeurs.

En définitive, c’est avant 2015 qu’il fallait nous écouter pour éviter la crise et prendre des mesures idoines. Maintenant, c’est tard, beaucoup trop tard pour éviter un sévère ajustement structurel.

Les Camerounais doivent donc se préparer a mener une vie misérable de ver de terre pendant 20 ans encore. Contrairement à ce qu’ils croient, ils subiront l’augmentation des prix, la baisse des revenus et notamment des salaires publics, la compression des effectifs, la braderie des quelques entreprises d’Etat rescapées du premier ajustement, et enfin, de la dévaluation.

Il n’existe absolument rien qui peut nous éviter ce misérable destin. Et contrairement aux fanfaronnades, ils ne feront rien.

Dieudonné Essomba

1 réflexion sur “Pénurie de carburant : Dieudonné Essomba éventre la plus terrible tragédie de notre gouvernance macroéconomique”

  1. Sans être économiste, j’ai toujours été étonné par l’absence de vision de nos gouvernants;
    A côté du gisement de fer de Mbalam Nabeba, il est possible de construire un barrage à Cholet sur le modèle PPP qui peut permettre de lancer une industrie métallurgique et d’exporter des produits en acier et se procurer des devises. Il en est de même pour l’aluminium de Minim Martap qui aurait pu être raffiné à Edéa, moyennant le triplement des capacités d’Alucam et un barrage à Song Mbenguè ou Grand Eweng comme l’envisageait Rio , pour diversifier nos sources de devises. A la place nous envisageons en 2022 d’exporter de la terre de fer ou la bauxite à partir des ports de Douala et Kribi que la Chine est en train d’agrandir inutilement à coups d’emprunts. Comment pouvons nous développer notre industrie avec ce genre de décisions? Je ne parle pas des produits agricoles pourvoyeurs de devises comme le cacao, la banane qui stagnent, le café dont la production s’est effondrée, l’huile de palme, le riz, le blé que nous importons. Seul le coton croît lentement mais les capacités de transformations sont ridicules. Comment avoir des devises pour rembourser près de 1400 milliards chaque année d’autant plus que nous importons massivement des produits pétroliers raffinés, plus chers que le pétrole brut dont la production est elle même en baisse. Je crains vraiment pour mon pays

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi