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Cameroun : le PAD traîne son «caissier pilote» en justice pour 80 millions

L’entreprise portuaire accuse son ancien agent d’avoir maquillé sa comptabilité pour s’enrichir sur le dos de l’Etat. Le procès est ouvert au TCS.

M Pierre Yanga hochait parfois la tête en signe s de désapprobation de certaines déclarations faites devant le Tribunal criminel spécial (TCS) le 8 juin dernier, pendant l’interrogatoire de Henry Choute et Mme Ngum Shey, ses anciens collègues au Port autonome de Douala (PAD). Les concernés ont comparu devant la juridiction d’exception comme témoins du ministère public.

Ils ont édifié le tribunal sur les supposées malversations financières imputées à M. Yanga, et qui auraient entraîné un présumé détournement de près de 80 raillions de francs au préjudice du PAD. Des faits sui se situent entre le 1er janvier et le 13 juillet 2018. Période durant laquelle le mis en cause occupait les fonctions de «caissier pilote» au PAD.

M. Choute déclare qu’il occupait les fonctions de chef du département de la comptabilité et de la fiscalité au PAD au moment des faits. La caisse pilote tenue par l’accusé était «excentrée», c’est-à-dire qu’elle ne se trouvait pas dans les services centraux du PAD. Pour cela, M. Yanga était autorisé à reverser directement les recettes collectées dans un compte bancaire et devait chaque fois remettre à sa hiérarchie directe, le caissier central, la documentation de sa comptabilité. Au dessus du caissier central se trouve le chef service de la trésorerie puis le directeur du département des finances.

Application cargo

En juillet 2018, une équipe de la brigade de contrôle de la direction financière et de la comptabilité avait vérifié la caisse du mis en cause. Le contrôle avait mis en lumière un écart de 79,7 millions de francs. La brigade prétend avoir constaté que M. Yanga procédait tantôt au reversement partiel des recettes collectées, tantôt il minorait les recettes. À l’issue du contrôle, une demande d’explication était servie à l’accusé.

Selon le témoin, le mis en cause n’avait apporté aucun élément probant dans sa réponse : «il dit avoir souvent remis la documentation chaque fois qu’il effectuait ses opérations». M. Yanga avait été débarqué de sa caisse pilote le 23 juillet 2018. Il était ensuite traduit devant le conseil de discipline devant lequel’il n’a jamais comparu. L’instance a prononcé son licenciement.

«Existe-il au PAD un système informatique permettant de renseigner’ sur les opérations effectuées par ses agents ?», interroge, l’avocat du PAD, partie civile (victime) dans le procès. Le témoin répond par l’affirmative. Avant d’expliquer que deux applications informatiques permettent d’effectuer les opérations financières et. comptables. L’application «Cargo» gère les opérations de facturation et d’encaissement. Seuls les caissiers y ont accès à l’aide d’un mot de passe.

L’application «Sage X3» gère les opérations de comptabilité. «Les deux systèmes ne sont pas intégrés parce que la comptabilité doit pouvoir prouver les écritures comptabilisées.» Le directeur général (DG) du PAD avait transmis le rapport de la brigade de contrôle à la division de l’audit et de la qualité de l’entreprise afin que cette structure examine à son tour la gestion de l’accusé. Mme Ngum Shey, auditrice interne au PAD, faisait partir de l’équipe de quatre membres mise sur pieds pour mener cet audit entre août et septembre 2018. L’audit s’est déroulé en l’absence de l’accusé.

Audit interne

«Est-ce que l’absence de M. Yanga a influencé d’une quelconque manière vos opérations ?», interroge le ministère public. Mme Ngum Shey répond par l’affirmative mais relativise une telle influence : «c’est pour ça que nous nous sommes retournés vers le caissier principal pour qu’il nous explique la procédure d’encaissement». L’équipe a obtenu toute la documentation relative à la de gestion incriminée auprès du service comptable, la banque et surtout le fichier numérique «Cargo».

Le témoin affirme qu’à la fin de chaque journée, 1 accusé devait édité un état d’encaissement avec lequel il se rendait à la banque pour reverser les recettes ainsi collectées. La banque lui délivrait un bordereau. «Nous avons constaté que les bordereaux delà banque et les états du caissier concordaient. Mais les états édités par le caissier avec ceux enregistrés dans l’application cargo n’avaient pas toujours les mêmes montants. Ait niveau de la banque, nous constaté que certains bordereaux de versement n’avaient de fiches d’encaissement. Etant le seul responsable de la caisse pilote, nous avons conclu que c’est lui le responsable dé l’écart de 79,7 millions de francs», a affirmé le témoin,

Le témoin indique que le caissier central a dit qu’en dépit des demandes d’explications, M. Yanga ne lui transmettait pas toujours la documentation de sa comptabilité pour qu’il procède aux vérifications. Parmi les recommandations, le rapport d’audit suggère aux dirigeants du PAD de «permettre à tous les responsables des services financiers d’accéder directement à l’application «cargo» de façon à observer les opérations et procéder aux rapprochements». L’audience reprend le 6 juillet pour l’interrogatoire des deux derniers témoins du ministère public. L’accusé médite son sort à la prison centrale de Yaoundé.

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