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CAN – Cameroun : quand la crise anglophone s’invite près des stades

Le lancement de la Coupe d’Afrique des nations dans la région du Sud-Ouest, théâtre d’une crise sécuritaire depuis cinq ans, était particulièrement scrutée. Des affrontements entre séparatistes et forces de sécurité ont fait plusieurs morts et blessés.

Dès les premières heures de la journée, mercredi 12 janvier, des coups de feu ont été entendus à Buea, la principale ville du Sud-Ouest, dans les quartiers de Muea, mais aussi de Molyko, sur un axe routier situé non loin du stade où s’entraînent les équipes guinéennes, maliennes et zambienne pour la Coupe d’Afrique des nations. Selon nos informations, qui n’ont pas été confirmées par les autorités, les séparatistes y ont perpétré une attaque dans le but de perturber les séances d’entrainements prévues au stade de Molyko.

Les joueurs de l’équipe malienne, sur le terrain au moment des coups de feu, ont dû interrompre leur séance d’entrainement. « Les tirs ont duré plusieurs heures », assure un riverain du stade, joint par Jeune Afrique. Deux combattants sécessionnistes ont été tués et quatre civils blessés par balles dans la fusillade. L’avocat Ivoh Aloh Njuh, un membre du barreau du Cameroun situé à Buea, compte parmi les blessés.

Les séparatistes ont affirmé avoir tué un soldat camerounais après que le véhicule, dans lequel il se trouvait, a roulé sur un engin explosif improvisé. Une information qui n’a cependant pas été confirmée de source officielle.

Enjeu majeur pour Yaoundé

La question sécuritaire demeure l’un des principaux enjeux de l’organisation des matchs dans les régions anglophones, en proie à une rébellion armée depuis bientôt cinq ans. À l’approche de la compétition, les forces de défense camerounaises ont renforcé le dispositif dans les villes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en multipliant les effectifs de soldats qui y sont déployés.

« Les contrôles se sont multipliés dans la ville, indique un habitant de Limbe. Les forces de sécurité sont présentes dans les quartiers, mais aussi dans le centre ville, autour des hôtels et des marchés. »

Ce déploiement de forces n’a cependant pas permis d’empêcher les attaques. Dans la nuit du 11 janvier, Henry Kemende, sénateur du Social Democratic Front (SDF, parti d’opposition), a été assassiné à Bamenda par des individus non identifiés. Si les mobiles du meurtre de ce fervent militant de la fin du conflit dans les régions anglophones ne sont pas encore connus, son assassinat prouve que la situation reste plus que tendue dans cette zone en crise.

Depuis plusieurs mois, les groupes séparatistes avaient lancé des appels à destination des équipes nationales, leur enjoignant de ne pas participer à la CAN dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, qui dénoncent régulièrement les exactions commises tant par les groupes séparatistes que par des membres de l’armée camerounaise, ont appelé à un cessez-le-feu, à l’instar de International Crisis Group. Human Right Watch a pour sa part demandé aux autorités camerounaises de « ne pas tenir de rencontres » dans les zones touchées par la crise, sans être entendue.

Craintes des équipes invitées

Les menaces des séparatistes sont néanmoins prises très au sérieux par les équipes présentes. Après leur rencontre disputée dans l’après-midi du mercredi 12 janvier, l’équipe de Tunisie – qui loge dans la ville balnéaire de Limbé – a ainsi préféré annuler sa séance de décrassage prévue en début de soirée le même jour.

Pour Yaoundé, relever le pari de la sécurisation de la CAN dans ces régions est primordial, tant elle doit permettre de crédibiliser le discours des autorités qui assurent que la situation est désormais sous contrôle.

« Pour le gouvernement, l’heure est à la reconstruction des zones anglophones, affirme ainsi une source au sein du ministère de la Communication. L’insécurité est le fait de bandits qui se sont infiltrés dans le mouvement, et nos forces de sécurité les combattent sans relâche. » Pour l’heure, ni les autorités ni le comité d’organisation n’ont réagi aux événements de Buea. La deuxième journée quant à elle est prévue le dimanche 16 janvier.

Jeune Afrique

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