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Cameroun : le procureur et Amougou Belinga lynchent Ernest Obama

Interpellé de façon rocambolesque et spectaculaire sans plainte, sans convocation et sans mandat écrit, l’ancien DG de Vision 4 attend toujours d’être fixé sur son sort cinq jours après sa mise aux arrêts.

Déféré lundi au parquet, le journaliste a été renvoyé à la gendarmerie pour «complément d’enquête». Il séjournera encore dans cette unité pendant 48 heures pour une affaire démarrée avec l’habillage d’un flagrant délit. Kalara dévoile les raisons des tergiversations du parquet.

Chemise toute blanche prêt du corps, pantalon rouge et babouches aux pieds, Ernest Obama affiche un petit sourire, le samedi 20 juin 2020, au balcon des focaux du Groupement territorial de gendarmerie de la ville de Yaoundé. Le journaliste reçoit la visite de l’auteur de ces lignes, venu en tant que membre de la Commission nationale des Droits de l’Homme et des Libertés.

Ce dernier n’a pas besoin de poser la moindre question pour se rendre compte que l’ancien DG à» Vision 4, la télévision du groupe de presse L’Anecdote, est gardé dé façon correcte par les gendarmes. Sa mine témoigne de tout. Le journaliste vient de passer sa deuxième nuit en ces lieux, après avoir été au centre de la plupart des conversations dans les chaumières depuis la matinée du jeudi précédent.

Les images de M. Obama, marchant pieds nus dans la Cour de l’entreprise dont il était 1e journaliste vedette il y a encore peu, avant son interpellation spectaculaire par les gendarmes, ont en effet fait le tour du monde quarante-huit heures plus tôt. Cette théâtralisation de son arrestation laisse jusque-là croire que ce dernier subit les pires moments de sa vie entre les mains des forces de l’ordre. Plusieurs pick-up de la gendarmerie et une vingtaine des hommes ont été mobilisés pour le prendre alors qu’il était venu vaquer sereinement à ses occupations professionnelles.

Apparemment, avant l’arrivée des gendarmes, le journaliste avait déjà été soumis à toutes sortes d’humiliations en présence de ses collègues et devant M. Jean-Pierre Amougou Belinga, le commanditaire de ce traitement d’une autre époque.

Qu’est-ce qui est à l’origine du divorce entre le patron du groupe L’Anecdote et celui qui fut longtemps son collaborateur chouchou ? Impossible d’avoir pour le moment le détail sur les faits précis mis à la charge du journaliste bien que la rumeur raconte qu’il est poursuivi pour «détournement de fonds» et «haute trahison».

Selon des sources concordantes, le journaliste n’a pris connaissance des raisons précises de son interpellation que le vendredi, aux alentours de 17h, soit au soir du deuxième jour de son incarcération, lorsque M. Amougou Belinga s’est enfin résolu à faire déposer une plainte en bonne et due forme à la gendarmerie. Cette diligence a été faite par Maître Charles Tchoungang, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats.

Maître Tchoungang…

De mémoire, l’ancien DG de Vision 4 a indiqué de à son visiteur qu’il répond finalement des infractions de diffamation, de divulgation de fausses nouvelles, de tentative d’escroquerie et de cybercriminalité. C’est du moins, ce qui ressortirait de la plainte à laquelle le reporter de Kalara n’a pas eu accès. Une information que Maître Tchoungang n’a ni infirmé, ni confirmé, bien que contacté par Kalara à cet effet, se contentant de dire que «les faits sont graves». De toutes les façons, le mis en cause ’dit ne rien se reprocher et préfère ne pas aller plus loin dans ses déclarations.

Les infractions contenues dans la plainte, telles que dévoilées par le journaliste, suscitent de fortes interrogations au regard de la mise en scène de son interpellation. Ce sont des infractions qui auraient dû donner lieu à une simple convocation à moins que le mis en cause ait été pris en flagrant délit, c’est-à-dire surpris alors qu’il commettait les actes qui lui seraient reprochés (lire encadré).

Que s’est-il passé pour qu’une vingtaine de gendarmes soient mobilisés avec de nombreuses-voitures de la gendarmerie comme cela se voit dans des vidéos devenues rapidement virales dans les réseaux sociaux ? Des voies autorisées au sein de la gendarmerie témoignent que c’est M. Georges Gérard Meka, le procureur de la République près le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif (CA), qui a commandé le déploiement des gendarmes le jeudi matin, par un coup de fil passé au commandant du Groupement territorial de gendarmerie.

Chose rare, ce magistrat s’est lui-même retrouvé au siège de Vision 4 dans les temps voisins de l’interpellation du journaliste, selon divers témoignages. M. Meka et M. Amougou Belinga entretiennent une relation amicale de notoriété publique, qui, ajoutée aux autres soutiens du patron du groupe L’Anecdote parmi les chefs hiérarchiques directs, voire au sommet de la Chancellerie, permet au patron du groupe L’Anecdote de jouir des faveurs insoupçonnées quand il s’agit de faire échec à une plainte contre lui ou de faire embastiller de façon spectaculaire un adversaire : jean Gilbert Baongla, il y a quelques mois, ou Xavier Messe, David Eboutou et Patrick Sapack, il y a un peu plus longtemps, en savent quelque chose. Et ce ne sont que les plus connus… 11 y en a qui disent, sans en rapporter la preuve, que le PR a participé à la conception du scenario de l’interpellation en mondovision de M. Obama.

«Enquête pour flagrance»

De toutes les façgps, c’est sur la base d’un «Bon de garde à vue» pour une durée de 48 heures signé du procureur de la République lui-même et transmis au Groupement territorial de gendarmerie que le séjour du journaliste dans cette unité a été régularisé dans la soirée de jeudi dernier. Le commandant a-t-il hésité à placer lui-même M. Obama en garde à vue ? C’est très probable, le journaliste ayant été arrêté en l’absence de toute plainte écrite.

En fait, interpellé dans la matinée et après un détour par la Brigade de gendarmerie de Nsam, le mis en cause n’aura finalement été notifié de sa détention peu après 20h, le jeudi soir. Et le procureur de la République a prescrit une «enquête pour flagrance avec garde à vue» à la gendarmerie. Qui s’est exécutée à la lettre. Ce sont ces instructions qui ont justifié la détention du journaliste jusqu’à ce lundi, 22 juin 2020.

Le séjour du journaliste au Groupement territoriale de gendarmerie est appelée à se prolonger encore jusqu’à mercredi prochain. C’est la décision prise par le parquet après le déferrement de M. Obama très tôt lundi. Arrivé au Palais de justice en matinée avec l’espoir de savoir la suite donnée par la justice à son affaire, l’ancien DG de Vision 4 y a passé toute la journée.

C’est aux environs de 2()h qu’il a été informé que le procureur de la République avait décide de prolonger sa détention pour «complément d’enquête». Sans doute une façon de couper la proie en deux quand on sait les nombreuses interventions intervenue, en faveur du journaliste et, qu’en général, les adversaires de M. Amougou Belinga ne tardent pas ; se retrouver en prison quand ils sont déjà dans les filets de la justice D’ailleurs, la décision du procureur de la République a été prise avec l’aval du procureur général, qui il reçu son collaborateur un peu plus d’une heure plus tôt.

Bien qu’il soit un journaliste controversé de par certaines de ses sorties jugées au moins osées mais en tout cas en conflit assez régulier avec les directives déontologiques de sa profession, M. Obama a reçu un soutien massif de ses confrères du fait des conditions rocambolesques de son interpellation. Ses adversaires notoires, dont quelques journalistes et quelques lanceurs d’alertes célèbres, ont condamné sans nuance la théâtralisation de sa mise aux arrêts.

Les milieux politiques ne sont pas restés silencieux. M. Cabrai Libii, dont une partie de la notoriété a été construite sur les antennes de Vision 4 dans le cadre des programmes jadis animés par Ernest Obama lui a rendu visite et salué son attitude d’apaisement. Quant à l’opposant Maurice Kanto, président du MRC régulièrement brocardé par le journaliste, il a déclaré dans un tweet que «M. Obama, comme tout citoyen camerounais, a droit à la présomption d’innocence, au respect de son image et de sa dignité».

Concert de désapprobations

Même dans les cercles communautaires dont sont issus les deux protagonistes, Ernest Obama et Jean-Pierre Ainougou Belinga, l’humiliation faite au journaliste a été fortement critiquée. Acculé de toutes parts, le patron du groupe L’Anecdote a dû s’exprimer pour essayer d’expliquer sa réaction, tout en maintenant sa détermination à obtenir qu’une punition exemplaire soit infligée à son ancien homme de main.

Pour des raisons évidentes (bien, que certains excès demeurent incompréhensibles), la seule forteresse à résister totalement au .concert de désapprobations du traitement réservé à M. Obama est Vision 4. Dans les journaux télévisés du jeudi et du vendredi, le DG déchu a été présenté sous ses pires coutures… Un exercice qu’il affectionnait lui-même à l’époque de son règne et qui lui attire encore de solides inimitiés au sein de l’opinion.

Dans les journaux télévisés de Vision 4 de jeudi et de vendredi derniers, l’ancien DG a été accusé «d’abus de confiance», de «haute trahison», d’avoir divulgué des informations stratégiques aux activistes des réseaux sociaux», de «coups bas», d’avoir négocié des contrats de consultant dans le dos de son patron, de «malversations financières et de surfacturations», de vouloir soutenir un opposant à l’actuel chef de l’Etat centrafricain dans la perspective de la prochaine présidentielle, de saboter des actions instruites par Paul Biya avec la complicité de certaines hautes personnalités, d’avoir en projet d’écrire un livre sur le chef de l’Etat camerounais avec l’intention de le faire préfacer par Faustin Archange Touadera, le président centrafricain, etc.

Cela laisse l’impression d’un ratissage large avec l’intention de ne laisser aucune chance à son ancien poulain de s’en sortir, bien que certaines digressions faites par les porte-voix du patron de Vision paraissent ne pas avoir de connotation pénale… Quoi qu’il en soit, conscient d’avoir heurté de nombreuses personnes à l’époque de sa toute-puissance à la tête de Vision 4, M. Obama a aujourd’hui le mot «regret» dans la bouche : «J’ai compris que nous n’avons pas à nous tirer dessus mais à être solidaires après avoir lu les messages de soutien de Boris Bartold, de Jean-Bruno Tagne et plusieurs autres», dit-il sans être interrogé.

Il reconnaît avoir commis de nombreuses erreurs par le passé… Ses collègues d’hier en-ont-ils conscience ? De toutes les façons, la rencontre de samedi n’était pas destinée à ce sujet-là mais, aux motifs et aux conditions de sa détention.

Source : Kalara

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