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Comment la BEAC et la BCEAO s’organisent pour contrer l’inflation

Réuni le 1er mars dernier, le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest a décidé de relever de 0,25% le niveau actuel de ses taux directeurs. Ainsi, le taux minimum de soumission aux appels d’offres d’injections de liquidités passera de 2,75% à 3% à partir du 16 mars prochain.

Son taux d’intérêt sur le guichet de prêt marginal, qui est prévu pour des emprunts bancaires de moins de 24 heures, passera de 4,75% à 5%. C’est la 4e fois depuis juin 2022 que l’institution relève ses taux dans l’optique de pouvoir contenir la poussée inflationniste, qui au sein de la zone UEMOA a atteint 6% en janvier. L’institution espère donc pouvoir ainsi ramener le niveau des prix dans son intervalle cible de 1 à 3%.

Dans la CEMAC, la Banque Centrale est sur la même longueur d’ondes voire plus agressive que sa jumelle de l’UEMOA. Le Comité de Politique Monétaire prévu ce mois devrait, sauf retournement de situation, poursuivre sa politique d’austérité suite au virage trop accommodant adopté par l’institut d’émission monétaire pour faire face aux conséquences néfastes de la pandémie du Covid-19.

Face à la hausse des prix mondiaux qui touche aussi sa zone de compétence, la BEAC a déjà relevé à trois reprises depuis fin 2022, ses taux directeurs. Portant son principal taux de refinancement ou TIAO à 4,5% et son taux de la facilité de prêt marginal à 6,75%.

Mais l’institution dirigée par Abbas Mahamat Tolli ne s’arrête pas là. Depuis le début de l’année 2022, elle réduit de manière progressive son offre de financement aux banques commerciales, dans le cadre des opérations hebdomadaires d’injections de liquidités. Ce financement qui culminait encore à 250 milliards FCFA à fin 2021 est aujourd’hui fixé à 50 milliards. À contrario, la BEAC accentue également ses offres de reprises de liquidités hebdomadaires de 50 milliards.

À quoi s’attendre ?

L’une des missions d’une banque centrale est bien entendue d’assurer la stabilité des prix, c’est-à-dire maintenir l’inflation à un niveau acceptable. Dans leurs zones de compétence respective, ces décisions de la BEAC et de la BCEAO vont se traduire dans les faits par un relèvement du coût du crédit bancaire pour limiter son accès auprès des agents économiques.

Cette logique soutient la théorie selon laquelle la hausse des prix est le fait d’une trop grande circulation de la monnaie, opinion que ne partagent pas forcément les économistes, cf EcoMatin édition N° 495. Ainsi, le coût de crédit devrait être plus cher auprès des guichets de banques (données qui jusqu’ici est difficilement vérifiable), pour les particuliers et même les États.

Quelle conséquence ?

La conséquence d’une telle décision est le ralentissement de l’investissement et par ricochet de la croissance économique. Pour 2022, la BEAC a revu à la baisse ses projections sur la croissance économique des 6 pays qui composent la zone Cemac, la faisant passer de 3,5% en juillet à 2,9% en décembre.

Prudente, la banque centrale projette 3% en 2023. La BCEAO, elle, estime que « la liquidité bancaire reste adéquate et devrait permettre aux banques de poursuivre le financement des économies ». L’institution est donc optimiste et projette une croissance dans la région à 6,5% en 2023 venant de 5,6% en 2022.

Pour les États qui ont développé un appétit glouton sur le marché local de la dette publique, l’heure est au régime. L’impact du durcissement de la politique monétaire se fait ressentir depuis des mois. Ce marché est essentiellement contrôlé par les banques dans les deux zones.

Dans la CEMAC, le coût moyen des emprunts sur le marché des titres publics est passé à 6,74% à fin janvier 2023(atteignant 10% sur certains émetteurs) venant de 5,95% un an en arrière. Sur le marché de l’UEMOA, les investisseurs font grise mine durcissant leurs exigences auprès des États en quête de liquidités.

Eco Matin

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