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Cameroun Actuel

Bertrand Mvogo : « Paul Biya gère la situation avec beaucoup de sang-froid et de pédagogie »

Membre actif de la diaspora camerounaise en Europe, le camerounais revient dans cette grande interview sur la gestion de la crise du Covid-19 au Cameroun. Il pense que cette crise peut contribuer à un renouveau africain.

Vous êtes l’une des voix de la diaspora camerounaise qui compte en France, quel est le regard que vous jetez sur cette grave crise sanitaire qui secoue le monde entier ?

Une crise, ça suscite toujours le pire et le meilleur. Je vais commencer par le meilleur : le sens du dévouement, de la responsabilité collective, de la solidarité dont font preuve un très grand nombre de personnes, en particulier les soignants. C’est très impressionnant ! C’est admirable ! On les a parfois comparés à des héros. Ce qui n’est peut-être pas un mot tout à fait adapté. Mais c’est admirable.

Autre point très positif, c’est la reconnaissance de la pertinence de la médecine et de la science, et donc de la Raison. On est dans un monde où depuis de nombreuses années, circulent les fake news, on nous parle de post-vérités, on voit monter des critiques irrationnelles de la raison, contester les vaccins. Il y a un climat très néfaste en Afrique, et je pense que ce climat s’est complètement détérioré avec la sortie lors d’une émission télévisée des médecins français.

Notre pays le Cameroun n’est pas en reste dans la marche du monde. Depuis le 14 mars dernier, le Cameroun enregistre son premier cas, les chiffres font état de plus de 659 personnes contaminées à ce jour. Paul Biya, le président de la République a mis sur pied,  13 mesures pour lutter contre la propagation de la maladie. Comment jugez-vous ces mesures prises au Cameroun pour faire face à la pandémie ?

Le président de la République gère la situation avec beaucoup de sang-froid et de pédagogie en prenant en considération l’affect d’une population déboussolée. Ce n’était de toute façon pas la peine de céder à la panique en agitant le spectre d’une danse macabre ! Les camerounais sont par essence rebelles. Ils ne supportent pas qu’on leur impose quoi que ce soit. Et des mesures drastiques immédiates auraient provoqué des réactions de désobéissance civile, de fraude. Le gouvernement a imposé un confinement progressif, graduel au gré de l’évolution de la situation sanitaire.

Désormais, les camerounais ont compris la gravité d’une situation à laquelle ils se croyaient immunisés. Pour preuve, les « grandes gueules » comme les politiques se sont d’ailleurs toutes tues. Au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie, le gouvernement imposera un confinement plus strict allant jusqu’à l’isolement complet, la seule manière D’obtenir des résultats.

De manière plus concrète,  contrairement à ce qui se passe ailleurs en Afrique, comment appréciez-vous l’attitude des camerounais face à  ce danger ?

La perception du danger par les camerounais et les opinions publiques est d’un ressort différent. Celles-là s’inquiètent d’autant plus que nous ne sommes plus en 2000. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont un impact énorme. Ils font circuler des tas « d’informations » inquiétantes, qui pour beaucoup sont fausses.

Il faut un numéro Vert pour répondre à toutes les questions non médicales sur le sujet. Il faut informer mieux les populations pour contrer les fake news qui entretiennent une certaine psychose. C’est au gouvernement d’établir une campagne d’information à propos pour le peuple inquiet.

En tant que membre de la diaspora camerounaise d’Europe où le virus fait des ravages, quels conseils pouvez-vous donner aux autorités camerounaises pour éviter le pire?

Participation à l’effort national, Il faut que les autorités mobilisent des moyens pour faciliter le travail des personnels soignants et des forces de l’ordre mobilisés dans le cadre de la lutte contre l’épidémie.

Les autorités doivent être fermes pour le respect des mesures de confinement  accompagnées des mesures sociales pour les plus démunis sur toute l’étendue du territoire national.

Comment envisager l’avenir du continent africain après la crise ?

Pourrions-nous dire, voici enfin la chute d’un modèle qui a couvert trois grandes crises économiques, qui a renforcé les inégalités et les différences et qui, surtout, est responsable d’une intensification inquiétante du risque environnemental et du dérèglement climatique, d’une extinction de masse et d’une destruction des écosystèmes ?

Prenons alors les choses positivement et admettons, malgré la panique générale et la peur collective à l’heure du Covid-19, que quelque part, cette crise aura du bon pour notre Afrique avenir. En tout cas, espérons-le. Qu’un économiste africain reconnu et respecté le reconnaisse est peut-être le début de quelque chose…

Un mot pour nos lecteurs !

Bon courage à tous. Soyons confinés !

 

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