Il aura suffi de quelques heures après la publication par MMI d’un article dénonçant le mutisme du gouvernement et du RDPC pour que l’Assemblée nationale sorte enfin de son silence.
Dans un communiqué signé ce jeudi 24 octobre 2025 par son président, Cavaye Yeguie Djibril, la Chambre basse exprime son « profond regret » et confirme le décès de l’honorable Abe Michael Ndra, survenu le mercredi 22 octobre 2025 à Ndu, dans la région du Nord-Ouest, « des suites d’un assassinat ».
Le texte rappelle que l’élu du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), député de la circonscription de Donga-Mantung Ouest, en était à son second mandat et siégeait à la Commission des Finances et du Budget de l’Assemblée nationale.
Dans un ton inhabituellement ferme, Cavaye Yeguie Djibril « dénonce et condamne avec véhémence ces actes de barbarie et de terrorisme qui menacent la paix et la tranquillité des citoyens et de la nation ». Il adresse également, au nom de toute la Chambre, ses condoléances à la famille « durement éprouvée », tout en exprimant sa « profonde compassion ».
Une réaction tardive, mais sous pression
Cette réaction intervient dans un contexte où le silence prolongé des autorités avait provoqué une onde d’indignation à travers le pays. Quelques heures plus tôt, MMI publiait un article intitulé « Le RDPC snobe l’assassinat de son député : quand l’indifférence devient doctrine », soulignant l’absence totale de réaction officielle du parti au pouvoir et du gouvernement, trois jours après les faits.
Cette absence de compassion publique pour un député en exercice avait été jugée « incompréhensible » par de nombreux observateurs politiques, d’autant plus que le drame s’est produit dans une zone en proie à une insécurité chronique liée au conflit anglophone.
L’assassinat de l’honorable Abe Michael Ndra survient dans un Nord-Ouest où les affrontements entre groupes séparatistes et forces gouvernementales se poursuivent sans relâche. Plusieurs élus du RDPC y vivent sous menace permanente.
Pour de nombreux Camerounais, la prise de parole tardive du Parlement illustre la lenteur et la froideur institutionnelles face aux drames humains.
« Il a fallu que la presse s’en émeuve pour que les institutions se réveillent », commente un politologue de l’université de Yaoundé II. « Cela montre que la société civile et les médias indépendants restent aujourd’hui les véritables gardiens de la conscience nationale. »
Si la réaction de l’Assemblée nationale marque un sursaut attendu, elle n’efface pas les critiques d’une opinion publique qui continue de s’interroger : pourquoi faut-il toujours un scandale médiatique pour que l’État parle ?
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