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Cameroun : six ans de détention préventive pour Amadou Vamoulké

72 mois après son interpellation, l’ancien directeur général de la Crtv (Radio-télédiffusion du Cameroun) n’a toujours pas été jugé. Reporters sans frontières parle d’un acharnement judiciaire. Colère d’un ancien journaliste de radio France internationale.

La cabale menée contre Amadou Vamoulké depuis i six ans relève d’un acharnement judiciaire inouï. « 127 audiences et ce journaliste n’a toujours pas été jugé pour les faits qui lui sont reprochés. La raison est très simple : l’accusation a été incapable de démontrer par la moindre preuve et le moindre témoignage les faits de détournements qu’elle reproche à monsieur Vamoulké.

Le caractère arbitraire de cette détention a d’ailleurs été reconnu par l’Onu qui avait recommandé aux autorités camerounaises de libérer Vamoulké. Ce journaliste a déjà perdu six ans de sa vie. Il a 72 ans. Nous espérons que le but recherché n’est pas de le réduire au silence pour toujours. Sa libération n’est plus seulement un enjeu ».

Cette réaction est celle d’Arnaud Froger, représentant de l’Ong Reporters sans frontières en Afrique. Ce défenseur des droits des journalistes s’est exprimé le 26 juillet dernier sur les ennuis judiciaires d’Amadou Vamoulké, journaliste, ancien directeur général de la Crtv de 2005 à 2016.

Ce 29 juillet sera la date de commémoration du 6ème anniversaire de l’arrestation du journaliste. En prélude à cette commémoration, Alain Masse, le coordonnateur du Comité pour la réhabilitation et la libération de Vamoulké, est très en colère contre les autorités judiciaires du Cameroun. Dans une interview, accordée au journal Le Jour, l’ancien directeur général de Radio France internationale a ce cri du- cœur : « Trop c!est trop, ça suffit !».

Dans cette première sortie dans le cadre de l’affaire Vamoulké, le coordonnateur du Comité pour la réhabilitation et la libération de Vamoulké dénonce les multiples violations dont le journaliste est victime depuis sa mise en détention provisoire â la prison centrale de Yaoundé pour les faits présumés de détournement de deniers publics.

Alain Masse estime que le dossier judiciaire de Vamoulké est vide. Raison pour laquelle son.jugement a déjà battu un recours de 127 renvois devant le tribunal criminel spécial sans jugement définitif. Le coordonnateur dudit Comité soutient que compte tenu du fait que les délais de jugement sont largement dépassés, il est nécessaire que l’ancien directeur général de la Crtv soit remis en liberté, question de reprendre une vie normale.

Le Comité pour la réhabilitation et la libération de Vamoulké précise que la détention de l’ancien directeur général de la Crtv va à l’encontre des recommandations d’un Groupe de Travail des Nations-unies qui avait sollicité la libération de l’ancien directeur général de la Crtv.

Un otage de la justice

Reporters sans frontières considère que Amadou Vamoulké est parmi les journalistes détenus de manière arbitraire en Afrique. Le sixième anniversaire de son interpellation sera l’occasion pour le Comité de coordination de dénoncer les- tortures morales dont l’ancien directeur général de la Crtv est victime.

Le Comité pour la réhabilitation et la libération de Vamoulké regroupe des personnalités de l’audiovisuel mais aussi ‘ plusieurs. Organisations de défense et de protection des journalistes et les organisations des droits de l’homme.

Ce Comité a initié depuis 2019, la signature d’une pétition pour exiger la libération de Vamoulké. A ce jour, plusieurs milliers de signatures provenant de 42 pays ont été collectés. Amadou Vamoulké est poursuivi pour détournement présumé pendant sa gestion de la Crtv comme directeur général. Il est accusé de gonflement d’assiette fiscale dans le cadre de la redevance audio-visuelle. .

Son maintien en détention préventive viole les prescriptions des lois nationales, en l’occurrence le code de procédure pénale sur les délais raisonnables de jugement. A travers cette détention, l’Etat camerounais est accusé de non-respect des conventions internationales ratifiées sur les délais raisonnables de jugement.

L’un des textes internationaux violé est le pacte international relatif aux droits civils et politiques qui dispose en son article 9 que : « Tout individu arrêté ou détenu du chef d’une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires, et devra être jugé dans un délai raisonnable ou libéré. La détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle, mais la mise en liberté peut être subordonnée à des garantis assurant la comparution de l’intéressé à l’audience,  à tous les autres actes de la procédure et, le cas échéant, pour l’exécution du jugement ».

Le tribunal criminel spécial où est jugé l’ancien directeur général de la Crtv dispose selon son décret de création, d’un délai de neuf mois pour juger un prévenu.

Me Alice Nkom, avocat d’Amadou Vamoulké qui dénonce la détention arbitraire de son client reconnait que les deux procédures judiciaires pour lesquels son client comparait ont connu une accélération ces derniers mois et ces procédures tirent déjà à leur fin :

« Tout au long de la procédure, le tribunal a disposé de toute l’information qui lui aurait permis de se faire une idée de ces deux affaires montées de toutes pièces et cousues de fil blanc. Impossible de démontrer que quelqu’un qui ne tient pas un compte puisse le gonfler. Ce serait comme si on vous accusait d’avoir augmenté le solde de compte à la banque pour y disposer de plus d’argent c’est le cas. de la première affaire ou de n’avoir pas payé les droits de la Coupe d’Afrique des nations dont les matches ont été retransmis tandis que les détenteurs des droits ne se sont jamais plaints comme c’est le cas dans la deuxième affaire », relève l’avocat.

Une source au Tcs relève que les multiples reports du procès sont parfois provoqués tant du côté de l’accusation et celui de la défense. Notre source explique que dans quelques semaines, tout laisse croire que l’inculpé Vamoulké sera fixé sur son sort.

Au Cameroun, plusieurs personnalités inculpées pour corruption sont parfois détenues pendant plus de cinq ans sans être jugées. Cette pratique va à l’encontre des recommandations de l’ancienne Commission nationale des droits de l’homme et des libertés, devenue Commission des droits de l’homme, du Cameroun qui recommandait aux autorités judiciaires en 2019 dans un rapport d’alléger les délais des poursuites.

Le Jour

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