Une lettre ouverte, un coup de tonnerre. En annonçant officiellement sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025, Léon Théiller Onana ne se contente pas de poser un acte politique. Il pose un acte de défi. Sa lettre, rédigée sur un ton grave, mêle audace, lucidité, et volonté farouche de rompre avec l’immobilisme étouffant d’un régime qu’il connaît de l’intérieur : celui du RDPC.
Un coup de poignard dans le statu quo. D’emblée, Onana met les pieds dans le plat : « l’ancien président national du parti, Paul Biya, ne peut plus être candidat ». En quelques mots, il abat un totem et affirme ce que beaucoup pensent tout bas : le RDPC ne peut plus continuer à se réfugier dans l’ombre d’un homme vieillissant, symbole d’un pouvoir à bout de souffle. Il désigne sans détour un système de prédation, où une élite accapare les richesses du pays au détriment de la majorité.
Un acte de dissidence interne ? Non, une stratégie de récupération. Léon Théiller Onana ne renie pas son parti : il revendique le RDPC, mais un RDPC nouveau, affranchi des chaînes du passé. Son discours vise la jeunesse, les laissés-pour-compte, les révoltés silencieux. Il veut fédérer les déçus du régime… sans renier totalement le parti qui l’a porté. Un exercice d’équilibriste entre loyauté institutionnelle et rébellion morale.
Une rhétorique de rupture maîtrisée. Portant la bannière de la refondation, Onana s’attaque aux maux endémiques du Cameroun : ethnicisme instrumentalisé, pauvreté chronique, gouvernance clientéliste. Il dénonce les « leaders moraux » cooptés par le système, et se positionne en voix des sans-voix. Sa promesse : rendre au peuple le pouvoir qu’on lui a confisqué depuis plus de quatre décennies.
Mais à quel prix ? En se réclamant du RDPC tout en en dénonçant les dérives les plus sombres, Léon Théiller Onana joue une carte risquée. Dans un parti verrouillé par la loyauté au chef, cette prise de parole pourrait être interprétée comme une trahison. Et les structures officielles du parti n’ont pas, à ce jour, validé une quelconque procédure interne de désignation d’un candidat autre que Biya. Le danger est donc réel : être perçu comme un « frondeur solitaire » ou, pire, comme un « traître institutionnel ».
Enjeux et perspectives. La candidature de Léon Théiller Onana ouvre une brèche dans l’édifice apparemment monolithique du RDPC. Elle pose une question fondamentale : le RDPC est-il capable de se régénérer ou sera-t-il emporté par ses propres contradictions ? Elle interpelle aussi l’opposition, sommée de revoir ses calculs si le parti au pouvoir entre en implosion contrôlée.
Une tempête dans le volcan ?
Avec cette déclaration, Léon Théiller Onana ne fait pas que se porter candidat, il lance une intifada politique contre le système qui l’a vu naître. Sera-t-il l’étincelle qui précipitera l’explosion interne du RDPC ? Ou finira-t-il comme tant d’autres, broyé par la machine à neutraliser toute dissidence ? Une chose est sûre : le paysage politique camerounais vient de se fissurer, et le son du fracas pourrait bien résonner jusqu’aux portes d’Etoudi.
Par Pharel Ateba, Journaliste
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