Le Cameroun se trouve à la croisée des chemins. À l’issue du Conseil de cabinet d’octobre, présidé à Yaoundé par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, le gouvernement a officiellement ouvert la réflexion sur la possibilité d’un troisième programme avec le Fonds monétaire international (FMI) pour la période 2026-2029, après la fin du précédent accord en juillet 2025.
Selon le ministre des Finances Louis Paul Motaze, qui revient de Washington, deux options s’offrent au pays : poursuivre la coopération avec l’institution de Bretton Woods ou voler de ses propres ailes. Un choix à la fois économique et politique qui engage la souveraineté budgétaire du Cameroun.
Se passer du FMI offrirait, en théorie, plus de liberté décisionnelle au gouvernement. Yaoundé pourrait alors adopter des mesures économiques sans devoir obtenir l’aval du Fonds. Mais l’enjeu est de taille : le pays perdrait du même coup près de 2 600 milliards de F CFA d’appuis budgétaires — un manque à gagner considérable pour une économie encore fragile.
« Si nous renonçons au programme, il faudra trouver d’autres ressources », a prévenu Motaze. En clair, le Cameroun devrait compenser par des recettes fiscales internes ou par un recours accru à l’endettement, dans un contexte où la pression sur les finances publiques reste forte.
À l’inverse, un nouvel accord avec le FMI permettrait de maintenir la confiance des bailleurs et de sécuriser les financements extérieurs. Mais ce choix n’est pas sans coût politique. Depuis 2017, les programmes successifs ont imposé une discipline budgétaire souvent perçue comme une tutelle économique.
Plusieurs voix au sein de la société civile estiment que ces accords, bien que stabilisateurs, ont limité la capacité du pays à financer ses priorités sociales et productives. Yaoundé plaide désormais pour un cadre plus flexible, centré sur ses besoins nationaux — un test décisif de sa capacité à négocier d’égal à égal.
En parallèle, le gouvernement prépare un autre défi de taille : l’organisation de la 14ᵉ Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) prévue en mars 2026. L’événement, qui réunira près de 4 000 délégués venus de 150 pays, représente une vitrine diplomatique majeure pour le Cameroun.
Logistique, sécurité, hébergement : autant de défis à relever dans un contexte budgétaire incertain. Autant dire que, qu’il s’agisse du FMI ou de l’OMC, Yaoundé joue sur plusieurs fronts — entre ambition internationale et équilibre économique fragile.
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