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Nationalité : la Carte nationale d’identité prise en otage

Des millions de Camerounais attendent, depuis des années de rentrer en possession de leur pièce d’identité. La police et l’opérateur espagnol gardent un silence ronflant sur le sujet.

Un événement insolite, rapporté par plusieurs médias électronique locaux a eu lieu le 10 octobre dans un commissariat de police de Bafoussam. Un individu présenté comme un vendeur à la sauvette, las d’aller réclamer sa carte nationale d’identité (CNI), et face à ce qu’il a considéré comme de l’arrogance de la part des fonctionnaires ce police, s’est mis en devoir de saccager le commissariat où il s’est fait délivrer cette pièce voici des années. Le sort du vandale n’a pas été communiqué, mais H va sans dire que le protestataire risque gros, au plan de la loi et des réalités locales.

Ce que l’on risque de retenir, en effet, c’est l’acte de colère et non les raisons de son courroux. Ce qui ne règle rien à la polémique qui enfle à travers le pays à propos de la délivrance des CNI définitives. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans n’importe quel centre d’identification du pays pour constater la galère que vivent de nombreux citoyens. Et la situation ne fait qu’empirer au fil des semaines.

Obtenir cette pièce aujourd’hui relève pratiquement du miracle, tant le chemin est tortueux et le mystère entier, la police continuant d’entretenir le mystère quant à la délivrance chaotique desdites pièces. Pour la majorité, seul le récépissé, plusieurs fois prorogé et qui parfois est devenu illisible, tient lieu de laissez- passer – et encore î- lors des contrôles.

Déjà, à ce niveau la police nationale, garante du respect de la législation en vigueur, se retrouve en porte-à-faux avec le décret du 4 août 2016 fixant les caractéristiques et les modalités d’établissement et de délivrance de la CNI. L’article 8 dudit texte, en son alinéa 3, dispose que «la validité du titre d’identité provisoire et de trois (3) mois, éventuellement renouvelable une fois». Il existe pourtant d’innombrables cas où cette opération a été reconduite plus de 10 fois.

Gros embarras

Afin de permettre aux candidats à la CNI de voir clair dans le processus d’établissement de ladite pièce, fa DGSN a mis à la disposition du grand public des numéros verts et WhatsApp permettant de connaître la situation de la pièce en attente de délivrance ou de retrait. Dans la réalité, très peu d’usagers ont pu avoir une réponse concrète à partir de ces dispositifs.

Le mystère s’épaissit lorsque la police, souvent si prompt à vanter ses prouesses face au grand banditisme, par exemple, se montre particulièrement taiseuse face à ce peuple qui réclame ses CNI. Aucune communication à ce jour, en dehors d’indiquer que plusieurs de ces pièces sont en souffrance dans des centres d’identification.

Pourtant à en croire des sources internes, une grande partie desdites cartes a connu un problème d’aiguillage à leur sortie, et se sont parfois retrouvées dans des commissariats où aucun propriétaire n’aura l’idée de venir les y chercher.

Mais comment peut-on expliquer qu’une pièce à double face, a priori aussi simple à générer, devienne un parcours du combattant pour être délivrée alors que le passeport, bien plus complexe à établir, s’obtient désormais en 48 heures après l’enrôlement, s’il ne connaît pas de rejet ? Comme la police, l’ibérique Gemalto, en charge depuis fin juillet 2015 de la sécurisation de la carte nationale d’identité après l’éviction du français Thalès, ne semble pas disposé à apaiser les millions de Camerounais qui rêvent d’une CNI.

Des sources proches du dossier, sous couvert d’anonymat, font état de l’embarras du Cameroun de dénoncer le contrat avec ce prestataire, un opérateur présenté comme seul à détenir la technologie de gravure de la nouvelle CNI. «Ce n’est pas facile de se débarrasser de Gemalto, soupire-t-on. Il a protégé son application si bien qu’en cas de rupture du contrat, le Cameroun devra baver pour reprendre tout le processus depuis le début.»

Aurores Plus

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