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Giorgia Meloni, l’envoyée très spéciale du FMI à Tunis

Ce mardi, la Première ministre italienne s’est rendue à Tunis. Au menu de sa rencontre avec le président Kaïs Saïed, le sujet de l’immigration. Mais Giorgia Meloni était surtout là pour convaincre la Tunisie d’accepter les réformes exigées par le FMI.

« Vous êtes une femme qui dit tout haut ce que les autres pensent tout bas ». En recevant Giorgia Meloni, le président tunisien Kaïs Saïed a été dithyrambique. Une rencontre à laquelle les médias tunisiens n’ont pas été conviés. La visite de la cheffe du gouvernement italien a été brève. Si bien que le point presse conjoint qui devait se tenir a été annulé, « faute de temps » selon la presse italienne.

Il s’agissait, pour la Première ministre, de tenter de convaincre le président tunisien d’accepter les conditions du Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt. Une démarche loin d’être désintéressée : Meloni ne veut pas que la Tunisie se place en marge des institutions internationales, ce qui pourrait provoquer une crise migratoire, dont l’Italie serait l’une des premières victimes.

À l’occasion des tête-à-tête entre Saïed et Meloni, puis entre la Première ministre italienne et son homologue tunisienne, Najla Bouden, le ministère italien de l’Intérieur a rappelé les chiffres qui fâchent : depuis le début de l’année, sur les plus de 50 000 migrants arrivés par bateau en Italie, 7 % d’entre eux étaient tunisiens. Quant aux autres, ils partent de plus en plus de Tunisie, au lieu de la Libye, autrefois point de départ des réfugiés.

Kaïs Saïed veut « taxer les riches pour donner aux pauvres »

Giorgia Meloni était donc à la fois en service commandé pour elle-même, et pour Kristalina Ivanova Georgieva, la directrice du FMI. Mais pourquoi l’institution de Bretton Woods tient-elle tant à prêter 2 milliards de dollars à la Tunisie. Le président Kaïs Saïed refuse l’aide du FMI, notamment parce qu’il devrait, le cas échéant, se plier aux réformes que l’institution exige.

Le chef de l’État tunisien l’a dit : il ne se pliera pas aux « diktats » du FMI. Car cela impliquerait qu’il touche aux subventions d’État sur les produits de base, assurés par la Caisse de compensations. Saïed a affirmé, la semaine dernière, préférer « prendre l’excédent d’argent des riches pour le donner aux pauvres ». « Au lieu de lever les subventions au nom de la rationalisation, il serait possible d’introduire des taxes supplémentaires à ceux qui en bénéficient sans qu’ils en aient besoin », estime le président. Car actuellement, pauvres et riches bénéficient à égalité des subventions lorsqu’ils achètent du carburant ou du pain, par exemple.

En refusant de se plier aux « diktats étrangers », Kaïs Saïed sait qu’il prend un risque. La dette de la Tunisie représente officiellement 80 % de son PIB. Mais le président de la République n’apprécie guère que l’accord de principe du FMI, datant du mois d’octobre dernier, soit soumis à des réformes qu’il ne désire pas.

Le FMI, « un ami qui vous veut du mal »

L’histoire semble d’ailleurs être du côté du président tunisien : habitué à prêter des fonds aux pays les plus modestes pour éviter le défaut de paiement, le FMI impose toujours des conditions draconiennes, comme les privatisations ou les coupes budgétaires dans la fonction publique. « Le service de la dette est le geste visible de l’allégeance », résume l’économiste Jean Ziegler, ex-rapporteur auprès de l’ONU. L’association Attac, elle, voit en le FMI « un ami qui vous veut du mal ».

Reste désormais à savoir si Meloni a été convaincante. Si le point presse a été annulé, est-ce réellement à cause des agendas respectifs du président tunisien et de la Première ministre italienne ? Ou Kaïs Saïed a-t-il simplement refusé, une nouvelle fois, l’aide du FMI ? Reste également à savoir quelles seraient les alternatives pour Saïed, pour taxer les plus riches.

Au-delà de la question du FMI, qui semble n’avoir aucune issue positive, la question migratoire a semble-t-il fait converger les positions des deux dirigeants. Meloni estime qu’il faut, « au niveau européen une approche concrète pour augmenter le soutien à la Tunisie dans la lutte contre la traite des personnes et l’immigration illégale et pour un programme englobant des financements ». Saïed a accepté l’organisation d’une conférence en Italie sur ce sujet, qui servirait à « écouter les besoins et élaborer des projets susceptibles d’attirer des investissements ».

Le Journal de l’Afrique

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