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Cameroun-projet de loi sur les associations artistiques : l’indignation des acteurs de la culture

Ils fulminent de n’avoir pas été associés à la conception et à la rédaction de cette loi. Certains dénoncent la volonté de caporaliser le secteur artistique au Cameroun. Une pétition contre ce projet circule.

La situation précaire de l’artiste au Cameroun ne cesse de faire l’objet de grand débat. Des voix s’élèvent chaque jour pour attirer l’attention des autorités sur cet état de chose dans l’optique d’organiser au mieux ce secteur d’activité afin que les créateurs puissent réellement vivre de leur génie intérieur. Les plaintes ne datent pas d’aujourd’hui. Jusqu’ici, chaque artiste se débrouille comme il peut avec les moyens de bord. Certains Camerounais de bonne volonté se manifestent très souvent quand un artiste est en difficulté.

« C’est une lapalissade de dire que l’artiste au Cameroun souffre. Le secteur est en difficulté. Où en est-on avec la question des droits d’auteur et des grandes réformes dans ce secteur », se questionne David Noah, un mélomane.

Des reformes ? Le projet de loi régissant les associations artistiques et culturelles au Cameroun a été défendu le 29 juin 2020 par Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, le ministre des Arts et de la Culture. C’était devant les membres de la commission des Affaires culturelles, sociales et familiales de l’Assemblée nationale.

Pour le membre du gouvernement, le projet ambitionne « Développer l’esprit de créativité de ses membres, de pouvoir préserver ensemble, le patrimoine culturel national et universel ». Ce projet de loi organise le secteur culturel et artistique en Compagnies, unions., guildes et en fédérations. Selon l’exposé des motifs de ce texte, les unions et les guildes peuvent être reconnus d’utilité publique. Les fédérations peuvent s’affilier à des entités internationales après accord du ministre (article 21, Ndlr).

Jean-Pierre Bekolo

L’article 24 de cette loi stipule que, « Dans chaque pecteur de l’art ou de la culture, une seule fédération reçoit l’autorisation du ministre chargé de la culture pour organiser dans le respect des lois et règlements en ‘vigueur, les activités culturelles en vue d’encadrer les associations artistiques et culturelles qui lui sont affiliées ». Ce projet passe mal. Des artistes n’en veulent pas en dépit de sa volonté affichée de « professionnaliser le secteur » et de.

« dynamiser le mouvement artistique et culturel sur l’ensemble du territoire national ». Le réalisateur Jean-Pierre Bekolo pense qu’il aurait été juste de réfléchir sur une véritable politique culturelle. « J’entends tout sauf le nom de Bidoung Mkpatt. Il fallait commencer par la politique culturelle Monsieur le Ministre », commente le producteur sur sa page Facebook ». Et d’ajouter : « Si un artiste ne fait pas la politique pourquoi la politique est-elle en train de faire les artistes… Réciprocité ? »

Depuis quelques heures, une campagne contre ce projet de loi tient en haleine les internautes. Joseph Owona Ntsama, chroniqueur culturel, invitait d’ailleurs les artistes à prendre les devants pour « la rédaction d’une pétition forte et d’un mémorandum qui seront remis à qui de droit ! ». Cette pétition est déjà en circulation et épouse au passage la sympathie de nombreuses personnes qui veulent voir les choses changer avec l’implication des principaux acteurs. Le compteur affichait plus de 900 signatures hier.

« Les vraies attentes »

Des artistes se plaignent de n’avoir pas été associés, ni consultés à la conception et la rédaction de cette loi ; pourtant, cela engage leur secteur et leur avenir. Déterminé à se faire entendre, le collectif des Professionnels du secteur culturel a adressé une lettre ouverte aux députés afin de dénoncer ce qui apparait à leurs yeux comme une « forfaiture qui risque de mettre en péril les acteurs culturels » : « En effet, nous nous sentons floués. Bien plus que cela, ce qui nous semble encore plus pernicieux est le contenu de ladite loi soumise à votre examen.

Mais il apparaît à l’évidence que le MINAC, sans doute de bonne foi, dans son élan de calquer le modèle des associations et fédérations sportives au secteur culturel, ait été induit en erreur par un zèle trop prononcé ». Le collectif dénonce une tentative de « caporaliser les acteurs culturels qui ne peut qu’être dommageable à tout le mouvement culturel national ». Jean-Pierre Essome dit ne rien attendre de cette initiative gouvernementale. « Je n’attends rien de ce pays. J’attends le prochain gouvernement ».

Pour ce collectif, l’urgence porte plutôt sur l’effectivité des lois du 22 décembre relative au mécénat et au parrainage, du 21 avril 2004 portant régime des spectacles vivant et du 03 juillet 2007 régissant l’artisanat au Cameroun ; et qu’il est plus que temps de mettre en œuvre les résolutions prises au cours des importantes rencontres d’antan ( Colloque sur l’identité culturelle nationale en 1985, des états généraux de la culture en 1991, des assises culturelles en partenariat avec les partenaires au développement en 2008 et 2016) entre autres.

Plusieurs acteurs s’accordent à dire qu’il urge de revoir le nombre d’articles de ce projet de loi.

Des députés ne sont pas restés insensibles à cette colère noire des artistes. L’honorable Cabrai Libii du Pcrn a signé la pétition qui s’oppose à l’adoption de ce projet de loi régissant les associations artistiques et culturelles au Cameroun : « Je signe parce que la dite loi bureaucratise le génie artistique et culturel ». Pour l’honorable Ada-mou Koupit de l’UDC, « L’Assemblée nationale doit rejeter ce projet de loi pour une relecture avec l’implication des concernés ». Dans ses observations, Parfait Tabapsi, le Président de la Cameroon Art Critics fait savoir que, « L’esprit qui s’en dégage après lecture est simplement que, le MINAC souhaite museler l’entreprenariat culturel sous nos deux ».

Une rencontre est prévue ce jour au Musée national avec les artistes, selon une source au ministère des Arts et de la Culture.

Source : Le Jour

 

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