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L’Agence européenne Frontex, complice des abus contre les migrants ?

Deux ONG, Human Rights Watch et Border Forensics, accusent l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex de renseigner les garde-côtes libyens lorsque des navires de migrants et de réfugiés sont en détresse en Méditerranée.

Les garde-côtes libyens sont, chaque jour, sur les dents : ils n’hésitent pas à intercepter des bateaux de migrants qui sont ensuite renvoyés de force en Libye, où ils subissent généralement des abus. Selon les ONG Human Rights Watch et Border Forensics, qui viennent de publier un dossier intitulé « Airborne Complicity : Frontex Aerial Surveillance Enables Abuse » — comprenez : « Complicité dans le ciel : la surveillance aérienne par Frontex facilite les abus » —, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex) joue un rôle important, grâce à ses avions et un de ses drones, dans les alertes envoyées aux garde-côtes libyens.

Risques de traitements inhumains ?

Globalement, c’est l’utilisation de la surveillance aérienne par Frontex qui interpelle les deux ONG. L’agence européenne utilise des appareils dont les flux vidéo sont transmis à un centre de coordination dans son siège de Varsovie. Dès lors, Frontex décide ou non d’alerter sur la situation des embarcations de migrants détectées. Mais qui est alerté ? C’est bien là que le bât blesse. Alors que Frontex affirme haut et fort qu’elle sauve des vies, Human Rights Watch et Border Forensics assurent que ses informations servent en réalité les autorités libyennes.

« En alertant les autorités libyennes sur des embarcations transportant des migrants, sachant que ces migrants seront renvoyés vers des traitements atroces, et malgré d’autres options, Frontex se rend complice de ces abus », résume tout simplement Judith Sunderland, la directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. Et les beaux discours de Frontex resteront « tragiquement vides de sens, tant que cette agence n’utilisera pas la technologie et les informations à sa disposition pour s’assurer que les personnes soient secourues rapidement et puissent débarquer dans des ports sûrs ».

Une histoire de droite maritime ?

L’objectif de Frontex est donc d’empêcher les migrants d’atteindre la zone UE plutôt que de sauver des vies. Les ONG s’appuient, pour affirmer cela, sur les statistiques : selon elles, les garde-côtes libyens interceptent davantage d’embarcations lorsque la surveillance de Frontex est plus importante.

Des accusations graves. Qui pourraient avoir des conséquences pour Frontex et pour l’Europe. Il y a deux semaines, le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR) a en effet déposé une plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité » commis contre les migrants et les réfugiés en Libye, par les autorités européennes.

Human Rights Watch et Border Forensics déplorent « le manque de transparence de Frontex » qui, selon elles, « rend difficile la vérification des faits et entrave la responsabilité » de l’agence européenne. Les ONG accusent cette dernière d’avoir expurgé les documents qu’elles ont pu consulter. Frontex se défend en assurant qu’elle est obligée, en vertu du droit maritime, d’alerter les autorités côtières compétentes en cas de situations de détresse en mer. Mais, concluent les ONG, les droits de l’homme doivent être eux aussi considérés. Et force est de constater que les risques de torture ou de traitements cruels, inhumains et dégradants en Libye auraient dû pousser l’agence à outrepasser le droit maritime.

Le Journal de l’Afrique

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