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Cameroun : 5 ans après sa mort, Bafia refuse d’oublier Mgr Benoît Bala

Ambiance à la cathédrale Saint Sébastien de Bafia à l’anniversaire de la disparition de l’évêque.

Emmanuel Joseph Ekorong que La Nouvelle Expression a interviewé La» en 2019, soit deux ans a après la mort de Mgr Bala, était formel : «Nous ne disons pas que Monseigneur est mort ou assassiné ; nous avons un seul mot : « disparu »».

Comme ce vieil homme, la quasi-totalité des fidèles catholiques fréquentant le diocèse de Bafia, l’évêque décédé fin mai 2017, soutient que «Mgr Bala ne s’est pas suicidé». Deux ans après le drame qui a frappé ce diocèse. Le temps n’a pas vraiment asséché les larmes. « Le vide qu’il a laissé reste grand », répète-t-on. Chacun semble avoir une histoire personnelle avec le disparu. Et les langues se délient de plus en plus.

« Mon premier fils fait partie des derniers prêtres qu’il a ordonnés», renseigne Emmanuel Joseph Ekorong. «A peine il leur a donné des responsabilités qu’il s’en est allé», regrette-t-il. «Mon mariage fait partie des premiers mariages que Mgr Bala a bénis. C’était à son premier anniversaire comme évêque à Bafia, en 2004. Nous étions cinq couples et il a pris deux semaines pour préparer l’événement», se souvient Roger Moubeke à Ebong.

Et même le chauffeur de l’ancien patron du diocèse peut désormais parler : «C’est la première fois que je me livre à la presse, en dehors d’un journaliste de Le monde qui est arrivé ici. Chaque jour, je pense à Monseigneur. Je n’avais pas de frère ; ce qui fait que quand j’avais des soucis ou que je voulais me confier à quelqu’un de confiance, c’est vers lui que je me tournais. Il était mon frère, mon confident», confie Mathieu Noah Ntsah.

Baissant la tête, l’homme tente de s’échapper, avant d’accepter de continuer la conversation avec le reporter : «la dernière fois qu’on s’est parlé, c’est lorsque l’économe et moi sommes revenus d’une commission à nous confiée par Monseigneur. Après lui avoir rendu compte, il m’a demandé de ne pas m’éloigner de mon téléphone car il aura besoin de moi à tout moment. Et je suis parti, en restant scotché à mon téléphone. Mais il ne m’appellera plus jamais. J’apprendrais seulement sa disparition, et puis…», se lâche l’homme. Forçant par moment une voix s’évanouissant de temps en temps.

Prières

Ce 30 mai 2022 marque le cinquième anniversaire de la disparition de l’ancien patron de l’église catholique dans ce diocèse. La date coïncide avec la fête de l’ascension. La cathédrale St Sébastien de Ngondol par Bafia, vit le recueillement. La cathédrale n’a reçu qu’une centaine de personnes pour cette messe. Beaucoup de prières ponctuent la célébration. «Nous vivons dans la logique de l’ascension, c’est-à-dire dans l’espérance que le vide laissé par notre évêque sera vite comblé», indique le «filleul» du défunt.

«Certes il y a un administrateur qui fait tout pour qu’on ne se sente pas seuls, mais nous rendons la mémoire de Monseigneur vive. Personnellement, j’essaie au mieux d’assumer la responsabilité qu’il m’a confiée et en me montrant collaborateur de ses successeurs, notamment notre administrateur apostolique », confie le jeune prêtre. Pendant la messe, certains fidèles, prosternés ou agenouillés devant le tombeau du défunt, se concentrent, marmonnant des paroles.

A la fin de chaque messe, une prière est dite à l’intention de Dieu le Créateur afin que le vide soit comblé à la hauteur de l’amour et l’attachement que les fidèles avaient envers le disparu. Mgr Benoît Balla, lui, assiste virtuellement à tout cela. Lui qui repose à l’arrière de la salle, dans un mausolée qui se transforme par moments à lieu de pèlerinage. «J’y suis ailé une fols me recueillir. J’ai dit mes prières à l’intention de Dieu afin qu’il rende justice», confie un chrétien résidant à Yaoundé. Autant que Mathieu Noah Ntsah, son ancien chauffeur.

«Tous les jeudis, lorsque j’ai du temps, je vais me recueillir sur sa tombe. Il me manque beaucoup», dit-il, Emmanuel Joseph Ekorong voudrait que l’élection d’Abraham Kome, administrateur apostolique, à la présidence de la Conférence épiscopale nationale, soit le déclic pour faire avancer le processus de succession de l’homme.

Pour autant, «c’est la volonté de Dieu, et il ne sera peut-être pas comme Mgr Bala, mais nous prions qu’il soit un bon pasteur», rêve-t-ii. On reste tout de même patient. Et les prières visent à aider l’épiscopat et le Vatican, à faire le bon choix.*« Nous fonctionnons avec l’esprit saint ; il nous console ; et nous savons que le Seigneur ne peut pas nous oublier», croit Roger Moubeke.

La Nouvelle Expression

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