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Covidgate : qui osera l’arrêter ?

C’est le professeur Albert Mbida, spécialiste du droit de la presse, qui en son temps, s’inquiétait du fait que la presse camerounaise ait sombré dans un pitoyable manichéisme dans lequel une bonne enquête suscite aussitôt une contre- enquête.

La presse locale offre un spectacle plus que désolant. Malléable et corvéable à souhait, empêtrée dans une précarité qui la rend vulnérable, cette presse s’érige en censeur, en objecteur de conscience, en prescripteur de bonne ou de mauvaise conscience.

Le tir groupé contre le Tribunal criminel spécial (Tcs) dans le cadre de l’information judiciaire liée au Covidgate sur la base d’une simple convocation du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République pour besoin d’instruction, est simplement symptomatique de la corruption à grande échelle de la presse camerounaise. Fidèle à notre crédo inspiré de notre maître, Albert Londres, notre métier n’est pas de plaire ou de nuire, mais de porter la plume dans la plaie.

Le scandale du Covidgate comme du reste d’autres scandales liés aux chantiers de la Can, avec le lot de surfacturation, révèle la plaie béante en putréfaction de la mal gouvernance.de l’impunité et des passe-droits.

Nous sommes visiblement devant ceux qui s’apparentent à une obstruction délibérée d’une procédure judiciaire amorcée depuis le rapport accablant de la Chambre des comptes sur la gestion des 180 milliards de Fcfa alloués à la riposte contre la pandémie du Covid-19.

En s’arrogeant tous les pouvoirs à travers la création grotesque de deux Task-Force en charge de la gestion des fonds Covid et des chantiers de la Can, le vice-dieu répondait à un délire mégalomaniaque qui le rattrape aujourd’hui. Des fonds publics ont été gérés au mépris de la moindre orthodoxie en matière de passation des marchés et de comptabilité publique. Prétextant l’urgence, des marchés de gré à gré ont été passés avec leur cortège de sociétés écrans et de procédures bâclées.

Obstruction

En ce moment en France, le secrétaire général de la présidence de la République et le ministre de la justice font l’objet d’une procédure judiciaire :1e premier pour conflit d’intérêt et abus de bien sociaux ; le second pour trafic d’influence et règlement de compte envers des magistrats.

Le refus de Ferdinand Ngoh Ngoh de répondre à la convocation du Tcs, après avoir ignoré le questionnaire transmis à sa très haute attention pour complément d’enquête, apparaît aujourd’hui comme un aveu de culpabilité. Le vice-dieu aurait-il des choses à se reprocher ? Le Tcs veut y voir clair.

Supposé ou réel, un mandat d’amener aurait-il été délivré contre un homme imbu de son pouvoir sans limite, contrarié dans sa splendeur, sa boulimie et son ivresse du pouvoir, et aujourd’hui bousculé de son piédestal ? Qui osera donc l’arrêter ?

Le Sed et le Dgsn appelés à exécuter ce mandat d’amener, à en croire des langues d’aspic, lui feraient allégeance. C’est un secret de polichinelle que l’un des responsables des services de sécurité sus évoqués, serait l’un de ses protégés. Saluée au départ comme une campagne de restauration de la morale publique, l’Opération Epervier, suscite aujourd’hui défiance et suspicion.

Ce nouveau camouflet infligé par une grosse légume de la République rattrapée par ses casseroles, risque de discréditer définitivement l’Opération Epervier, non sans jeter une ombre sur la crédibilité et l’efficacité du Tes. Biaise Pascal est pourtant formel : “La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique”.

Il est bon pour l’équité républicaine, que ce qui est fort soit juste, et que ce qui est juste soit fort. Nul n’est au-dessus de la loi, n’en déplaise à toute cette presse alimentaire qui dresse des couronnes et cire les pompes. Comme un ange déchu, le principal responsable de la Task-Force en charge des fonds Covid se souviendra bientôt des cieux et de tous ces destins qu’il a broyés dans une rare violence. Parce que Annie Noëlle Bahounoui Batende, ne badine pas. Le précédent Bapes est encore vivace dans les mémoires. Ne l’oublions jamais, la Roche Tarpéienne est proche du Capitole.

L’Indépendant

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