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Emprunt obligataire : pourquoi le Cameroun opte pour un emprunt à taux multiples

Le Cameroun émettra, ce mois de juin 2023, le 7e emprunt obligataire de son histoire sur le marché financier de la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (Cemac) avec l’ambition de mobiliser une enveloppe de 150 milliards de FCFA pour financer des investissements prévus dans le budget 2023 au titre de l’année 2023. L’opération a été soumise à l’appréciation de la Commission de la surveillance du Marché financier d’Afrique Centrale (Cosumaf) qui devra se prononcer dans les prochains jours).

Elle revêt un caractère particulier car le pays, pour la première fois, va proposer aux investisseurs plusieurs taux d’intérêts sur le même titre. Il s’agit d’une véritable innovation pour le marché financier régional qui a été proposé au pays par le consortium d’arrangeurs retenus dans le cadre de cette opération à savoir Société Générale Capital Securities Central Africa, Upline Securities Central Africa, Attijari Securities Central Africa, Afriland Bourse & Investment et Financia Capital.

Cette structuration financière innovante qui a pour objectif de contourner les conditions de financement devenus rigides sur le marché financier régional, permet tant aux investisseurs qu’à l‘émetteur de pouvoir tirer son épingle du jeu.

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Diversifier ses placements sur le même risque-émetteur

En effet, le montant global recherché a été partitionné en 4 tranches adossées chacune à un taux de rémunération et une maturité. Sur la première tranche, les investisseurs seront invités à fournir au Trésor camerounais un montant 40 milliards de FCFA au taux de 5,80% sur 3 ans avec un différé de 2 ans. Pour la même enveloppe, ils auront la possibilité d’être rémunérés à hauteur de 6% de leur souscription mais sur 4 ans.

Les deux dernières tranches sont étalées sur 6 et 8 ans pondérés respectivement à 6,75% et 7,25% pour des montants attendus de 50 milliards et 20 milliards de FCFA. L’avantage de ce type d’opération est qu’elle permet d’intéresser plusieurs catégories d’investisseurs et donc d’en élargir la base au moment des souscriptions. Certains présentaient en effet le long cycle de vie de certains titres obligataires comme un frein à l’investissement sur le marché.

Un blocage qui trouve solution car ce sera par exemple la première fois qu’un investisseur pourra effectuer un placement sur un titre souverain sur une maturité de 3 ans et rémunéré à 5,80%. De même, ceux qui choisissent d’attendre plus longtemps auront des rendements nettement plus élevés. Toujours côté investisseurs, l’emprunt à ranche multiples permet de diversifier ses placements sur un même risque émetteur. En 6 sorties, le Cameroun n’a jamais fait défaut sur ce marché, de quoi attester de la qualité de sa signature.

Conditions du marché

Pour l’émetteur, l’opération telle qu’elle a été structurée lui permet de contourner les conditions de marché qui sont de plus en plus difficiles dans le sillage du durcissement de la politique monétaire par la Banque centrale. Au-delà de pouvoir échelonner ses remboursements sur une plus longue durée, la structuration en plusieurs tranches contribue également à atténuer le coût global de l’opération au vu de la pondération de chaque tranche. Calculette en main, le taux d’intérêt moyen par tranche ressortirait à 6,77% ce qui semble être une bonne opération sur des maturités de 6 et 8 ans par exemple au vu des conditions actuelles.

En effet, en vue d’étouffer l’inflation qui a atteint des niveaux records, la comité de politique monétaire a augmenté à 4 reprises ses taux directeurs depuis décembre 2021. Le taux d’intérêt des appels d’offres (Tiao) et le taux de la facilité de prêt marginal (TFPM) sont ainsi passés respectivement de 3,25 à 5% et 5 à 6,75%. Et comme si ça ne suffisait pas, l’institut d’émission monétaire a, depuis le 21 février 2023, suspendu ses opérations d’injections hebdomadaires de liquidités.

À la place, la BEAC accentue ses opérations de reprise de liquidités avec deux opérations hebdomadaires de ponctionnent d’un montant global de 150 milliards de FCFA. L’objectif ici étant d’assécher les banques afin de réduire la quantité de monnaie en circulation. Une décision qui contribue à relever de manière consistante les taux sur le marché domestique de la dette.

Prise ferme

Cependant, au regard de la situation actuellement tendue du marché, cette stratégie garantit-elle le succès de l’emprunt obligataire que le Cameroun se prépare à lancer ? La question est d’autant plus d’actualité que, le consortium d’arrangeurs a proposé une prise ferme de 92 milliards de FCFA soit environ 61,3% du montant recherché. Les 58 milliards seront donc à capter auprès du grand public ce qui suppose une grosse campagne de communication pour intéresser le grand nombre.

C’est donc un véritable challenge qui se présente pour Louis Paul Motaze et le consortium d’arrangeurs quand on sait que pour ses emprunts passés, le pays n’a pas eu besoin de fournir beaucoup d’efforts pour obtenir les montants recherchés. Pour son emprunt obligataire de 2022, par exemple, le Trésor public camerounais avait reçu une prise ferme équivalente à 90% du montant recherché et ainsi garantir le succès de l’opération sans trop d’effort.

Eco Matin

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