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Comment et pourquoi se négocie un cessez-le-feu ?

Alors qu’un cessez-le-feu de 72 heures est, pour le moment, plus ou moins respecté au Soudan, les États-Unis et l’Arabie saoudite négocient avec les deux généraux rivaux.

Ce mardi 25 avril, s’ils n’ont pas cessé, les combats au Soudan ont faibli. Certes, on est loin d’un accord de paix ou de la fin de la guerre entre les Rapid Support Forces (RSF) du général Dogolo et l’armée régulière du général al-Burhane, président du Conseil militaire de transition, qui a déjà fait plus de 400 morts selon les Nations unies. Mais un cessez-le-feu de 72 heures a été négocié, notamment par les États-Unis et l’Arabie saoudite. Celui-ci est timidement respecté et doit permettre de créer des couloirs humanitaires, et ainsi de laisser du temps aux personnes sur place d’accéder à des ressources essentielles et à des soins, voire à des zones sécurisées.

Mais comment un cessez-le-feu est généralement négocié ? Les États-Unis ont, selon les mots du secrétaire d’État américain, effectué « 48 heures d’intenses négociations » avec les deux parties pour en arriver à ce cessez-le-feu qui doit, en théorie, durer trois jours. Les USA espèrent même en arriver à un cessez-le-feu permanent. Quant à l’Arabie saoudite, impossible de savoir quel a été son rôle, mais l’armée régulière du Soudan assure que Riyad a bien participé aux négociations. Au-delà de ce cessez-le-feu, peut-on donc espérer la paix, comme le souhaite Washington ?

Tout dépend déjà de ce qui a pu être négocié. « Les cessez-le-feu visent toute une variété d’objectifs, écrit Luc Chounet-Cambas dans ‘La négociation des cessez-le-feu’, publié en 2011 par le Centre pour le dialogue humanitaire. Certains de ces objectifs sont limités (par exemple assurer momentanément le passage en toute sécurité de l’aide humanitaire) et d’autres ont une portée plus large (notamment lorsqu’ils s’inscrivent dans l’élaboration d’un processus de paix global) ». Dans le cas du Soudan, les deux généraux actuellement en guerre sont loin de vouloir abdiquer. Nul doute, donc, que ce cessez-le-feu n’a qu’une portée humanitaire.

Un accord de paix inenvisageable à court terme ?

Mais ce premier pas montre que les négociations peuvent être fructueuses. Au minimum, poursuit Luc Chounet-Cambas, un cessez-le-feu « va rompre un cycle de violence. Il donne aux parties la possibilité de s’assurer de la volonté de négociation de leurs opposants ». C’est également, pour Washington et Riyad, la possibilité de voir qu’il est possible de discuter avec les belligérants.

À qui profite le cessez-le-feu ? Avant tout à la population soudanaise. Mais également à al-Burhane, qui représente, dans ce conflit, l’État. Car les paramilitaires des RSF sont bien armés et semblent déterminés. « Confrontés à une opposition armée persistante et de plus en plus effective, les États peuvent avoir recours à la négociation d’un cessez-le-feu pour faire reculer la violence à un niveau politiquement acceptable, tout en ne faisant aucune concession politique, résume Chounet-Cambas. Ils peuvent tenter d’utiliser les négociations de cessez-le-feu pour créer une situation de statu quo qui sert leurs desseins politiques ».

« Les États peuvent aussi demander un renoncement de principe à la violence, ce qui équivaut à un cessez-le-feu, comme condition préalable au dialogue, en insistant souvent aussi sur la nécessité pour les groupes armés de procéder rapidement au désarmement », poursuit le chercheur. Mais là encore, pas sûr que Hemeti accepte un jour de désarmer ses troupes, lui qui voulait avant tout les intégrer à l’armée régulière.

Le cessez-le-feu de 72 heures ne risque pas, à court terme en tout cas, de se transformer en accord de paix. Malgré le bilan humain, le conflit armé n’en est qu’à ses débuts. Le général al-Burhane a d’ailleurs promis d’« écraser militairement » son ex-bras droit, quand ce dernier a montré toute sa détermination à prendre le pouvoir. Autant dire qu’il faudra plus de temps, plus de pertes et un véritable enlisement du conflit pour espérer voir les deux généraux s’assoir autour d’une table des négociations pour la paix.

Le Journal de l’Afrique

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