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Coronavirus: «La sensibilisation, l’arme la plus efficace »

 Joël Eteme Elanga, sous-préfet de Campo.

Quelles actions avez-vous entreprises pour protéger les populations de Campo contre le Coronavirus ?

Dès l’annonce des mesures édictées par le gouvernement, nous avons réuni les forces vives pour les sensibiliser. De concert avec la municipalité, on a pris certaines dispositions qui permettent à la population de s’imprégner du danger que constitue le coronavirus. Ensuite, nous avons fait le porte-à-porte. L’arrondissement de Campo est frontalier à la Guinée équatoriale et aussi très enclavé.

L’accès à la bonne information est donc difficile. Nous avons traversé le Parc national de Campo Ma’an pour aller à plus de 80 km parler aux populations sur le bien-fondé des mesures gouvernementales. Par exemple, de ne pas continuer à chasser parce que certains animaux peuvent être des vecteurs de coronavirus.

Dans les administrations, marchés et commerces de Campo, il est nécessaire pour prévenir le coronavirus de se laver les mains. Avec l’appui du médecin chef de Centre médical d’arrondissement de Campo, nous avons procédé à des exercices pratiques pour montrer aux gens comment se laver les mains et se protéger contre le Co-vid-19.

La fermeture de la frontière était déjà décidée depuis octobre 2019 par les autorités de la Guinée équatoriale. Tous les autres axes où les populations peuvent continuer à traverser la frontalière sont bien tenus par les forces de défense et de sécurité.

Le 11e Bataillon de fusiliers marins (Bafumar) basé à Campo mène des patrouilles sur le fleuve Ntem pour empêcher tout départ vers la Guinée équatoriale par les pirogues à partir des villages Mabiogo et Bisepsep. Pendant que le Bataillon d’intervention rapide (Bir) assure la protection de la côte atlantique.

Nous avons aussi mis les chefs traditionnels à contribution en les convoquant pour leur remettre des équipements de protection contre le Coronavirus et pour leur expliquer les mesures d’hygiène à observer. Certes, aucun cas n’est encore déclaré à Campo, mais il faut se préparer en conséquence.

Comment appréciez-vous l’efficacité des mesures prises sur le terrain ?

Les mesures sont effectives. A Campo pour l’instant, nous n’avons pas encore enregistre de cas de coronavirus. Mais les populations doivent internaliser ces mesures d’hygiène dans leurs habitudes quotidiennes, même après cette pandémie.

Je serai encore bientôt sur le terrain avec tout mon staff, les forces de maintien de l’ordre et le service d’hygiène et salubrité de la Commune pour vérifier si chaque maison a des toilettes propres avec du papier hygiénique. Ceci fait partie de notre campagne «Jeudi propre ». Nous allons visiter les villages Mabiogo, Nazareth, Bitandi-Assok et Nkuajang.

Les populations respectent-elles toutes les mesures édictées par le gouvernement?

Au début, ça n’a pas été facile. J’ai dû mener une opération coup de poing pour fermer certains commerces et débits de boisson. Les gens ont d’abord pensé que c’était l’affaire du sous-préfet. Maite-nant, les populations commencent à comprendre le bien-fondé du respect des mesures prises par l’Etat.

Dès 17h45, les propriétaires des commerces et débits de boisson commencent à fermer leurs portes eux-mêmes. Je n’ai plus besoin d’être sur le terrain chaque soir. Les forces de maintien de l’ordre font leur travail. En cas de résistance, je peux descendre sur le terrain pas pour punir, mais pour sensibiliser davantage les opérateurs économiques.

Selon moi, l’arme la plus efficace pour lutter contre le Covid-19 est la sensibilisation des populations. Je demande à la population de continuer à observer de manière-scrupuleuse les mesures édictées par le gouvernement et l’OMS.

Qu’en est-il du trafic avec la Guinée équatoriale ?

Les frontières sont fermées de part et d’autre. Personne ne traverse. On a découvert certaines pistes là où les gens vont se ravitailler en Guinée équatoriale par pirogue. J’ai instruit le colonel commandant du 11e Bataillon des fusiliers marins de déployer les troupes sur les deux axes de Mabiogo et Bissosso sur le fleuve Ntem pour stopper ces pratiques.

Je saisis d’ailleurs cette opportunité pour remercier le président de la République, Paul Biya qui a bien voulu mettre à notre disposition 150 soldats pour le 11e Bafumar. Je viens de les recevoir à Campo.

Maintenant, j’ai suffisamment de moyens, en attendant que le plateau technique du Centre médical d’arrondissement de Campo s’améliore. En temps normal, beaucoup des Equato-gui-néens viennent se faire soigner à Campo.

Pouvez-vous estimer les pertes économiques du fait de la fermeture de la frontière ?

Les pertes sont palpables de part et d’autre. Mais en ce qui concerne le Cameroun, nous avons relevé une baisse drastique des recettes douanières. Mais ce n’est un problème singulier au Cameroun.

La sous-région et le monde entier connaissent des difficultés économiques dues à la pandémie du Coronavirus. Il faudrait qu’on s’arrime à la nouvelle donne en se rappelant de ce que nous avons perdu grâce au Coronavirus et en sachant comment subsister. Les pertes économiques nous ont permis de gagner en vies humaines. C’est ce qui est le plus important à mon sens.

Source : Cameroon Tribune

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