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Le Contre-Amiral Nsola Jean Pierre est décédé

L’ex-attaché militaire du Cameroun en Chine a rendu l’âme mercredi dans un hôpital de Yaoundé.

Révoqué par un décret présidentiel en 2013, l’officier supérieur de l’armée camerounaise a engagé un bras de fer juridique pour être restauré dans ses droits. Pour lui, le décret présidentiel du 26 Décembre portant révocation d’un officier général des Forces de défense n’a visiblement pas d’effet.

Pourtant, il y est bien écrit: «Le contre-amiral Nsola Jean-Pierre est pour compter de la date de signature du présent décret révoqué des Forces de défense pour faute lourde. Cette révocation entraine la perte du grade de contre-amiral. Les droits à pension de l’intéressé seront calculés sur la base du grade de capitaine de vaisseau 3ème échelon».

Et c’est signé Paul Biya. En tout cas, la requête de l’ex-attaché de défense du Cameroun en Chine a été reçue par le tribunal administratif du Centre. Dans ce document, Jean-Pierre Nsola s’insurge contre «la mesure de suspension de solde au taux extérieur» et réclame à l’Etat pas moins que deux milliards de francs CFA comme préjudice moral à la suspension de sa solde.

En effet, depuis janvier 2014, l’ex-contre-amiral perçoit un bulletin de solde nul. Navire amiral de l’insubordination Les malheurs de Jean-Pierre Nsola commencent quand il entre en opposition avec le ministère de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o au sujet des commandes du matériel militaire avec des firmes chinoise prévalant de son titre d’attaché de défense et fort de ses contacts sur place, Jean-Pierre Nsola apprécie mal que le Mindef ait passé des contrats d’armes et d’équipements de l’armée en se passant de lui.

«Pourtant, Mebe Ngo’o ne faisait qu’obéir à des ordres du président de la République qui l’avait envoyé en Chine. Apparemment, l’ex-contre-amiral avait déjà tissé son réseau sur place», indique une source proche des milieux militaires.

A la suite de cet accrochage, le contre-amiral entre en rébellion ouverte et rédige une lettre pamphlétaire contre sa hiérarchie, dans laquelle il gratifie Edgar Mebe Ngo’o, de quelques noms d’oiseaux de nuit. Publiée en juin 2013 dans l’hebdomadaire La Nouvelle, la correspondance de Jean-Pierre Nsola est l’affront de trop pour le Mindef. Mais là n’est pas la plus grande insubordination de l’ex-contre-amiral.

Le 11 mars 2011, en même temps qu’il est promu contre-amiral, Jean-Pierre Nsola est nommé contrôleur des armées par le président de la République. Une promotion perçue comme une sanction pour celui qui est depuis 2005 attaché de défense l’ambassade du Cameroun en Chine.

Jean-Pierre Nsola, qui voit la main du Mindef derrière cette mise à l’écart déguisée, refuse de quitter son poste à Beijing et de passer le service à son successeur désigné. Une défiance vis-à-vis du chef des armées, Paul Biya, qui ne tarde pas à souffler le soufre sur l’officier général.

Le 1er novembre 2011, le Président l’admet en deuxième section, synonyme de retraite. Là aussi, la sanction est vaine, Jean-Pierre Nsola reste en poste. Le rouleau compresseur La pression monte d’un cran quand le directeur du commissariat interarmées écrit à la directrice de la dépense des personnels et des pensions pour la suspension du salaire au taux extérieur du contre-amiral Jean Pierre Nsola.

Signée le 11 juin 2012, la correspondance indique que «l’ex-attaché de défense à l’ambassade du Cameroun en Chine, admis en 2ème section des officiers généraux des Forces de défense, ayant perçu ses frais de relève et titres de transport continue de percevoir sa solde au titre de l’extérieur».

Effet immédiat: le même mois de juin 2012, le salaire mensuel de Jean-Pierre Nsola s’élève à un peu plus de 697 000 francs CFA, contre plus de 4 millions un mois plus tôt. L’ex-attaché de défense ne quitte pas Beijing, malgré tout. Le 4 septembre, Martin Mpana, l’ambassadeur du Cameroun lui écrit pour l’informer qu’il est convoqué devant un conseil de discipline au Cameroun le lundi 16 septembre 2013.

Il l’invite à se rendre à l’ambassade « en eue d’organiser votre mise en route », écrit Martin Mpana. Jean-Pierre Nsola ne bouge toujours pas. Le 2 octobre 2013, l’ambassadeur Martin Mpana le convoque à nouveau le contre-amiral à « bien vouloir vous présenter le lundi 7 octobre 2013 à 10 heures par devant le général de brigade aérienne Momha Jean Calvin, chef d’état-major de l’armée de l’air, officier rapporteur du haut conseil de discipline, accompagné du général de brigade Elokobi Samuel, directeur central de la coordination de la gendarmerie nationale».

L’audience de comparution est programmée dans les services de l’attaché de défense au sein de l’ambassade du Cameroun en Chine. A cette période, la rupture est consommée avec le ministre de la Défense, que Jean Pierre Nsola n’a pas épargné dans une correspondance publiée par l’hebdomadaire La Nouvelle et reprise par de nombreux autres journaux.

La traduction de l’ex-attaché de défense devant ses pairs généraux n’y change rien. L’homme semble être dans une logique jusqu’au-boutiste. Le rapport des deux émissaires, envoyé au chef suprême des armées; est accablant. En décembre 2013, son bulletin de solde affiche tin peu plus de 555 000 francs CFA, soit environ 150 000 francs de moins qu’en juin 2012.

Et le 26 de ce même mois, le 26 décembre exactement, il est révoqué par un décret présidentiel. Depuis janvier 2014, il n’a plus de solde. Une riposte pamphletaire Dans sa requête adressée au tribunal administratif, Jean-Pierre Nsola parle d’ex-dès de pouvoir.

Fait notable: il refuse d’admettre son départ de Beijing, Il estime que sa convocation par l’ambassadeur Martin Mpana en septembre 2013 pour organiser sa mise en route au Cameroun est « la preuve que je suis toujours en fonction à Beijing et continue à me soumettre a la règle financière du service fait.»

De plus, indique l’ex-contre-amiral, « l’exécution par l’administration d’une mesure entachée d’excès de pouvoir me prive manifestement de l’allocation salariale… dans ces conditions de vie désastreuses en terre étrangère, qui plus est loin de toute forme de solidarité familiale en cours au Cameroun, il m’est impossible de me nourrir au quotidien, de payer mes charges locatives, de fourniture d’énergie électrique et d’eau, de me soigner en cas de maladie. » Un SDF en somme.

L’officier supérieur termine sa démonstration par l’évocation de son incapacité à assumer ses responsabilités de chef de famille. « Toutes choses qui entraine une perturbation inhumaine de mon mode de vie et une clochardisation inadmissible d’un haut fonctionnaire à l’étranger.» En définitive, Jean-Pierre Nsola demande le paiement de ses 20 mois de solde suspendus et deux milliards de préjudice moral subi.

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