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Coronavirus : le soldat Manaouda

Par Georges Alain Boyomo

À la Une de notre édition du 03 avril 2019, nous titrions : « Le baume Malachie », en référence à la sanction, avec diligence et célérité, par le ministre de la Santé publique de trois infirmières en service à l’hôpital de district de Déido ; pour violation de l’éthique et la déontologie lors de la prise en charge d’un élève poignardé à mort par son camarade de classe.

A l’époque, Malachie Manaouda avait moins de 100 jours au gouvernement et affichait déjà son caractère rigoureux, conquérant et iconoclaste. Fidèle à notre Adn qui consiste à informer sans complaisance, ni compromission, nous voyions déjà en ce ministre la promesse d’une nouvelle manière d’agir, dans un environnement rongé par la sclérose.

Depuis cette séquence, le benjamin du gouvernement Dion Ngute (46 ans) n’a pas cessé, à travers ses actes et postures, d’incarner la rupture. A la tête d’un département ministériel résolument au cœur de la politique sociale du gouvernement, ses nuits de sommeil semblent comptées, tant les chantiers sont nombreux et épineux. Pour certains combats tels que celui contre le médicament de la rue, le diplômé de l’Enam, a semblé faire dans du populisme, mais sur l’ensemble de son œuvre, un vent nouveau et rafraichissant souffle.

Androïde comme pas beaucoup de ministres camerounais, qui ont souvent avoué à haute voix qu’ils n’ont ni compte Twitter, ni compte Facebook, Malachie Manaouda tweete et tweete encore, pour informer, alerter, mais également pour discuter avec des citoyens.

La pandémie du coronavirus et son cortège de morts a mis encore plus sous les feux des projecteurs le ministre de la Santé publique. Il est acquis aujourd’hui qu’il est, pour la circonstance, au gouvernement, ce qu’un meneur de jeu est à une équipe de football. Sous la supervision du président de la République et du Premier ministre, il est le dépositaire de la stratégie du gouvernement face à l’impitoyable et insatiable tueur. Le Cameroun tout entier vibre au rythme de ses tweets, déclarations et interviewes qui éclairent l’opinion publique, orientent les comportements, sondent l’avenir…

Avouons le, la tache n’est ni aisée, ni insusceptible de critiques. Il est arrivé, comme dans cette histoire de masques, que Malachie Manaouda se prenne les pieds dans le tapis. Des fois, les chiffres qu’il publie passent pour des comptes d’apothicaires. D’aucuns l’ont même accusé de prendre l’ombre pour la proie…En tout état de cause, la copie du ministre n’est pas exempte de reproches.

Mais il convient, pensons nous, de s’appesantir davantage sur les bons points de ce commis de l’Etat, lesquels peuvent faire bouger les lignes d’un système qui se met, en règle générale, à l’image d’un mammouth, trop lentement en mouvement, même lorsque les occurrences l’exigent, accumulant ainsi occasions manquées et retards disqualifiants.

L’inflexion apportée par Malachie Manaouda peut encore être mieux perçue en raisonnant par l’absurde. Qu’en serait-il si le ministère de la Santé publique avait à sa tête, par ces temps de Covid-19, un ministre dont le logiciel de gouvernance se résume à ces mots : « les urgences, c’est à l’hôpital » ?

Du reste, il est de notoriété publique que la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a été exacerbée par des déclarations publiques inconsidérées de certains membres du gouvernement. Par opportunisme, sophisme ou inaptitude à la communication de crise, ces ministres ont enfoncé le pays dans une guerre aux conséquences désastreuses.

Face à la guerre sanitaire imposée au Cameroun et à l’humanité par le coronavirus, chaque mot compte, chaque propos doit être frappé au coin de bon sens, chaque posture publique doit être instructive. Eh bien, l’applaudimètre social ne s’y trompe pas. Le soldat Manaouda mérite nos encouragements.

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