Maroua est en effervescence depuis le samedi 7 décembre 2024. Les conducteurs de motos taxis, unis sous la bannière de la Fédération Camerounaise des coopératives des motos taxis (Fecacomottax), ont organisé une vaste mobilisation dans les rues de la ville.
L’ objectif est d’exprimer leur soutien au président Paul Biya et l’appeler à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2025.
À bord de leurs motos décorées de banderoles et d’affiches, les mototaximen ont défilé pour manifester leur volonté. Une cérémonie officielle, présidée par l’inspecteur général des services du gouverneur, Mamoudou Maoundé, s’est tenue à la place des fêtes. C’est là que les manifestants ont remis une motion de soutien destinée au président de la République.
Au-delà de leur soutien, les mototaximen ont aussi partagé leurs doléances. Les agressions, les meurtres et les obstacles à l’exercice de leur métier sont devenus leur quotidien. « Chaque jour, on tue nos collègues. Cela nous empêche de travailler sereinement », a déploré Yaouba Yaya, mototaximan.
Son message a été renforcé par celui de Georges Souloukna, syndicaliste, qui a souligné la nécessité de mesures urgentes pour garantir leur sécurité. Bertin Mathieu Fodjeu, président du Conseil d’administration de la fédération, a réaffirmé l’engagement de son organisation à soutenir ses membres, tout en appelant à une collaboration renforcée.
La prochaine élection présidentielle au Cameroun est prévue en octobre 2025. Paul Biya, « le candidat naturel » du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) aura alors 92 ans et 10 mois, après avoir avalé 42 ans de règne sans partage.
Depuis son accession au pouvoir en 1982, Paul Biya n’a jamais annoncé sa candidature bien à l’avance, préférant attendre environ deux mois avant l’élection pour le faire.
En 2018, il avait ainsi déclaré sa candidature en juillet, à peine deux mois avant le scrutin présidentiel. Ces annonces étaient précédées par des « motions de soutien » de ses partisans, une stratégie souvent utilisée pour préparer le terrain à son entrée en lice.
Malgré tout, à 91 ans, Paul Biya fait face à une opposition grandissante, même au sein de son propre parti. Certains membres du RDPC, comme Léon Théiller Onana, conseiller municipal à Monatele, ont exprimé publiquement leur désir de voir le président démissionner en raison de son âge avancé et de la durée de son mandat. Ce dernier, dans une lettre récente, a même déclaré son intention de défier Biya avant le début de la prochaine campagne électorale.
Les inquiétudes quant à la capacité de Paul Biya à gouverner le pays se font également de plus en plus entendre. Ses détracteurs dénoncent un vide de leadership, affirmant que le Cameroun semble actuellement abandonné, en raison de l’incapacité perçue du président à diriger.
Alors que les spéculations continuent de circuler, une seule chose est certaine : le mystère autour de la candidature de Paul Biya pour 2025 reste entier, et le suspense est à son comble dans le paysage politique camerounais.