fbpx

Cameroun Actuel

Gabegie : les jets privés du gouverneur assèchent les caisses de la Beac

En plus de ses gaffes, à répétition, au sein de l’institution, Abbas Mahamat Tolli passe plus de temps à l’étranger, tous frais payés par la banque, qua son lieu de service à Yaoundé.

Depuis début 2022 le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli, a séjourné pendant presque un mois en France.

Il a aussi passé une semaine au Soudan, deux semaines à Libreville et trois autres semaines à N’Djamena. Cela fait plus de deux mois et demi hors de son lieu de travail à Yaoundé, et aux frais de l’Institut d’émission.

Dans les jours à venir, il devrait passer deux semaines à Douala, deux semaines aux États-Unis et au moins deux autres semaines en France. Ces absences, longues et répétées, sont observables depuis sa prise de fonction, en fin mars 2017. Elles s’allongent davantage au fil des années, induisant de légitimes questionnements de ses collaborateurs sur sa propension à déserter son bureau et le siège. Pire, les dépenses liées à la prise en charge de ses voyages d’agrément explosent.

Pourtant, se souvient-on, lors de son arrivée aux commandes de la Beac, Abbas Mahamat Tolli avait publiquement déclaré que l’un des défauts ayant entraîné la mauvaise gestion de son prédécesseur, l’Équato-guinéen Lucas Abaga Nchama, était son usage abusif des jets privés pour ses voyages. Il proclama ensuite qu’il mettrait fin à cette gabegie en empruntant lui-même des vols commerciaux pour assurer sa présence dans tous les pays membres de la Cemac, aux fréquences exigées par son magistère.

Et il s’appliqua effectivement ce régime d’austérité au départ, mais juste pour deux petits mois. Résultat des courses, en moins d’une année, il s’engouffra de nombreuses fois dans des jets privés, facturés près de 7 millions de francs la journée, finissant par battre tous les records de son prédécesseur qu’il jugeait dépensier. Désormais, tout est prétexte pour prendre les airs aux frais exclusifs de la Beac, essentiellement pour des déplacements privés. Il en est ainsi des deuils dans sa-famille au Tchad.

À l’occasion, M. le gouverneur prend le soin de se faire établir un ordre de mission estampillé «rencontre avec les autorités», et le voici en route pour N’Djamena. Il en fait autant pour les réunions à Libreville. Il existe au minimum 6 vols par semaine, proposés par les compagnies entre Yaoundé et la capitale gabonaise. Mais Abbas Mahamat Tolli n’est pas homme à se mélanger avec le tout-venant. Du coup, son train de vie est plus dispendieux que celui des chefs d’État qui l’ont nommé.

La collégialité en danger

Au-delà de cette tendance gabegique aux frais de l’institution financière, les absences régulières du gouverneur à son poste de travail causent un sérieux préjudice au fonctionnement de la structure. Malgré la collégialité au sein du gouvernement, sa présence, en tant que principal responsable de la Beac, est une condition sine qua non pour la bonne marche de l’Institut commun d’émission.

Sans compter que Abbas Mahamat Tolli a un sérieux penchant reconnu à la non délégation – et donc à l’accaparement des décisions et pouvoirs. Dans ce contexte, une seule de ses absences, qui plus est lorsqu’elles deviennent répétitives et longues, paralyse la bonne marche de la maison.

En matière de dérives avérées, votre journal en a déjà révélées un certain nombre. La dernière étant la location, par la Beac d’une villa à 4,5 millions de francs où le gouverneur loge sa deuxième épouse, tout en foulant au pied toutes les règles d’usage en la matière. Et ceci n’est qu’un des nombreux exemples parlants et significatifs, qui mériteraient que les hautes autorités de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) s’y intéressent dans l’urgence. La même interpellation va en direction des organes de contrôle de la Banque, dont le silence face aux événements devient coupable.

Lorsqu’il fut avéré que des dérives managériales avaient cours à la Banque africaine de développement (Bad), l’alerte fut donnée et ces déviances aboutirent à des investigations. Il en fut de même à la Banque de développement des États de l’Afrique  » centrale (Bdeac), où la gestion n’était pas très éloignée de celle d’une épicerie familiale. Le point commun de ces deux institutions ? Leur gestion a été successivement confiée aux appétits gargantuesques de sieur Abbas Mahamat Tolli.

Info Matin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi