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La vidéo choquante de la torture de Longuè Longuè : une stratégie de dissuasion politique ? – Opinion

La vidéo choquante montrant la torture de l’artiste camerounais Longuè Longuè par certaines forces gouvernementales aurait été filmée, conservée et diffusée en temps voulu par les pouvoirs en place.

Bien que la victime ait décrit la vidéo comme lui ayant été envoyée par Dieu, il convient de noter que cette vidéo a été soigneusement conservée uniquement pour être diffusée à ce moment-là par les autorités qui ont orchestré son arrestation et sa torture. Ils savaient exactement que si la vidéo était envoyée à Longuè Longuè (via un numéro inconnu normalement), il la partagerait sur les réseaux sociaux.

Les autorités du régime derrière la torture de l’artiste pensent que la diffusion de la vidéo sanglante à ce moment-là créerait la peur et dissuaderait quiconque contesterait le résultat des élections présidentielles de l’année prochaine où leur candidat naturel, Paul Biya, est susceptible de se présenter pour un autre mandat.

Longue Longue a été arrêté en lien avec des déclarations contestant les résultats des élections présidentielles de 2018.

Selon Longue Longue, les résultats ont été falsifiés pour favoriser Biya dont Kamto était le vainqueur. Il a également chanté des chansons se moquant des institutions étatiques importantes dirigées par des hommes très âgés.

Le régime de Biya a récemment pris des mesures qui servent d’avertissements aux Camerounais, en particulier à ses détracteurs et à l’opposition.

Certaines de ces mesures comprennent l’arrestation et la détention d’un jeune homme qui a plaidé pour l’inscription massive des Camerounais sur les listes électorales afin de faire tomber un gouvernement improductif.

La deuxième notification a été l’émission d’un avertissement officiel par le préfet de Mfoundi, menaçant de « déposer » quiconque parle mal du président Biya.

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La plus récente est l’interdiction des discussions dans les médias sur la santé de Biya par le ministre de l’Intérieur.

Pendant ce temps, le même ministre, dans une démonstration de panique, a fait des efforts pour contrecarrer la coalition de l’opposition et a également contribué à créer une fracture au sein du parti PCNR qui est en train de se fragmenter en raison de luttes de leadership.

Le Conseil national de la communication, de son côté, a également intensifié la censure des médias privés, remettant ainsi en question l’état de la presse libre et de la liberté d’expression au Cameroun.

Pour revenir au cas de Longuè Longuè, l’arrestation et la torture d’une personnalité de son calibre ne peuvent se faire sans « haut commandement ». Lorsque Longuè Longue s’est adressé aux médias et a raconté au monde son expérience, beaucoup ont ri et se sont moqués de lui.

L’État forme une escouade spéciale de soldats uniquement pour mener des actes et des opérations secrets. La plupart du temps, ces actes sont commis sans laisser de traces, laissant la population spéculer par elle-même, surtout lorsqu’il s’agit de tuer la victime.

Les tortures sont catégorisées et portent des noms de code en fonction du crime et de la nature du traitement ou de la gestion de la victime.

Certaines des tortures peuvent être physiques, psychologiques ou de type escadron de la mort. Cependant, dans certains cas, une victime qui n’a pas été inscrite sur la liste des condamnés à mort peut mourir en raison de son incapacité à supporter la torture.

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A travers la vidéo virale, on peut maintenant imaginer ce que les gens subissent entre les mains d’hommes en uniforme avant de mourir ou simplement en détention. C’est une pratique courante dans les centres de détention qui se déroule malheureusement en coulisses.

Après ce qui se passe dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, si la situation se stabilise à un moment où les victimes peuvent parler librement et sans crainte, des histoires pires ou similaires à celle de Longuè Longuè seront monnaie courante. Bien sûr, des milliers de ces histoires déchirantes ne seront peut-être jamais entendues car les victimes doivent s’être évanouies dans l’éternité.

Les personnes qui n’ont peut-être jamais été témoins de tortures ne prendront jamais les victimes au sérieux lorsqu’elles racontent leur calvaire.

L’appel du MINDEF à une enquête sur la torture de l’artiste camerounais n’est peut-être qu’un écran de fumée, car de nombreuses enquêtes de ce type finissent dans les placards.

Par George Tando

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