Alors que l’examen du baccalauréat de l’enseignement général se poursuit, une série de fuite des épreuves secoue les centres d’examen. Désabusés, plusieurs enseignants crient leur ras-le-bol.
Au Cameroun, 144 000 candidats affrontent depuis hier lundi les épreuves écrites du baccalauréat de l’enseignement secondaire. Si les examens se sont déroulés sans anicroche le premier jour, le deuxième jour a été marqué par une fuite historique des sujets d’examens avant le lancement des épreuves.
Selon plusieurs sources, les épreuves d’anglais et de mathématiques des terminales C et D, qui devaient passer en journée, se sont retrouvées, corrigées à l’appui sur télégramme aux premières heures du petit matin. Un enseignant qui a reçu ces épreuves d’une source anonyme dit avoir lancé une alerte, mais son appel n’a pas été entendu.
Les enseignants contactés disent ne pas comprendre comment les épreuves continuent de fuiter malgré les assurances du ministre des Enseignements secondaires. “On nous a dit que pour limiter la fuite, les épreuves sélectionnées étaient non datées et marquées par le QR code ; une nouveauté et une mesure de sécurité parmi les plus utilisées à l’heure actuelle. Comment donc les épreuves se retrouvent encore dehors”, se demande une source.
Des enseignants désabusés
Au sein du corps des enseignants, on est inquiet. “L’information sur le QR était tellement filtrée que même les plus introduits de l’OBC et Le MINESEC n’ont vu que du feu. On a l’impression que la fermeture du robinet « D’eau » gêne même ceux qui sont censés punir et arrêter la saignée (les enseignants). Quelle société voulons-nous bâtir avec des élèves qui ont 18 de moyenne au baccalauréat, mais ne peuvent pas répondre à la moindre question de culture générale”, s’inquiète un enseignant du lycée d’Elig Essono.
Sur les réseaux sociaux, un enseignant dépité écrit. « Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour déplorer le système éducatif “OBC” en particulier de notre pays. En effet, je suis enseignant de mathématiques. Nous passons toute l’année à nous fatiguer pour essayer de bien faire notre travail, ces enfants passent le temps à nous narguer, en fuyant les cours, dormant, troublant et autres…
Nous sommes impuissants (car le système a remis tous les pouvoirs entre les mains de élèves) et aussi que nous voulons tous vivre, car nous savons les attitudes des élèves. Le comble est que, lorsqu’on se rapproche d’eux, voulant les conscientiser, ils nous répondent : “Monsieur laissez ça, à 2 h Camwater doit ouvrir le robinet et on doit boire l’eau.”
J’ai été surpris ce matin à 2 h de recevoir des épreuves de mathématiques et d’anglais des séries D et C dans les fora des élèves et avec les corrections. Ma surprise était plus grande tout à l’heure lorsque j’ai découvert que ce sont ces mêmes épreuves qui sont venues », raconte-t-il sous anonymat.
Une vieille tradition
Ce n’est pas la première fois que les épreuves des examens officiels fuitent. Malgré les tentatives de renforcement de la sécurité des épreuves, le système de fraude continue d’étendre ses tentacules. En 2020, 7 employés du service de la reprographie à l’Office du Baccalauréat du Cameroun (OBC) avaient été sanctionnés.
Les agents qui occupaient les fonctions de chef de service, de cadre détaché, de secrétaire, d’agent de bureau et d’agent de maîtrise étaient accusés d’avoir participé à la fuite des épreuves de physique, de sciences de la vie et de la terre et de chimie des séries C, D et TI du Baccalauréat de l’enseignement secondaire général, session 2020.
Leur implication dans la fuite des épreuves de l’examen avait été démontrée par la commission d’enquête administrative mise sur pied par la ministre Nalova Lyonga.
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