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Michèle Ndoki : « boycotter les élections de 2020 était une erreur »

Michèle Ndoki
Michèle Ndoki. Madrid Summit. WorldPride 2017 Madrid.

Michèle Ndoki, éminente avocate et militante politique camerounaise, a ouvertement reconnu que la décision du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de boycotter les élections de 2020 était une « erreur ».

Dans une récente interview accordée à Carrefour Télévision, Michèle Ndoki est revenue sur ce moment charnière et a exposé sa vision de l’avenir du Cameroun après son départ du MRC.

Réévaluation du boycott des élections de 2020

Le boycott des élections de 2020 par le MRC était une manœuvre politique majeure visant à protester contre la gestion de la crise anglophone par le gouvernement et à plaider en faveur de réformes électorales. Cependant, cette décision a eu de profondes répercussions sur l’influence politique du parti et sur l’opposition en général.

En s’abstenant de participer, le MRC a involontairement cédé du terrain politique au parti au pouvoir, réduisant sa présence législative et limitant sa capacité à instaurer des changements au sein du système.

La récente confirmation de Ndoki intervient à un moment où le MRC subit une forte pression pour désigner un candidat aux prochaines élections présidentielles.

« Ne pas participer aux élections de 2020 a été une erreur », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité d’un engagement actif dans le processus politique pour susciter un changement significatif. Ce constat fait également écho aux critiques des analystes politiques qui affirment que les boycotts peuvent conduire à la marginalisation politique.

Nombreux sont ceux qui ont affirmé que le MRC avait commis une erreur fondamentale, similaire à celle commise par le Front social-démocrate dans les années 1990.

Formation des « Bâtisseurs de la Nation »

Le départ de Ndoki du MRC en juillet 2023 a marqué un tournant dans son parcours politique. Bien qu’elle ait exprimé son désaccord avec la décision du parti de l’exclure, elle a maintenu son respect pour le processus.

« Je respecte la décision qui a été prise, même si je ne suis pas d’accord », a-t-elle déclaré. Cela suggère que des dynamiques internes et des contestations de la direction du parti ont pu influencer son départ.

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Malgré cela, Ndoki a exprimé son respect pour le professeur Maurice Kamto, chef du MRC, et a salué ses contributions à la politique camerounaise.

Après son départ, Ndoki a lancé « Les Bâtisseurs de la Nation », un mouvement distinct des partis politiques traditionnels. Cette initiative vise à combler le fossé entre les entités politiques et la population, en mettant l’accent sur la mobilisation populaire et l’engagement citoyen.

L’un des piliers de ce mouvement est le projet ambitieux de déployer 10 000 observateurs électoraux lors des prochaines élections présidentielles, afin de renforcer la transparence et la confiance du public dans le processus électoral. Ndoki a exprimé sa vision en déclarant : « Il existe un décalage entre les partis politiques et la réalité du peuple camerounais », soulignant la nécessité d’un discours politique plus inclusif.

Critique de la gouvernance et plaidoyer en faveur des réformes

Ndoki a vivement critiqué le gouvernement actuel, soulignant les promesses non tenues et le manque perçu de compétence au sein du pouvoir exécutif. Elle plaide pour la reconnaissance de la double nationalité afin de valoriser le potentiel de la diaspora camerounaise, affirmant : « Nous devons reconnaître la double nationalité.»

Cette perspective s’inscrit dans le cadre d’appels plus larges à moderniser les politiques nationales afin de refléter les réalités de la mondialisation et des migrations.

Abordant les origines de mouvements comme la Brigade Anti-Sardines (BAS), Michèle Ndoki les reconnaît comme des réactions à des problèmes systémiques tels que la mauvaise gouvernance et la corruption. Tout en condamnant la violence, elle souligne l’importance de comprendre les causes profondes qui animent ces mouvements.

Par ailleurs, Mme Ndoki exprime son inquiétude face à l’émigration des jeunes, soulignant la responsabilité collective de créer un environnement propice au Cameroun pour retenir ses jeunes talents.

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Sa volonté de collaborer avec toutes les personnes dévouées au bien-être de la nation transparaît dans sa déclaration : « Je suis prête à travailler avec tous ceux qui ont à cœur l’intérêt du Cameroun. »

Interaction avec les autorités et perspectives d’avenir

Le militantisme de Mme Ndoki n’a pas été sans difficultés. En janvier 2025, elle a été convoquée par la police judiciaire suite à une plainte du préfet du Wouri contre son ONG, « Les Bâtisseurs de la Nation », soulignant le caractère controversé de son travail de plaidoyer.

Malgré ces obstacles, Michèle Ndoki reste résolue dans son engagement en faveur de l’engagement politique et des réformes. Elle s’est déclarée satisfaite du format de l’entretien et espère que davantage de dirigeants politiques participeront à des discussions similaires, favorisant ainsi une culture de dialogue ouvert et de responsabilité sur la scène politique camerounaise.

Le parcours de Michèle Ndoki reflète un discours plus large au sein de la politique camerounaise : une évolution vers des mouvements centrés sur les citoyens et une réévaluation des stratégies politiques traditionnelles. Sa reconnaissance des erreurs passées et son approche proactive des engagements futurs offrent un aperçu de l’évolution de la dynamique de l’opposition politique au Cameroun.

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