Alors que la crise anglophone au Cameroun entre dans sa neuvième année en octobre prochain, le pape François (et certains évêques catholiques camerounais) restera dans les mémoires pour son plaidoyer en faveur d’une résolution pacifique, privilégiant le dialogue et la réconciliation.
Son engagement indéfectible a souligné le rôle influent de l’Église catholique dans la résolution de ce conflit qui a profondément affecté les régions anglophones du pays.
Appels au dialogue du pape François
Le pape François a constamment souligné la situation critique des régions anglophones du Cameroun. En septembre 2019, il a exprimé sa solidarité avec les Camerounais, appelant à prier pour un dialogue national visant à résoudre la crise actuelle. Il a insisté sur la nécessité de « solutions pacifiques, justes et durables ».
Suite à la tragique fusillade dans une école de Kumba en octobre 2020, où plusieurs élèves ont perdu la vie, le pape a condamné la violence, la qualifiant d’« acte cruel et insensé ». Il a appelé à faire taire les armes et à protéger les droits des enfants à l’éducation et à un avenir sûr.
En janvier 2021, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, s’est rendu au Cameroun, transmettant le désir de paix et de réconciliation du Saint-Siège. Après avoir rencontré le président Paul Biya, le cardinal Parolin a réitéré l’engagement du Vatican à soutenir les efforts de résolution du conflit.
Les évêques camerounais plaident pour la paix
Les évêques catholiques camerounais, à l’instar du défunt pape, ont condamné haut et fort les violences et appelé au dialogue. En janvier 2024, la Conférence épiscopale nationale a exprimé sa profonde préoccupation face aux violences persistantes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, appelant à davantage de justice, de solidarité et de confiance en Dieu.
L’archevêque de Bamenda, Mgr Andrew Nkea, n’a cessé de souligner que la crise (qui s’est depuis transformée en conflit) ne se résume pas à des différences linguistiques, mais trouve ses racines dans des questions de culture et d’appartenance.
Il a déclaré : « Chaque Camerounais souhaite se sentir appartenir au Cameroun », soulignant la nécessité du respect et de la compréhension mutuels. Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, a également appelé le gouvernement à s’engager à résoudre le conflit, soulignant l’importance de garantir la paix pour tous les citoyens.
L’Église catholique au Cameroun a assumé un rôle de médiateur, s’engageant auprès des forces gouvernementales et des groupes séparatistes pour favoriser le dialogue. Mgr Nkea a souligné que l’Église était en contact permanent avec les deux parties, visant à promouvoir la paix et la réconciliation. Malgré les difficultés, ces efforts ont abouti à des résultats positifs, comme la réouverture des écoles dans certaines zones touchées.
Cependant, la neutralité de l’Église l’a parfois placée dans une position précaire, les deux parties considérant ses actions avec suspicion. Malgré cela, l’Église reste fidèle à sa mission de plaidoyer pour la paix et de soutien aux personnes touchées par le conflit.
Impact sur le président Paul Biya
Le président Paul Biya, lui-même catholique, a reçu de nombreux appels du Vatican et des évêques camerounais à engager un dialogue constructif avec les dirigeants séparatistes.
Bien que le gouvernement ait engagé des discussions, des critiques affirment que des efforts plus conséquents sont nécessaires pour s’attaquer aux causes profondes du conflit et instaurer une paix durable.
La crise anglophone actuelle au Cameroun demeure un problème complexe et profondément ancré. Grâce aux efforts persistants du pape François et des évêques catholiques camerounais, un espoir de résolution pacifique est permis.
Le Vatican a été considéré à un moment donné comme un médiateur potentiel entre les parties belligérantes au Cameroun, mais le gouvernement camerounais n’a jamais rendu publique cette intention.