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Paul Batibonak : « le président Emmanuel Macron a souvent consulté le chef de l’État Camerounais »

Perplexe, le ministre plénipotentiaire, professeur associé et coordinateur du Centre de Recherches, d’Études Diplomatiques, Internationales et Stratégiques (CRÉDIS), éprouve aussi une certaine méfiance à l’égard du président français.

Le président français Emmanuel Macron est annoncé à Yaoundé. Que peut cacher cette visite, quand on sait qu’il a passé son premier quinquennat sans venir au Cameroun ?

Une certaine discrétion caractérise la communication des acteurs locaux quand il s’agit de l’objet de la visite du Président français au Cameroun. À ce stade, il n’est pas évident de déterminer qui est le demandeur de cette visite. Néanmoins, le contexte dans les deux pays ainsi que l’histoire récente dans les relations bilatérales pourraient donner quelques pistes.

On pourrait relever que dans ce pays de 48,7 millions d’électeurs, Emmanuel Macron, après une avance de près de 28% au premier tour, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle au second tour avec un total de 18.779.641 voix, soit 58,54%, contre 13.297.760 voix pour Marine Le Pen, soit 41,46%.

En outre, les formations politiques qui structurent sa majorité parlementaire n’ont pas obtenu le seuil de 289 députés à l’Assemblée nationale qui donne les coudées franches au gouvernement pour dérouler son programme politique. À ces indicateurs de la météo politique, s’ajoutent la canicule, l’inflation, la crise énergétique et le déclassement de l’Euro à côté du franc Suisse ou encore du dollar américain. Devrait-on penser que celui qui a longtemps reclassé le Cameroun dans le ranking des partenaires français de premier plan en Afrique, durant son premier quinquennat, s’est ressaisi ou qu’il est en quête de bouée de sauvetage ?

Serait-il en train de vendre son projet héraultais françafricain au Président Paul Biya dont les concitoyens restent particulièrement critiques à l’endroit des promoteurs de ce curieux dessein pour l’Afrique ? Nous en saurons un peu plus dans les prochains jours.

Sur un autre plan, il n’est pas exclu que le chef de l’État Camerounais, grand stratège et porteur de la vision de l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035, ait pensé reprendre la main sur un certain nombre de dossiers sensibles. Une visite dans le contexte de transition et d’alternance revendiquées au sommet de l’État qui suscite toutes sortes de commentaires dans l’opinion publique pourrait contribuer à rationaliser les élans de la concurrence politique en interne afin de mener le processus de main de maître.

Cette visite intervient dans un contexte international dominé par la guerre russo-ukrainienne. La position du Président Biya en tant que doyen des chefs d’État africains est-elle importante ?

Il convient de relever que le président Emmanuel Macron a souvent consulté le chef de l’État Camerounais sur de nombreux sujets concernant l’Afrique. On ne devrait pas oublier qu’en 2010, le président Paul Biya avait déclaré que l’Afrique souhaite avoir son mot à dire sur tout ce qui concerne son avenir.

Par ailleurs, la « force de l’expérience » qui lui est reconnue n’est pas un vain mot, eu égard à son parcours particulièrement remarquable. Sous Paul Biya, le Cameroun a pu maîtriser la guerre avec le Nigéria, porter et défendre les intérêts de l’Afrique pour un mandat au poste de Secrétaire général des Nations Unies, présidé le Conseil de sécurité de cette organisation mondiale alors que les États Unis voulaient attaquer l’Irak sans l’aval de la communauté internationale.

L’actualité de la conflictualité internationale en Europe de l’Est, marquée notamment par l’enlisement du conflit et l’inefficacité à court terme des séries de sanctions en constante augmentation contre la Russie impose certainement d’écouter ceux qui avaient d’autres lectures à cet égard. L’Afrique qui s’est ouverte à la Chine, à la Russie, et à des partenaires autres que ceux qui n’ont pour agenda

que l’esclavage, l’impérialisme, la domination et la spoliation, a probablement un meilleur message de paix et de coopération à proposer aux suprémacistes impénitents et par conséquent incorrigibles, mais dont l’influence sur la planète est en bout de souffle.

Emmanuel Macron s’est récemment illustré dans une sortie désobligeante sur la transition politique au Cameroun, interpellé en cela par l’activiste Wilfried Ekanga. Est-ce que cela a pu affecter les rapports avec son homologue Paul Biya, l’obligeant ainsi à venir remettre les choses dans l’ordre ?

Rien n’est moins sûr, quand on sait que l’hôte du président Paul Biya est un récidiviste et qu’il n’a pas toujours brillé par un changement de méthode. Certes, il a fait évoluer le discours par rapport à ses prédécesseurs. Mais qu’en est-il du fond ou de la trajectoire ? Aurait-il l’intention de reconnaître le génocide français au Cameroun durant les périodes de revendication de l’indépendance complète du territoire ?

C’est d’ailleurs le lieu de préciser que la France a non seulement détourné la mission qui lui a été confiée tour à tour par la SDN (le mandat) que par l’ONU (la tutelle) au Cameroun, mais bien pis, elle a fait perdre à notre pays des superficies considérables au profit des pays voisins qui n’avaient pas le statut de « pupilles Onusiennes » au même titre que notre triangle national.

Dans tous les cas, Emmanuel Macron arrive au Cameroun précédé d’une image négative ; celle d’un chef d’État turbulent, arrogant et méprisant, pourtant jugé intelligent et capable d’opérer des changements paradigmatiques majeurs.

De nombreuses questions restent en suspens : Vient-il en reconquête d’une proie qui lui aurait échappée, ou dessiner les contours des « Nouvelles relations Afrique-France », selon le duo Mbembe-Macron ? Serait-il en mesure d’affronter le passif d’une séquence historique peu ou jamais assumée ?

Croit-il comme ses prédécesseurs que le peuple camerounais serait amnésique ? Vient-il à l’école de la sagesse auprès de Paul Biya ? Seul le déroulé de la visite du président français confirmera si son champ lexical contient certains synonymes du pardon ou si un « ordre » nouveau, différent de l’ancien, est envisagé dans les relations entre les deux acteurs et les deux partenaires historiques.

Ce qui est sûr, c’est que le peuple Camerounais, bien que jaloux de sa souveraineté, ne prive jamais aucun de ses hôtes, ni de sa traditionnelle et légendaire hospitalité, ni de sa riche amitié. Wait and see.

Mutations

1 réflexion sur “Paul Batibonak : « le président Emmanuel Macron a souvent consulté le chef de l’État Camerounais »”

  1. Finalement quand est-ce que ces pauvres africains en général et camerounais en particulier trouveront leur liberté, d’ici à là il faut comprendre que c’est parti encore pour longtemps, » nous n’avons pas des ordres à recevoir de la France,le Cameroun n’est pas la chasse gardée de qui que se soit » telles sont les paroles de nos dirigeants,sauf que c’est quand le chat n’est pas la ,je suis souvent déboussolé d’observer la façon à laquelle les africains sont réduits quand il s’agit d’un blanc, maintenant tout est en arrêt parce qu’un blanc doit faire le déplacement, j’ai bien envie d’évaluer la même effervescence si c’était à l’opposé, vraiment on doit retrouver la ligne à défaut de faire perdurer cette situation,que Macron vienne au Cameroun ou pas, ça ne devrait pas faire autant de bruit, parce à l’opposé on ne constate pas la même mouvance, maintenant il est temps qu’on liquide ces conneries d’une autre époque,le véritable débat se trouve au niveau de la situation actuelle des camerounais et de leur lendemain, les politiques se doivent de libérer ce pays

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