fbpx

Cameroun Actuel

Batailles d’influence : putsch manqué à Camwater

Des sacs contenant 5,6 tonnes de polymère, intrant nécessaire au traitement de l’eau d’Akomnyada, ont été livrés in extremis à la veille de la rupture du stock, alors que le limogeage du Dg Bolenga avait déjà été programmé.

Jusqu’à vendredi, 16 septembre 2022, la situation était présentée comme désespérée à la Cameroon Water Utilities Corporation (Camwater). A la station de traitement d’eau d Akomnyada près de Mbalmayo, l’on échafaudait les scénarios les plus farfelus y compris les éléments de langage les plus improbables, pour communiquer sur la situation de détresse. Le stock de polymère de marque «Purifloc/Gifloc» devait arriver à épuisement dès le lendemain, et aucune solution ne pointait à l’horizon.

Dans cette unité qui ravitaille à 75% Yaoundé et ses environs, impossible d’envisager un processus de potabilisation sans le polymère. La texture de l’eau captée à partir du Nyong, mais aussi les multiples micro-organismes qui la constituent, rendent le Purifloc/Gifloc incontournable dans ce travail de purification.

Il se passe que cet intrant capital, pour Akomnyada est fourni à la Camwater par la firme française Solevo. Laquelle entreprise est en froid avec son principal client, qui lui a passé commande de 9,6 tonnes de produits de potabilisation depuis le 20 décembre 2021 Ledit fournisseur, qui jouit d’une position de monopole dans le sous- région, est depuis des mois rentré dans une phase de surenchère commerciale.

La Camwater, sans succès, a bien tenté de contourner la difficulté en commandant le Purifloc/Gifloc auprès d’opérateurs locaux. Ceux-ci, à leur tour ont saisi le fabricant Fluerger qui les a priés de s’adresser à Solevo. Le piège s’est refermé sur eux lorsque le distributeur de la sous-région leur a communiqué des tarifs démesurément gonflés, passant presque du simple au double. Des prestations impossibles à honorer.

Ce que les dirigeants de la Camwater ne savent pas alors, c’est que Solevo entretient une relation incestueuse avec des lobbies occultes, s’agitant au cœur du système de Yaoundé et qui prennent leurs- racines depuis le ministère de l’Eau et de l’Energie (Minee). «Ici, l’on n’a jamais fait mystère du désir de placer à la tête de cette société publique un homme qui se soumettrait totalement à la tutelle», soupire une source proche du chef de département Gaston Eloundou Essomba.

Celle-ci en veut pour preuve l’agitation de ces dernières semaines. Où il a été donné de constater comme un jeu de ponce-pilatisme autour de la polémique quant aux pénuries récurrentes d’eau à Yaoundé- agglomération. A ces jeux d’ombres s’est ajoutée une insidieuse campagne médiatique, derrière laquelle aucun doute n’est permis quant à l’identité des commanditaires.

Détresse extrême

Face à la situation de détresse extrême, une réunion de crise, élargie aux membres du conseil d’administration, est convoquée d’urgence le 16 septembre à Douala. Des sources introduites avaient d’abord évoqué la tenue d’une session extraordinaire dudit conseil ce même jour, avec pour principal sujet à l’ordre du jour la nomination d’un nouveau directeur général en remplacement de Gervais Bolenga dont le moins qu’on puisse en penser est qu’il n’est pas dans les bonnes grâces de sa tutelle.

Le fournisseur Solevo est convié à ce conclave, pour une ultime tentative de conciliation. Beaucoup, jusqu’à la présidence de la République, le soutiennent par des haineux tapis au Minee. Ce sera ainsi l’occasion de le mettre à l’épreuve, sur un sujet touchant des millions de consommateurs d’eau potable.

C’est pendant ce conclave, assure un administrateur, que la thèse de la pénurie artificielle de Purifloc/Gifloc va se confirmer. Avec aplomb, un responsable de Solevo finira en effet par avouer que le prestataire dispose d’un confortable stock du fameux intrant dans ses entrepôts de Douala-Bonabéri. La tentative de déstabilisation de la desserte de Yaoundé-agglomération vient d’échouer. Bien plus encore, le sommet du Minee, qui n’aurait certainèment pas échappé à la guillotine en cas de panne sèche d’eau potable dans la capitale et ses environs, sauve également sa tête par la même occasion.

Joignant le geste à la parole, Sotevo finira le lendemain par livrer 5,6 tonnes de Purifloc/Giflpc à la station d’Akomnyada. Entre le 16 et le 17 septembre, le prestataire a comme par enchantement trouvé et livré du polymère. Ce stock, selon une source en poste dans ladite station, permet de remonter la production quotidienne d’eau potable de 20.000m3.

Aurore Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi